Psychanalyse de l’année 2020 dans le discours politique ivoirien : une foire aux paradoxes
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Rarement une année politique aura autant focalisé les esprits des citoyens et amis de la Côte d’Ivoire, après celle de l’indépendance politique nominale de ce pays, en 1960. L’année 2020 a pratiquement acquis le statut de mantra politique. Comme une prière citoyenne du soir et du matin. Une idée obsédant toutes les consciences, y compris quand elles n’y pensent pas sciemment. Tout se passe comme si la Côte d’Ivoire, soudain convertie à un messianisme collectif, attendait de cette année la révélation du secret total de son histoire. Quand une idée est ainsi investie par les esprits d’une communauté, elle focalise autant les espoirs que les peurs. Elle prend ainsi une allure typique des symboles apocalyptiques. Faut-il le rappeler, du grec « apo –calypso », l’apocalypse est la révélation de l’en-dessous. La manifestation du latent. Le dévoilement du voilé. Ce qui requiert une analyse des ressorts symboliques qui alimentent le thème focalisant la conscience collective. 

            L’année 2020 devient dès lors un thème psychanalytique. On ne la comprend qu’en explorant le psychisme de la gent ivoirienne. Car elle révèle autant qu’elle cache, relevant ainsi de ce que Car Gustav Jung[1] a appelé l’Inconscient collectif, alors que Sigmund Freud[2] l’appelle désir refoulé. Pour Jung en effet, certains objets de pensée déclenchent la fébrilité des humains parce qu’ils sont en relation avec les structures universelles de l’esprit humain, qu’il appelle les archétypes. Pour Freud, une telle focalisation des esprits s’explique plus simplement par le retour au-devant de la scène quotidienne, de scènes traumatiques enfouies dans le passé récent ou lointain du sujet individuel ou collectif. Là où Jung fait recours à la psychologie des profondeurs, Freud quant à lui privilégie la psychologie de l’histoire individuelle ou collective.

            Armés de ces deux ailes de la théorie psychanalytique, comment pouvons-nous donc comprendre la focalisation ivoirienne actuelle autour de la date de 2020 ?  Nous irons donc du récit de l’histoire à la psychanalyse de cette histoire. Dans les lignes qui suivent, nous mobiliserons ainsi deux démarches complémentaires : I) Historiquement et politiquement, nous partirons de la manifestation visible de l’année 2020. Nous montrerons que 2020 tient sa capacité de focalisation politique du contenu de la constitution de la 3ème république et des déclarations convergentes et concurrentes des deux principaux dirigeants de l’alliance houphouétiste, les présidents Ouattara et Bédié ; II) Psychanalytiquement,  explorant donc l’invisible du thème 2020, nous allons nous intéresser aux soubassements du psychisme collectif ivoirien que l’année 2020 réveille, et mieux, au soubassements psychiques universels que cette date mobilise. Peut-être pourrons-nous en tirer quelques recommandations pour une avancée sereine de la Côte d’Ivoire vers son calendrier politique institutionnel et ses défis générationnels.

I- Fondements constitutionnels et politiques de l’année 2020 dans le discours ivoirien

La constitution

            On doit noter d’emblée que c’est la constitution de la 3ème république de Côte d’Ivoire, érigée à l’initiative du Président de la République Alassane Ouattara, qui a investi l’année 2020 de sa charge politique fondamentale. En effet, l’article 56 de l’actuelle constitution ivoirienne dispose clairement ceci :

« Article 56

Le Président de la République et le vice-Président de la République sont élus au scrutin de liste majoritaire à deux tours. L’élection du Président de la République et du vice-Président de la République est acquise à la majorité absolue des suffrages exprimés.

Le premier tour du scrutin a lieu le dernier samedi du mois d’octobre de la cinquième année du mandat du Président de la République et du vice-Président de la République en fonction.

Si la majorité absolue n’est pas obtenue au premier tour, il est procédé à un second tour. Seules peuvent s’y présenter les deux listes de candidats ayant recueilli le plus grand nombre de suffrages exprimés au premier tour.

Le second tour a lieu le dernier samedi du mois de novembre de la cinquième année du mandat du Président de la République et du vice-Président de la République en fonction.

Est élue au second tour la liste de candidats ayant recueilli le plus grand nombre de voix.

En cas d’égalité entre les deux listes de candidats au second tour, sera déclarée élue la liste des candidats ayant obtenu le plus grand nombre de suffrages exprimés au premier tour. »

            Il s’ensuit que les dates impératives du samedi 31 octobre 2020 et du samedi 28 novembre 2020 sont déclarées par la constitution ivoirienne comme dates obligatoires des premier et second tours de la future élection présidentielle ivoirienne. Or, devant une telle précision du texte constitutionnel, ne se serait-on pas attendu à ce que le débat sur 2020 soit superfétatoire, puisque par ailleurs la même constitution garantit des conditions plus souples d’éligibilité à la présidence de la république que celles de juillet-août 2000, mises en œuvre sous l’influence de l’idéologie ivoiritaire ? Loin de clore le débat, la nouvelle constitution semble avoir été minorée par l’attitude des grands chefs politiques ivoiriens eux-mêmes, en effet. Analysons-les à présent.

