Cameroun, Enseignements secondaires: Des recrutements sur fond de corruption
CAMEROUN :: SOCIETE

Cameroun, Enseignements secondaires: Des recrutements sur fond de corruption :: CAMEROON

Pour obtenir une place pour leur progéniture au sein des établissements, les parents doivent payer le prix fort. Au lycée de Nkolndongo à Yaoundé ce vendredi 08 septembre, une vingtaine de parents sont assis sur des bancs publics situés en face du provisorat.

Installés depuis 6h, ils attendent impatiemment de rencontrer le chef de l’établissement. Ils sont là en majorité pour soumettre les dossiers de leurs enfants auprès des responsables de cet établissement secondaire. Sur les visages, se lisent fatigue et désarroi. « C’est la quatrième fois en une semaine que je viens dans ce lycée. Mon enfant doit fréquenter le lycée. Le collège est cher et moi je n’ai pas d’argent », déclare Rogert Menye, parent d’élève.

Aucune information ne filtre sur l’heure à laquelle le patron des lieux va les recevoir. L’attente est longue et le temps pourtant très court. D’autant plus que la première semaine des cours est presque achevée. Embêtée par la situation, Beatrice, un parent, décide de se renseigner auprès d’un personnel du provisorat qui passe par là. « Madame le proviseur est très occupée… que voulez-vous ? », lance le jeune homme, visiblement agacé. La dame explique son problème. 

Après quelques minutes de discussion à l’abri de tout regard, la dame revient le sourire à peine voilé. Elle va par la suite glisser subtilement une enveloppe dans la poche de son « sauveur ». Approchez par d’autres parents, la dame déclare : « Le monsieur m’a demandé de lui donner 100.000 Fcfa pour qu’il mette ma fille en classe de 4ème. Je n’avais que 75.000 Fcfa. Il les a pris et m’a demandé de venir l’inscrire mardi (ce jour, Ndlr). Je suis soulagée ». En effet, sur l’enveloppe contenant des espèces sonnantes et trébuchantes, elle a inscrit le nom de sa fille et la classe souhaitée.

Une pratique qui est monnaie courante dans les établissements secondaires en cette rentrée 2017. Daline Bilounga avoue d’ailleurs avoir versé une somme de 300.000 Fcfa à un encadreur au Lycée général Leclerc pour le recrutement de ses trois enfants respectivement en classes de 6ème, 1ère et 2nde. Des propos que semble confirmer Célestin Atcha, qui dit s’être habitué à la situation. « Mes enfants me posent beaucoup de problèmes. Chaque rentrée scolaire, je dépense plus de 400.000 Fcfa pour les inscrire. Seulement, cette année, j’ai versé 100.000 Fcfa au Cetic de Ngoa-Ekéllé, 100.000 Fcfa au Lycée technique de Nkolbisson, au Lycée d’Efoulan et au Lycée Leclerc pour leur racheter des places, parce qu’ils ont été exclus l’année dernière », hurle-t-il.

Selon Laurentine Edjou’ou, proviseur du Lycée bilingue de Mimboman, la procédure normale de recrutement des élèves dans un lycée est simple. Elle ne nécessite pas de l’argent. Selon elle, le parent doit « se munir d’une demande timbrée adressée au chef de l’établissement,une copie de l’acte de naissance de l’enfant,la photocopie du dernier bulletin plus l’original et éventuellement d’un transfert. Une commission va s’asseoir et traiter les dossiers. Par la suite, les noms des enfants retenus seront affichés ». 

Le communiqué du ministre des Enseignements secondaires, Jean Ernest Masséna Ngallé Bibéhé, instituait le deadline de dépôt des dossiers de recrutement des élèves dans les lycées au 18 août dernier. Fait qui jusqu’ici n’est pas respecté dans des établissements.

Lire aussi dans la rubrique SOCIETE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo