Georges Seba, résolument gospel
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CAMEROUN :: Georges Seba, résolument gospel :: CAMEROON

Vous êtes au Cameroun pour participer à  l’événement  « Gospel  A cappella », un concours de chants religieux. Pourquoi avoir choisi de parrainer cet événement ?
J’ai été choisi par « Gospel A cappella » et j’en  suis  tout  ému.  Je  suis  dans  le milieu du gospel depuis mon enfance, et c’est un honneur pour moi d’accompagner et d’encourager des jeunes chanteurs qui veulent suivre cette voie également. Je me vois en eux, je me vois à leur  âge,  la  vingtaine.  C’est  vrai  que moi  j’ai  commencé un  peu  plus  tôt,  à l’âge  de  15  ans,  dans  les  «  Gospel’s Singers  »  de  Messa  II  à  Yaoundé.  Effectivement,  tout  ceci  me  rappelle l’époque  où  j’étais  au  lycée  et  que j’allais à la chorale trois fois par semaine. Et  cet  appel  que  j’ai  reçu  dans  mon cœur, que j’ai gardé et que je continue d’exercer. J’espère que je le ferai encore longtemps.

Mais vous n’êtes pas au Cameroun que pour le concours Gospel A cappella…
Je  suis  en  train  de  tourner  un  vidéogramme  sur  la  ville  de  Yaoundé,  en m’inspirant du morceau de Tala André Marie, « Je vais à Yaoundé ». Lui il a ra- conté  l’histoire  de  l’exode  rural,  moi j’essaye de faire un poème sur la ville de mon enfance. Je suis en pleine préparation de mon album « World Gospel Music » et j’espère mettre sur pied très bientôt une tournée mondiale qui devrait commencer par le Cameroun. Venir roder le  spectacle  chez  moi,  puis  prendre l’énergie  avant  d’aller  dans  le  monde entier

C’est toujours un plaisir de retrouver la ville de Yaoundé ?
J’ai grandi à Yaoundé, à Olezoa en face du  site  de  l’ambassade  de  France.  A l’époque,  c’était  une  forêt…  C’est  à Messa II que j’allais à la chorale, où j’ai été  formé  par  Abraham  Elanga,  très grand  chef  de  musique  parti  il  y  a quelques mois. J’ai grandi dans une famille  mixte,  parce  que  ma  mère  s’est d’abord mariée,  et  qu’elle  a  rencontré mon père par la suite. Du coup, je suis Greco-franco-camerounais.  Mon  père était Grec J’allais régulièrement en vacances à Ebolowa pendant trois mois à notre époque : juin, juillet et août, pour passer du temps avec mes grands-parents. J’étais à la fois à l’école urbaine et  à  celle  du  village.  J’ai  des  racines profondément enfoncées dans le terroir d’Ebolowa. Avec Rémy Minko à la CTV, j’ai tourné une émission où on me voyait aller au champ, puiser de l’eau, pêcher dans la rivière et les gens se disaient que c’est une comédie, pourtant, c’était ma vie… J’ai fréquenté l’école du Centre, puis le lycée Leclerc, et j’ai fait un bref passage  au  lycée  bilingue.  Comme  la musique commençait à perturber mes études, mes parents m’ont envoyé en France.  Malheureusement  pour  eux, c’est là que ma carrière a pris de l’ampleur (rires).

Vous  êtes passé  par  une chorale en début de votre carrière comme certains  musiciens  camerounais. Pensez-vous que c’est une bonne école ?
Tout  à  fait.  La  chorale  est  le  lieu  par excellence de l’apprentissage de la musique, de la musique en orchestre, j’ajouterais. Car que  ce soit  le  chant ou un orchestre de musique, il faut apprendre à  s’écouter  mais  aussi  à  écouter  les autres,  afin  de  pouvoir  s’ajuster.  Je pense que c’est un  chemin par excellence pour apprendre la musique .

En  quittant  le  Cameroun  pour  la France,  vous  y  poursuivez  cette aventure  Gospel.  Comment  avez-vous  vécu  ces  années  à  la  tête des « Chérubins de Sarcelles » et du « Chœur Gospel de Paris »…
J’ai  toujours  eu  le  privilège  d’être  un pionnier.  Par  exemple  au  Cameroun, j’étais parmi les pionniers du gospel au Cameroun.  «  Gospel’s  Singers  »  de Messa II était l’un des premiers groupes à faire du gospel à l’américaine ici  au pays.  En  France,  j’ai  eu  l’honneur  de monter les « Chérubins de Sarcelles » à une époque où le gospel n’était pas quelque  chose  de  très  prisé.  Etant donné que j’étais dans le métier de la musique,  j’ai  été  sollicité  pour  que  la chorale puisse avoir une visibilité à la télévision, mais aussi dans les studios, les enregistrements de disques. Ce qui a fait que la chorale qui était négligée dans la culture française est devenue intéressante et les jeunes se sont de plus en plus rapprochés du gospel. Aujourd’hui en France, le gospel s’est répandu et beaucoup de jeunes chantent avec un très bon niveau. J’ai été appelé à  d’autres cieux,  et  maintenant les  « Chérubins volent de leurs propres ailes ». Puis j’ai fondé le « Chœur Gospel de Paris » installé à la Place de la Bastille. Avec  ce  groupe,  nous  allons  partout dans le monde pour délivrer le message du gospel qui est celui de l’évangile .

Au  gospel,  vous  rajoutez  des  sonorités du Cameroun dans des titres comme « Mbolo » ou « Alleluia Le ».  Comment  ce style  est-il  accueilli par le public européen ?
J’essaye  d’être  un  pionnier  dans  tout ce  que  je  fais  comme  je  le  disais  tantôt. Je suis Africain, je ne suis pas Européen  ou  Américain,  donc  je  me  vois très mal  chanter  le gospel  comme un Américain. De toute façon, je le ferais moins bien  qu’eux. Par contre, je suis pour  la  rencontre  des  cultures,  pour l’authenticité.  Quand  j’étais  jeune,  je me rappelle que j’avais été très marqué par  des  chorales  comme  «  Nkukuma David » et « Saint-Kizito » qui ont une expression scénique formidable et un style  original  avec  une  orchestration typiquement camerounaise,  des  balafons et des tam-tams. Et je me suis dit : C’est cela le gospel. Ce n’est pas seulement à  mes yeux un genre musical, mais  un  message.  Ce  message  peut passer par le gospel à l’américaine, par notre musique. En tant que Camerounais, je  dois  pouvoir  rencontrer  les  autres musiciens  du  monde  en  leur  disant voici  le  gospel  que  je  fais  à  ma  manière.

Toujours dans cette recherche d’innovation, vous proposez la « World Gospel  Music  ».  De  quoi  s’agit-il exactement ?
Le  terme  «  World  »  est  utilisé  dans l’univers musical en Occident pour désigner  les  musiques  qui  viennent  de partout dans le monde, c’est-à-dire de l’Afrique, de  l’Asie, de l’Amérique, etc. Mon prochain album va véritablement être  dans  cette  orientation  de  World Gospel Music.

Votre style musical n’a pas toujours été que le gospel. Vous avez enregistré des tubes dans le domaine de la musique  « profane ».  Comment avez-vous réussi à maîtriser ces différents univers ?
Je  suis  musicien  tout  simplement.  Le gospel  est  une  pratique  depuis  mon enfance qui vient de mon appartenance au départ à l’Eglise presbytérienne camerounaise  dans  laquelle  j’ai  grandi. C’est  une  tradition  familiale,  car  mon grand-père,  ma  mère, y  allaient,  donc j’ai  chanté du  gospel depuis  mon  enfance. Et quand les gens m’ont vu  chanter  du  gospel  à  Paris,  ils  se  sont  demandé  :  qu’est-ce  qui  se  passe  ?  Il  a changé d’univers ? Pourtant j’ai toujours fait du gospel. Quand j’ai quitté le Cameroun, et que j’ai été étudiant à Lyon, et  qu’ensuite  je  suis  allé  à  Paris,  j’ai toujours créé un groupe de gospel partout où j’allais. Comme aux Etats-Unis, je suis parti d’une chorale où j’ai appris la musique pour affronter une carrière de musicien professionnel. J’ai appris à composer dans  un style autre que du gospel.  Mon  premier  album  en  1982 avec « Abakuya » a été un tube. Puis j’ai fait d’autres albums et les gens ont appris  à  me  connaître  avec  «  Barré-collé », « Ce n’est pas  difficile »…

En  tant  qu’ancien  chanteur  de  bikutsi,  quelle  appréciation  faites-vous de son évolution aujourd’hui ?
Sur le plan musical, comme sur le plan des textes, je regrette beaucoup, comme nombre de personnes, l’orientation en dessous de la  ceinture. Au niveau des textes, de la gestuelle et des danses, je trouve que c’est une musique tellement  riche  qu’elle  n’a  pas  besoin  de s’exprimer  de  cette  manière.  Je  crois que ceux qui l’apprécient en sont responsables. Pour ma part, c’est mon avis. Maintenant  c’est  une  musique  que  je n’ai  pas  assez  promotionnée.  On  y  a réfléchi  avec  Paul  Simon.  J’espérais  à l’époque, avec Vincent Nguini qui nous avait  mis  en  contact,  que  le  bikutsi connaitrait le même envol que la  musique sud-africaine par cette rencontre avec Paul Simon. Ça n’a pas été le cas. Les « Têtes brûlées » ont réussi à sortir du  Cameroun  avec  ce  rythme  mais  je crois  qu’il    y  a  encore  beaucoup  de choses à faire .

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