Les attitudes paradoxales des quatre grands chefs politiques ivoiriens actuels

Le Président ADO

            Le story-telling politique de la communication d’ADO a au départ réussi à imposer le thème économique de l’émergence[3] ivoirienne à l’horizon 2020. Mais les difficultés rencontrées dans les sphères socioéconomiques et sécuritaires à l’orée de ce deuxième mandat ont fait refluer la symbolique de l’émergence et privilégié désormais l’affluence vers la thématique de la succession[4] politique.

            Le Président de la République, Alassane Ouattara, n’a pas fait mystère de sa vision personnelle de l’année 2020, dès la campagne électorale 2015 et à la suite de sa réélection réussie en octobre 2015. Car c’est lui qui, pour couper court à toutes les supputations, a introduit dans le débat politique, l’exigence de l’alternance générationnelle en 2020, tout en annonçant à plusieurs occasions qu’il ne sera pas candidat[5] à l’élection présidentielle 2020. Citons d’abord le Président Ouattara avant d’analyser l’impact de ses dires. Recevant les vœux des corps institués de la République le 4 janvier 2017, le président ivoirien affirme :

 « A l’occasion de mes 75 ans, ceci m’amène à réaffirmer que les institutions de la République qui seront mises en place très prochainement me permettront de prendre congé en 2020 »[6]

Et le mardi 11 octobre 2016 devant la Communauté Internationale au siège de l’ONU à Abidjan, le Chef de l’Etat martèle avec assurance :

 « Notre souci, c'est de transmettre le pouvoir à une nouvelle génération en 2020. Qu'il n'y ait pas de doute là-dessus », a martelé Ouattara. Il a répété qu'il s'agit pour eux, de « préparer les prochaines générations ».[7]

            Par ces propos clairs et plusieurs fois réitérés depuis 2015, le Président Ouattara a donc de fait ouvert la voie à la compétition démocratique, légale et légitime pour sa succession. Mais il y a mieux : il a coupé court à une supputation qui laissait entendre qu’en vertu de la non-rétroactivité de la loi, les deux mandats qu’il a assurés depuis 2010 pourraient ne pas l’empêcher de candidater une nouvelle fois à la présidence de la république. Alassane Ouattara aurait pu arguer en effet que la nouvelle constitution ivoirienne remettant les compteurs à zéro, il est fondé à re-candidater pour les deux prochains mandats présidentiels 2020 et 2025.  On peut donc conclure que 2020 relève désormais du domaine de la parole donnée et publique du président Ouattara. Ce qui permet de comprendre pourquoi toute la communauté politique est depuis lors suspendue à ses lèvres, épiant ses moindres dires pour y surprendre un dédit ou une confirmation de sa promesse.

Le Président HKB

            Le Président Henri Konan Bédié a investi 2020 d’une charge symbolique forte par le fameux Appel de Daoukro, lancé le 17 septembre 2014 en présence de son allié Alassane Ouattara, et sans la moindre contradiction publique de ce dernier. On a retenu, dans l’euphorie du moment, l’appel au soutien dès le 1er tour, de la candidature unique du président sortant par l’alliance du RHDP. Mais, on n’a pas suffisamment insisté alors sur les conditions posées par Bédié, comme contreparties de ce soutien. Et c’est bien par ces conditions que le Président du PDCI-RDA a d’emblée posé la griffe de son parti sur l’année politique 2020, dont il a récemment répété, comme pour défendre la constitution, qu’elle est pour lui non-négociable. Citons donc le Président Bédié :

« Je donne des orientations fermes pour soutenir ta candidature à l’élection présidentielle prochaine, a déclaré Henri Konan Bédié. Je demande à toutes les structures du Parti démocratique de Côte d’Ivoire et des partis composants, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix, de se mettre en mouvement pour faire aboutir ce projet. Tu seras ainsi le candidat unique de ces partis politiques pour l’élection présidentielle sans préjudice pour les irréductibles qui voudront se présenter en leur nom propre. »

« L’objectif d’une telle candidature est double : assurer le succès du RHDP aux élections de 2015 et ensuite aboutir à un parti unifié dénommé PDCI-RDR pour gouverner la Côte d’Ivoire, étant entendu que ces deux partis sauront établir entre eux l’alternance au pouvoir dès 2020 », a souligné Henri Konan Bédié, président du PDCI. »[8]

On voit donc très vite, et nous avons été des premiers à le souligner, que les deux principaux dirigeants de partis du RHDP affirme pour l’un (ADO)  une alternance générationnelle et pour l’autre (HKB), une alternance partisane. Dans les deux cas pourtant, ils ont chacun à sa façon, préempté 2020.

