FIFA-CAF-FECAFOOT : Règlements de comptes dans la mafia
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Après l’avoir soutenu en fermant les yeux sur l’annulation de son élection, la FIFA vient de lâcher le président de la Fédération camerounaise de football. Qui paie peut-être cash son soutien au gouvernement dans la bataille de l’organisation de la CAN 2019.

Le Comité de normalisation, sous la férule de Joseph Owona, lui a ouvert le boulevard conduisant au siège de la Fédération camerounaise de football à Tsinga. Ce ne sera donc pas une surprise pour l’observateur averti quand Tombi à Roko est porté à la tête de la Fecafoot en septembre 2015. En dépit des cris d’orfraie de ses adversaires, le nouveau président reçoit l’onction de la Fédération internationale de football association (FIFA), plongée alors dans la tourmente par une affaire de corruption qui emportera finalement Joseph Sepp Blatter.

Mais à peine deux mois après son élection, se produit un coup de théâtre : la Chambre de conciliation et d’arbitrage du Comité national olympique et sportif du Cameroun annule l’élection. Une décision confirmée le 27 février 2017 par le Tribunal arbitral du sport (TAS). Il a donc fallu presque six mois pour que, le 23 août, et à la surprise générale, la FIFA se plie à cette décision. Pour motiver la mise en place d’un comité de normalisation, la FIFA invoque « la confirmation par le Tribunal arbitral du sport (TAS) du jugement de la Chambre de conciliation et d’arbitrage du Comité national olympique et sportif du Cameroun, laquelle a annulé la procédure électorale ayant mené à l’élection en 2015 de l’actuel Comité exécutif de la Fecafoot ».

Une curieuse volteface quand on se rappelle que, pour tenir pendant pratiquement 23 mois, Tombi A Roko a bénéficié, à tout le moins, de la complaisance confinant à la connivence de la FIFA. Bien consciente que « il y a un risque probable de crise qui pourrait éclater à tout moment au sein de la famille du football camerounais », elle s’est contentée de se faire l’apôtre d’«un dialogue franc et constructif », tout en rejetant toute requête sollicitant le respect de la sentence arbitrale.

Par exemple, le 26 juin 2017, l’instance faîtière du football mondial écrit : «Après examen de votre requête, il semblerait que la Fédération camerounaise de football n’ait pas respecté la décision (…) prise par le Tribunal arbitral du sport. A cet égard, sachez que la FIFA n’est pas une instance d’exécution des décisions prises par le TAS au cours d’une procédure de recours contre une décision prise au niveau national, c’est-à-dire sans qu’aucun organe de la FIFA ne soit impliqué. Dès lors nous avons le regret de vous informer que la FIFA n’est pas compétente pour exiger à ce que soit exécutée ladite décision».

La FIFA reconnait le risque de crise sans pour autant admettre que le malaise tient aussi à l’existence d’un exécutif illégal dont elle renforce même le pouvoir : « Il apparait qu’il revient à la Fédération camerounaise de football elle-même de prendre les mesures qu’elle juge nécessaires en vertu de ses propres règles imposées au niveau national afin de faire exécuter la décision prise par le TAS ».

Tombi A Roko est ragaillardi par ce soutien inespéré, et par celui du gouvernement à travers le ministre des Sports qui refuse de s’engouffrer dans la brèche ouverte par ses contempteurs. Ce dernier n’a d’ailleurs pas le choix, dans la mesure où la FIFA ne tolère pas l’immixtion étatique dans la gestion du football. D’où vient-il donc que la FIFA décide de lâcher le président de la Fecafoot en se soumettant à la décision du TAS?

Surtout que, souligne Me Martin Luther King Achet Nagnini, avocat et spécialiste en contentieux du sport, la décision du TAS n’a pas encore acquis l’autorité de la chose jugée. Car le Tribunal fédéral suisse, compétent pour statuer sur les décisions du TAS, n’a pas encore rendu son verdict. D’aucuns se rappellent alors que la décision de la FIFA intervient au moment où le nouveau président de la Confédération africaine de football (CAF) entretient des rapports orageux avec le gouvernement camerounais. Et du coup, ceux-là soutiennent que l’organisation par le Cameroun de la CAN 2019 semble être à l’origine de la déchéance de Tombi à Roko.

Qui a sans doute signé son arrêt de mort en assumant la correspondance envoyée par la  Fecafoot à la CAF non pas pour contester la décision de changer les règles d’organisation de la CAN 2019, mais pour s’insurger contre la déclaration du président de la CAF prétextant que le Cameroun est incapable d’accueillir l’événement. En prenant fait et cause pour le gouvernement de son pays, il s’est tiré une balle dans le pied, surtout quand on connait la proximité qui existe entre Ahmad et le nouveau patron de la FIFA. Qui vient subitement de se souvenir de l’annulation par le TAS de l’élection de Tombi à Roko. Pour ce dernier, le comble c’est que, même s’il n’avait beaucoup de choix, le gouvernement camerounais, conscient de tout ce qui se trame autour de l’organisation de la CAN 2019, a promis toute sa collaboration à la FIFA dans l’accompagnement du Comité de normalisation. D’ailleurs Tombi à Roko lui-même semble avoir pris conscience de sa ‘’bourde’’ qui lui vaudrait les foudres de la mafia qui gère le football mondial.

Au cours d’une rencontre avec la presse samedi dernier à Yaoundé, le président déchu de la Fecafoot a opté de faire profil bas. Peut-être de peur que les représailles ne soient plus fortes.

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