Mohaman Gabdo Yahya, Lamido de Banyo : Agiter le spectre du chaos est une solution suicidaire
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Guerre contre Boko Haram, crise anglophone, CAN 2019, le Lamido de Banyo s’exprime sur l’interprétation de ces éléments de l’actualité nationale.

Depuis quelques jours, l’actualité socio politique, économique, sportive et culturelle de notre pays se focalise sur des signes dits de mauvais augures que déversent nos concitoyens dans les réseaux sociaux, tout comme les prophéties de Cassandre pendant la guerre de Troie et chacun se complet dans une posture de surenchères, d’imprécations et de divinations contre notre propre pays. C’est à croire que nous voulons scier la branche sur laquelle nous sommes assis. Alors que la guerre asymétrique contre Boko Haram perdure et prend une autre forme plus insidieuse, l’ONG Amnesty international prend un malin plaisir à transformer la victime en bourreau dans son rapport rendu public le 20 juillet 2017.

Intitulé « Chambres de torture secrètes au Cameroun : violations des droits humains et crimes de guerre dans la lutte contre Boko Haram », ce document aurait été rédigé «sur la base de dizaines de témoignages corroborés par des images satellitaires, des photos et des vidéos». On apprend en outre que ledit rapport «rassemble des informations sur 101 cas de détention au secret et de torture qui auraient eu lieu entre 2013 et 2017 sur plus de 20 sites différents ». Quelques jours plus tard, la presse informe l’opinion publique de ce que l’armée américaine est en train d’enquêter sur ces affirmations d’Amnesty International. Sous d’autres cieux, les violations des droits humains se font à ciel ouvert comme en Palestine, au Maghreb et Moyen Orient sans éveiller la moindre sensiblerie de ces ONG.

Sans dédouaner nos vaillants soldats qui se battent au péril de leurs vies contre les barbares de Boko Haram, nous pensons que donner le sentiment que la violation des droits humains est une politique délibérée du gouvernement camerounais et de son armée, est tout simplement une répugnante hérésie, parce qu’on s’en prend à un pays et non à des individus sur des faits précis et convaincants. Y a-t-il des atteintes aux droits humains dans cette guerre ? Probablement. Sont-elles le fait de certains de nos soldats. C’est possible. Tout comme les bavures et les dégâts dits collatéraux dès lors il s’agit des opérations menées par les «pays riches» et violation des droits humains lorsqu’il s’agit des «pays pauvres».

Nous ne comprenons pas et n’admettons pas un jugement à géométrie variable. Ce n’est donc pas l’apanage du Cameroun et de l’armée camerounaise qui peut comme toute corporation avoir des éléments répréhensibles. Ces éléments sont sans aucun doute sanctionnés effectivement en interne mais sans publicité. Comme l’atteste le vote par le Parlement lors de la session de juin 2017, de la loi portant Code de justice militaire, le gouvernement de la République s’est résolument engagé à encadrer juridiquement le comportement des hommes et femmes qui forment son armée. D’autres actions plus spécifiques comme la création d’un centre à Mindif pour la formation des militaires en ce domaine, démontrent que la question du respect des droits humains est une préoccupation importante de tous les instants des pouvoirs publics.

Une enquête réalisée sur la base d’un échantillonnage aussi peu représentatif n’est certainement pas suffisant pour tirer d’aussi hâtives et fantaisistes conclusions qui jettent l’opprobre sur le Cameroun. Par ailleurs, notre sentiment est que la guerre contre Boko Haram comme c’est le cas de beaucoup d’autres croisades contre le terrorisme a des exigences opérationnelles et stratégiques dont il faut tenir compte. Dans l’une de nos réflexions précédentes nous indiquions qu’il n’y a pas de recette douce contre la criminalité. A cet égard, Charles Pasqua disait : «qu’il faut terroriser les terroristes. Car, c’est assurément le langage que comprennent les barbares».