Le Président Gbagbo

            Bien que prisonnier à La Haye, à l’issue catastrophique de la crise postélectorale provoquée par son refus de reconnaître sa défaite au second tour de la présidentielle 2010, Laurent Gbagbo demeure, bon an mal an, le véritable chef du FPI. L’opposition persistante entre les ailes Affi et Sangaré au FPI n’est dès lors pas fortuite. Elle est tactique et le Woody de Mama en joue bien, lui qui n’a rien perdu de ses talents de grand boulanger politique, quoiqu’on dise. En veillant de près ou de loin à ne laisser s’imposer aucun de ses lieutenants, Gbagbo se maintient, ainsi que l’illustrent les quatrièmes de couverture de la presse bleue ivoirienne, comme le chef inamovible de sa nébuleuse politique, quitte à la tenir pour quelque temps encore à l’écart de la course à la présidence de la république. Les déclarations d’Aboudramane Sangaré[9] comme celles d’Affi Nguessan[10], tournent toutes autour de l’interprétation des propos de Gbagbo, comme pour témoigner de leur obsessionnelle « gbagbodépendance ». Mieux encore, la succession de visites inopinées et impromptues de politiques ivoiriens de tous bords à La Haye n’est pas pour desservir cette présence de Gbagbo dans le jeu politique de son pays, dont il demeure un acteur clé du nécessaire processus de réconciliation. Et dès lors, le FPI affirme d’une façon ou d’une autre, son intention de ne pas rater l’élection présidentielle de 2020, lorsqu’un Affi Nguessan, prenant soin au passage d’essayer de doubler de vitesse son rival Sangaré,  peut affirmer :

« Les Ivoiriens comptent sur le Fpi pour l’alternance et pour la reconstruction du pays. Aujourd’hui, le contexte est favorable à cette alternance. Donc les militants du Fpi ne peuvent pas être un obstacle au retour de leur parti au pouvoir. C’est pourquoi nous sommes convaincus que les uns et les autres entendront le message. Et, étant donné la qualité de ceux qui appellent à l’unité à l’heure actuelle, nous sommes persuadés qu’il n’aura pas d’attitudes de rebellions vis-à-vis de ces messages. Nous comptons donc sur tout le monde. En ce qui nous concerne, nous sommes ouverts, nous sommes engagés totalement et nous devons avoir l’humilité et la modestie nécessaire pour que l’unité soit retrouvée dans la fraternité. Il y a un moment pour se bagarrer et il y a un moment pour se disputer. Mais, il y a aussi un moment pour se réconcilier, pour se rassembler. Je crois que le moment de se réconcilier et de se rassembler est arrivé pour le Fpi. Donc je compte sur tous nos camarades qui sont aujourd’hui de l’autre côté, à commencer par le vice-président Abou Drahamane Sangaré, pour qu’une chance soit donnée à l’unité du Fpi dans l’intérêt de la lutte, dans l’intérêt de notre pays. »[11]

Le Président du Parlement Guillaume Soro

            Le Chef du Parlement ivoirien, dans la perspective de l’élection présidentielle 2020 aura incontestablement brillé par la prudence de ses déclarations. Sans se priver de la possibilité d’y candidater, en raison d’un CV politique de toute évidence supérieur à celui de tous ses rivaux de l’après-Bédié-Ouattara, Guillaume Soro a systématiquement refusé de préempter l’année politique 2020 par une ambition précipitée. Dans toutes ses déclarations y afférentes, prévalent à chaque fois les notions de mission, d’intérêt général et de concertation politique large avec toutes les grandes figures de la majorité au pouvoir et surtout, de communion nécessaire avec le peuple de Côte d’Ivoire.

            Répondant sur RFI le 21 juin 2016 au journaliste Christophe Boisbouvier, Guillaume Soro reconnaît et transcende du même geste la date de 2020 :

« En Côte d’Ivoire, tout le monde pense à la présidentielle de 2020. Mais en ce qui me concerne, je privilégierai l’ambition collective à l’ambition individuelle. Je suis un homme de mission, et non un homme d’ambition. »[12]

Le 17 avril 2017, c’est le directeur du Cabinet du Président de l’Assemblée Nationale, Bakary Daho, qui signe à sa demande un communiqué éloquent de précision :

« Le Cabinet du Président de l'Assemblée Nationale de Côte d'Ivoire et sur ses instructions directes tient à porter à la connaissance des internautes,  de l'opinion nationale et internationale que Monsieur Guillaume Kigbafori SORO n'a d'autre ambition que de demeurer concentré : à travailler au rayonnement de l'Institution parlementaire dont il a la charge ; à se focaliser sur les problèmes et le quotidien des Ivoiriens dont il est l’un des représentants. Pour l'heure, il considère qu'il est indécent et inopportun de s'incruster dans un débat sur d'hypothétiques et évanescentes ambitions obsessionnelles pour 2020 qui n'apporte et n'améliore en rien le quotidien des Ivoiriens. Aussi, urge-t-il, ainsi qu'il le demande à tous, de laisser le Président de la République et le Gouvernement travailler dans la sérénité, débarrassés de toute scorie, à l'épanouissement de nos compatriotes. La seule orientation que le Président recommande avec force est de travailler au rassemblement des Ivoiriens et de s'investir à trouver les voies et moyens de réussir le PARDON et la RECONCILIATION entre les filles et les fils de la Côte d'Ivoire. Le Cabinet rappelle à cet effet les propos du Président de l'Assemblée Nationale sur la chaîne de radio internationale française RFI l'an dernier et qui demeurent en vigueur : « Je ne suis guère un Homme aveuglé par une ambition  personnelle mais plutôt un Homme de Mission. 2020 se décidera avec messieurs Alassane OUATTARA  et Henri Konan BEDIE ». Et enfin paraphrasons le Président de l'Assemblée « laissons à la destinée le destin »[13]

            On voit donc que de toutes les prises de positions des grands leaders politiques ivoiriens, celle de Guillaume Soro se distingue par sa volonté de prendre en compte le plus large consensus politique et populaire possible, comme fondement d’une éventuelle ambition présidentielle. Puisque Soro conditionne même le renouvellement politique de la Côte d’Ivoire à la réussite du processus du pardon et de la réconciliation nationale. Il y a chez Soro donc une volonté de surmonter les contradictions actuelles vers le renouveau du pacte républicain de son pays.

II- Psychanalyse des visions concurrentes de l’année politique 2020

            Dans ces conditions politiques éclairées par les faits, il nous est à présent possible de tenter une psychanalyse des visions concurrentes de l’année 2020 en Côte d’Ivoire. Comme nous l’annoncions en introduction, il s’agit d’explorer les mécanismes cachés de l’approche de la date constitutionnelle de 2020 par les corps politiques constitués en Côte d’Ivoire. Nous pensons à ce sujet qu’il y a en réalité trois types d’approches de cette année politique : une approche par dénégation ; une approche obsessionnelle ; une approche réaliste. Je voudrais à présent analyser ces trois approches, afin de montrer en quoi la troisième est infiniment préférable pour l’intérêt général de la Côte d’Ivoire.

L’approche par dénégation de 2020

            Elle consiste, pour de nombreux cadres politiques du RHDP, notamment du RDR, à proscrire autoritairement la date de 2020 du discours politique ivoirien. On jure qu’on ne parle pas de 2020, tout en en parlant. La dénégation est l’affirmation implicite de ce qu’on nie. On a ainsi vu de nombreux cadres du RDR et certains cadres du PDCI-RDA réputés proches de certains cadres du RDR multiplier des déclarations pour juger incongrus les débats politiques sur l’année politique 2020. Pourtant, paradoxalement, les mêmes cadres sont revenus dans le débat politique affirmer leurs prétentions à accéder ou persister au pouvoir d’Etat en 2020. Les postures adoptées par le Secrétaire Général par intérim du RDR, Amadou Soumahoro et par le haut cadre du PDCI-RDA, le ministre d’Etat Jeannot Ahoussou Kouadio, montrent cette contradiction à ciel ouvert. On dit qu’il est prématuré de parler de 2020. On fulmine contre ceux qui en parlent. Et en même temps, on en parle pour dire que ce qu’on en pense est le nec plus ultra de la pensée.

Ainsi, le 19 août 2017, M. Amadou Soumahoro peut affirmer vertueusement au Palais de la Culture de Treichville, devant les femmes du RDR :

« A tous les partis membres du RHDP, aux héritiers d’Houphouët-Boigny, nous sommes condamnés à vivre ensemble ; (…) et nous travaillerons afin que toutes ces clameurs se taisent, de sorte qu’en 2020, nous allons nous asseoir, et nous allons discuter, nous allons tomber d’accord pour suivre le choix d’un d’entre les enfants d’Houphouët »[14]

Auparavant, le 31 mars 2017,  le même Amadou Soumahoro avait plutôt interdit de parler de 2020 à toute la classe politique houphouétiste :

« Abidjan, 31 mars (AIP) – Le débat sur l’alternance politique en 2020 est clos, a déclaré jeudi le secrétaire général  par intérim du Rassemblement des républicains (RDR), Amadou Soumahoro, lors d’une réunion du bureau politique de ce parti à la rue Lepic à Abidjan. Il a expliqué aux militants de son parti que « cette question reste du domaine réservé du président de la République, Alassane Ouattara et du président du présidium du RHDP Henri Konan Bédié ».

            Quant à Maître Jeannot Ahoussou  Kouadio, haut dirigeant du PDCI-RDA, il est absolument nécessaire que les houphouétistes continuent de gouverner ensemble en 2020, comme ils le font déjà depuis 2010. Ce qui rejoint parfaitement la première déclaration ci-dessus citée de M. Amadou Soumahoro. Il affirme en effet :

« Oui, depuis que la Côte d’Ivoire de Félix Houphouët-Boigny est aux mains de ses enfants et héritiers politiques, notre pays est devenu à nouveau une terre de solidarité et de fraternité, un havre de paix, un pôle de développement économique et social, admiré par toutes et par tous. C’est cela la voie de l’avenir ; celle de la paix, du dialogue pour la recherche d’un compromis dynamique et juste afin de maintenir notre pays sur le chemin de la stabilité et du développement. Chers frères et sœurs, Ne nous y trompons pas, c’est seulement dans l’union, la concorde et le dialogue que nous sommes forts et que tout redevient possible. Il nous faut absolument travailler ensemble pour consolider notre cohésion. Si hier, c’est ensemble que nous avons gagné, il nous faut garder constamment à l’esprit que nous gouvernons ensemble mais surtout que le programme exécuté par le Président de la République est celui du RHDP pour lequel nous nous sommes tous engagés. Aujourd’hui plus qu’hier, nous avons donc le devoir de trouver entre nous les mécanismes pour préserver notre union qui en réalité constitue la seule condition à tout développement. J’en appelle à l’union de tous les Houphouëtistes »[15]

Mais, le même Jeannot Ahoussou Kouadio avait déclaré le 13 mai 2017 à L’Hôtel Président de Yamoussoukro que le PDCI-RDA[16] devait récupérer le pouvoir d’Etat en tant que tel :

« Au sujet de la reconquête du pouvoir en 2020, il a indiqué que c’est le tour du parti du père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne : «Oui, 2020 c’est pour le PDCI-RDA». Mais cela, a-t-il précisé, doit se faire dans une union parfaite des militants de cette formation : « Si nous ne nous organisons pas, si nous ne sommes pas dans la cohésion, si nous ne sommes pas dans l’entente, face à ce que nous voyons, - appelons un chat, un chat, car il y a encore des armes qui circulent dans ce pays, nous aurons des regrets».[17]

            Comment peut-on d’une part vouloir interdire le débat sur 2020 et œuvrer publiquement en camp restreint pour la victoire de son parti en 2020 ?  La dénégation, au RDR comme au PDCI-RDA notamment, est la politique de la contradiction insurmontée.

L’approche obsessionnelle de 2020

            Elle consiste, pour certains autres cadres du RHDP et même du FPI, à affirmer que de toutes les façons, en 2020, le pouvoir d’Etat est dû d’une manière ou d’une autre à un candidat de leur parti. On a ainsi vu surgir au PDCI-RDA, au RDR, au FPI, à l’UDPCI, par exemple, des affirmations sans recul de redevance du peuple de Côte d’Ivoire envers tel ou tel homme de leur préférence. L’obsession ivoirienne de 2020 se livre ici  une pensée aveugle, car dépourvue d’autocritique. C’est une pensée en pure dépense, sans réflexivité, sans recul. Une pensée qui ne s’étonne pas de ses propres suffisances.

            Ainsi, l’Agence Ivoirienne de Presse (AIP), rapporte les propos d’un haut cadre du PDCI-RDA, Georges Akué à Odiénné le 6 août 2017:

« Odienné - L’inspecteur du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA, mouvance présidentielle), Akué Georges Aimé, en mission d’investiture du délégué départemental du parti à Odienné, a déclaré que cette formation politique aura un candidat à la présidentielle de 2020, avec ou sans son principal allié, le Rassemblement des républicains (RDR, parti présidentiel).« Nous serons candidat en 2020 avec ou sans le RDR. S’ils veulent, qu’ils nous affrontent et on verra qui est qui », a-t-il lancé. Pour M. Akué, le Nord n’est pas la chasse gardée du RDR. «Nous allons récupérer le Nord et c’est terminé! », a-t-il poursuivi. D'après Akué Georges, le PDCI est la principale formation politique. Au nom de l’alliance du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition au pouvoir), le PDCI a fait beaucoup de concessions au RDR mais pour le scrutin présidentiel à venir, le PDCI présentera son candidat. »[18]

            Le Front Populaire Ivoirien, toutes ailes confondues, semble avoir compris que le boycott de 2015 lui a coûté infiniment cher. L’an 2020 sonne aussi pour certains de ses cadres comme le terme de la marginalité politique de la famille frontiste. Citons à nouveau, en ce sens, Pascal Affi Nguessan, président de l’aile légalement reconnue du FPI :

« Les Ivoiriens comptent sur le Fpi pour l’alternance et pour la reconstruction du pays. Aujourd’hui, le contexte est favorable à cette alternance. Donc les militants du Fpi ne peuvent pas être un obstacle au retour de leur parti au pouvoir. »[19]

            Quant à Aboudramane Sangaré, président de l’aile radicale du parti, qui se revendique d’une fidélité sans faille à Laurent Gbagbo et proclame son parti gardien exclusif de la Côte d’Ivoire,  il n’en mord pas moins sur 2020, lors de sa sortie le 12 août 2017 à Gagnoa :

« Nous allons vous rencontrer pour vous parler de notre vision pour la Côte-d’Ivoire face à certains combats. Le FPI roule pour la Côte-d’Ivoire et lui-même.(…) Le FPI ne roule pour personne et ne veut accompagner personne. Le FPI ne sera pas le cheval de quelqu’un. Le FPI veille sur la Côte-d’Ivoire. Si les divisions sont une impasse pour notre pays, le FPI doit tout faire pour y mettre fin. Ne dites pas qu’il faut profiter, ils ne nous aiment pas, si nous ne combattons pas nous même pour être ou nous voulons être. Il ne faut pas compter sur les dirigeants des autres, ils seront toujours ligués contre nous »[20]

            Au RDR[21], les obsédés et exclusivistes de la date 2020 existent aussi. Ils prônent l’union de leur parti au forceps, l’accaparement et la conservation exclusive du pouvoir par le RDR, et sa détermination à ne pas céder le fauteuil majeur de la république à des alliés jugés trop gourmands. Haut cadre de la direction RDR, Salif Bictogo peut donc dire :

« « Le RDR est le premier parti politique et se veut d’être le fer de lance du parti unifié. »[22]

Quant au docteur Ibrahim Cissé Bacongo, Conseiller Spécial du Président de la République Alassane Ouattara, également haut dirigeant du RDR,  il est on ne peut plus clair :

« Le RDR n’a pas lutté pour faire seulement 10 ans au pouvoir », a-t-il indiqué le conseiller juridique du chef de l’Etat, avant de poursuivre. « Nous n’allons pas suivre Ouattara à la retraite. Le RDR sera encore au pouvoir en 2020. Pour assurer une bonne retraite au Président Alassane Ouattara, dont le mandat prend fin en 2020 et qui a décidé de ne plus se représenter, il faut que nous soyons toujours au pouvoir d’Etat. Il faut que ce Président qui succédera au Président Alassane Ouattara soit issu du RDR ».[23]

            Les obsédés de 2020 ont donc des caractéristiques communes, bien qu’ils se revendiquent de chapelles et de mentors politiques différents : ils pensent à avoir le pouvoir, eux et eux seuls en 2020 ; ils pensent à en exclure tous leurs concurrents et minorent par conséquent la politique des alliances qui a fait la nature du marigot ivoirien depuis au moins le Front Républicain de 1995, construit alors par le FPI et le RDR contre le PDCI-RDA ; ils font fi de la demande du pardon et de la réconciliation nationale, pourtant prégnante dans l’opinion publique ivoirienne. L’obsession de 2020 s’avère alors être une prison psychique pour ses partenaires. Car une grande idée ne vaut que par le recul et la hauteur qu’elle procure.

L’approche réaliste de 2020

            Elle admet le droit de tous et de chacun d’aborder sans tabou, les sujets politiques de leur choix. C’est la libération de la parole démocratique responsable et la reconnaissance de cette conquête fondamentale des luttes démocratiques des décennies ivoiriennes précédentes. En démocratie, par définition, nul ne peut clore un débat. La société démocratique, comme a su le montrer Karl Popper[24], est par essence ouverte. Par opposition aux sociétés autocratiques, essentiellement closes. C’est en vertu de cette acceptation du pluralisme démocratique que Guillaume Soro souligne avec raison qu’en Côte d’Ivoire, «  tout le monde pense à la présidentielle de 2020 ». Il ne sert donc à rien de vouloir interdire ou de vouloir confisquer le débat sur cette date, comme le font les dénégateurs et les obsédés. Trêve d’hypocrisie et de langue de bois, place aux choses elles-mêmes ! La guérison psychanalytique, comme l’ont montré Freud et Jung,  consiste précisément à ramener le malade du principe de plaisir au principe de réalité ; du monde tel qu’on le souhaite au monde tel qu’il est. L’homme « normal » ne doit pas prendre ses rêves pour des réalités. Il doit partir de la réalité pour réaliser ses rêves.  Et corriger ses rêves à l’école de la réalité.

            L’approche réaliste appelle la classe politique à assumer sa diversité intrinsèque. Elle consiste, pour tous les patriotes républicains, les démocrates et les progressistes ivoiriens, à prendre acte de la nécessaire mutation du champ politique ivoirien hors du paradigme de la bataille successorale des héritiers et contempteurs du Président Houphouët-Boigny. Désormais doit et peut prévaloir pour sauver la Côte d’Ivoire, le paradigme de la saine concurrence démocratique.

             Le réalisme est la saine appréciation d’une société politique ivoirienne dont l’électorat à 70%, a moins de 50 ans d’âge. L’approche réaliste consiste à reconnaître que l’on n’a pas encore remporté la victoire contre la pauvreté du grand nombre, la marginalité persistante des jeunes, des gens des campagnes et des quartiers populaires, la crise concomitante des systèmes éducatif, sanitaire, et judiciaire, toutes avanies qui appellent à un grand renouveau de l’ordre politique national. L’approche réaliste consiste à reconnaître que la Côte d’Ivoire, ainsi en mutations, a non seulement besoin de l’enracinement de l’Etat de droit démocratique par le pardon et la réconciliation nationale, mais aussi d’une véritable alternance générationnelle à sa tête, afin d’assumer les forces nouvelles que requièrent les nouveaux défis. C’est donc dans la paix, la transparence, l’équité, l’ouverture et le respect mutuel que les Ivoiriens doivent aller vers le futur, s’ils ne veulent pas être livrés en proies à la peur, aux obsessions discriminantes, et l’absence de vision globale de l’intérêt général. C’est l’esprit même de la déclaration du 21 juillet, faite par Guillaume Soro, Chef du Parlement Ivoirien, à l’aéroport d’Abidjan :

« Je demeure convaincu que toutes les filles et tous les fils de ce pays doivent résolument emprunter le chemin de la vraie repentance et de la vraie réconciliation. En ce qui me concerne j’ai déjà pardonné et je suis désormais sans rancune ni colère. Je vous en conjure, ne nous divisons pas. La division ne pourra que nous mener à la catastrophe. Rassemblons-nous ! C’est cette mission de rassemblement par le pardon et la réconciliation que je me suis assigné et rien ne devrait m’en détourner. Je m’engage à travailler davantage, et plus que par le passé, pour reconstruire l’union de toutes les filles et tous les fils de la Côte d’Ivoire. »[25]

            L’avenir de la démocratie ivoirienne est clairement suspendu au succès ou à l’échec de cette troisième voie, qui articule l’acceptation ouverte de la concurrence démocratique à la recherche du plus large consensus possible pour conduire harmonieusement la Côte d’Ivoire vers le futur. Nul doute, à l’examen des faits et des discours, que le Chef du Parlement Ivoirien montre excellemment la voie de cette nouvelle grandeur promise à son pays. D’où, la perspective d’une véritable guérison psychanalytique de cette communauté nationale trop longtemps détournée de ses défis réels par les pratiques de dénégation et d’obsession politiciennes. 2020, d’un point de vue universel,  porte en séquelle la peur et l’espérance de l’avenir, communes à toutes les sociétés humaines. 2020 porte cependant, du point de vue de la particularité ivoirienne, les stigmates des contradictions et des errements historiques de la société politique. Date d’espoir et date de crainte, 2020 est à la fois la menace du réveil des démons de toutes les crises successorales ivoiriennes passées et la promesse de leur exorcisme par une élévation collective des consciences à la valeur salvatrice de l’enracinement démocratique dans ce pays. La présente psychanalyse de 2020 se veut donc à la fois catharsis et projet de renaissance ivoirienne.

[1] Carl Gustav Jung, Métamorphoses de l’âme et ses symboles, 1953, Georg Editeur, Livre de Poche, 1993.
[2] Sigmund Freud, Introduction à la psychanalyse, 1917, Editions Payot, 2004.
[3] https://www.youtube.com/watch?v=eJ5hC-M-zZc; https://www.youtube.com/watch?v=-b1ojMlbjS4; voir ces vidéos présentant le projet d’émergence de la Côte d’Ivoire selon le Président Alassane Ouattara
[4] http://aip.ci/cote-divoirepresidentielle-2020-ouattara-na-pris-aucun-engagement-concernant-sa-succession-cadre-rdr/
[5] http://www.connectionivoirienne.net/128689/cote-divoire-le-president-ouattara-ne-sera-pas-candidat-en-2020-jure-cisse-bacongo: « Le président Ouattara ne sera pas candidat en 2020. Il nous a mis une responsabilité énorme sur les épaules en annonçant qu’il ne sera pas candidat en 2020. Même s’il le pensait, nous, on aurait voulu qu’il ne le dise pas. Mais il l’a dit. » selon les mots de Cissé Bacongo, Conseiller Spécial d’ADO.
[6] https://www.guinee360.com/06/01/2017/cote-divoire-alassane-ouattara-pas-candidat-en-2020/ . Voir le compte-rendu de Soir Info du jeudi 13 octobre 2016
[7]
[8] http://www.rfi.fr/afrique/20140917-cote-ivoire-henri-konan-bedie-apporte-son-soutien-alassane-ouattara-presidentielle-2015
[9] http://www.connectionivoirienne.net/128660/fpi-un-proche-de-sangare-oppose-une-fin-de-non-recevoir-a-la-derniere-main-tendue-daffi
[10] http://news.abidjan.net/h/619610.html, Voir la déclaration de Pascal Affi Nguessan dans Fraternité Matin du 30 juillet 2017.
[11] Fraternité Matin du 30 juillet 2017
[12] http://www.rfi.fr/emission/20160621-cote-ivoire-guillaume-soro-assemblee-ouattara
[13] http://www.guillaumesoro.ci/actualite/communique-du-cabinet-du-president-de-l-assemblee-nationale_12385_1492433706.html
[14] http://atoo.ci/2017/08/19/presidentielle-2020-partis-rhdp-condamnes-a-sunir-autour-dun-seul-candidat-amadou-soumahoro/
[15] Voir le Patriote d’Abidjan, du lundi 21 août 2017 http://news.abidjan.net/h/620920.html
[16] Le 15 octobre 2014 à Lolobo, le même Jeannot Ahoussou Kouadio n’avait pas hésité à affirmer l’ambition de prépondérance du PDCI-RDA dans le RHDP :
« Faisons des sacrifices en acceptant tous de revenir au Pdci-Rda. Parce que c’est de là, que tous ces partis se sont créés. Seul, aucun Houphouétiste n’a réussi à gagner une élection présidentielle. C’est dire que nous sommes liés et que c’est seulement ensemble que nous pouvons gérer ce pays en toute quiétude. Alors nous demandons au Président Alassane Ouattara et au Rdr, à l’Udpci, au Mfa et à tous les Houphouétistes de revenir au Pdci-Rda. Il n’y aura pas de honte en cela. S’ils retournent au bercail, le Pdci deviendra le N°1 sur la scène politique en Côte d’Ivoire » voir http://www.connectionivoirienne.net/103939/en-cote-divoire-ahoussou-kouadio-demande-retour-du-rdr-ludpci-du-mfa-au-pdci-rda
[17] Voir l’Intelligent d’Abidjan du 15 mai 2017, http://news.abidjan.net/h/615041.html
[18] http://news.abidjan.net/h/620044.html, AIP du 6 août 2017
[19] https://www.fratmat.info/index.php/nos-unes/fpi-affi-n-guessan-pascal-annonce-l-unite-du-parti
[20] https://mwnews24.com/cote-divoire/connection-ivoirienne/le-parti-de-gbagbo-le-fpi-veille-sur-la-cote-divoire-selon-sangare-abdouramane/
[21] Sanogo Mamadou n’y est pas allé de main morte le 20 août 2017 à Agboville : « (AIP)- Le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara « n’a pris aucun engagement » concernant sa succession quant à l’élection présidentielle de 2020, affirme l’ancien ministre Sanogo Mamadou, membre de la direction du Rassemblement des Républicains (RDR, parti présidentiel) et vice-président du comité d’organisation du 3ème congrès ordinaire de cette formation prévue du 9 au 10 septembre à Abidjan. Alassane Ouattara ne s’est engagé « ni à Daoukro, ni vis-à-vis de qui que ce soit, laissant croire que le RDR n’allait pas avoir un candidat en 2020, ou allait faire la passe à un parti quelconque du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition au pouvoir) » http://aip.ci/cote-divoirepresidentielle-2020-ouattara-na-pris-aucun-engagement-concernant-sa-succession-cadre-rdr/
[22] http://www.cotedivoire.news/actualite/15818-le-rdr-juge-inopportun-le-debat-sur-lalternance-en-2020-mais-croit-toujours-au-rhdp.html
[23] http://abidjantv.net/actualites/cote-divoire-alternance-2020-bacongo-le-rdr-veut-plus-que-10-ans-au-pouvoir/
[24] Karl Popper, La société ouverte et ses ennemis, Paris, Le Seuil, 1979
[25] http://news.abidjan.net/h/618972.html Source: Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire

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Franklin NYAMSI
Professeur Agrégé de Philosophie, Académie de Rouen.
Docteur en Philosophie de l'Université Charles de Gaulle-Lille 3
Chercheur au Laboratoire Savoirs, Textes et Langage. UMR 8163.
http://stl.recherche.univ-lille3.fr/sitespersonnels/nyamsi/accueilnyamsi.html
Professeur de philosophie à l'Université Catholique d'Afrique de l'Ouest
Coordonnateur du Club International de Conférences de l'Assemblée Nationale de Côte d'Ivoire
0033 06 71 83 08 61.
franklin.nyamsi@univ-rouen.fr
franklin.nyamsi@ac-rouen.fr

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