Le Cameroun  s’affirme comme un Etat de droit même si cette opinion qui nous est  propre, est certainement partagée par beaucoup de nos compatriotes qui ont vu leurs proches écrasés ou mutilés par les bombes de Boko Haram. Pour les familles camerounaises des victimes civiles et militaires dont le nombre dépasse les 2000 aujourd’hui, ce rapport d’Amnesty international est une hérésie innommable. Pour les Camerounais qui savent, pour y avoir mis les pieds, ce qu’était la région de l’Extrême-Nord avant qu’elle ne soit attaquée par ces criminels sans foi ni loi, l’incompréhension a fait place à l’indignation. Cette révolte saine est d’autant plus légitime lorsque certains sur la Toile se réjouissent que le Cameroun soit «en mauvaise posture », ou que «Paul Biya risque de perdre ses soutiens occidentaux dans la guerre contre Boko Haram».

Il est en effet abject de tenter ainsi, à des fins politiciennes, d’instrumentaliser l’opinion publique nationale et internationale. Le Cameroun nous appartient à tous. Nous l’avons reçu en héritage de nos ancêtres et devons le léguer mieux que nous l’avons hérité. Que nos divergences politiques et nos ambitions ne nous induisent pas en erreur. Boko Haram est l’ennemi du Cameroun et de tous les Camerounais. Le grand brasier que certains de nos compatriotes semblent appeler de tous leurs voeux dans l’espoir de parvenir au pouvoir par des raccourcies antidémocratiques, ou d’y porter des personnes pas choisies par le peuple, est dangereux pour tous. Il est illusoire de croire que lorsque les balles de Boko Haram sifflent, où que ses bombes explosent, elles ciblent les gens en fonction de leurs obédiences (ethnique, politique, religieuse ou de leur statut social).

Au passage constatons que l’hymne national de certains pays qui ont subi la barbarie ne parlent pas de droit de l’homme, ni de la tolérance, mais simplement de la vengeance. L’autre versant de cette stratégie machiavélique est l’instrumentalisation de la crise anglophone pour les mêmes desseins. Les réseaux sociaux sont le terrain de prédilection pour diaboliser son propre pays, vandaliser nos représentations diplomatiques, en donner une image tronquée, réclamer sa partition, etc… Il y a des problèmes, c’est une évidence. Mais nous devons laver notre linge sale en familles. Le gouvernement s’attèle d’ailleurs depuis des mois à les régler. L’institution d’une Commission nationale en charge du bilinguisme et du multiculturalisme, la création d’une section de la Common Law à la Cour suprême, la réflexion profonde sur la prise en compte des réclamations des enseignants et magistrats anglophones, sont quelques preuves de la bonne foi des pouvoirs publics relativement à la question anglophone.

Nous sommes de ceux qui soutiennent le libre usage des réseaux sociaux. Nous nous sommes d’ailleurs exprimés à maintes reprises dans ce sens. Mais nous pensons aussi que cet usage doit être constructif, responsable et ne doit en aucun cas ternir l’image de ce Cameroun que nous prétendons chérir. Il est inadmissible que le drapeau national de notre pays soit foulé au sol par des gens qui prétendent représenter un pays imaginaire appelée « Ambazonie ».

Aucun Etat au monde ne peut tolérer de telles infamies et profanations.  Les auteurs de ces actes odieux ne concernent pas les Anglophones du Cameroun et de sa diaspora, qui sont des personnes intelligentes, responsables et patriotes. Il nous revient d’ailleurs que ces apatrides qui souillent ainsi notre drapeau national chercheraient simplement à se faire remarquer dans l’espoir d’obtenir des documents consulaires pour continuer à résider dans les pays qui leur offre l’hospitalité. Quoiqu’il en soit, ce calcul égoïste et mesquin de quelques aventuriers ne doit pas salir l’image de marque de notre cher Cameroun. Heureusement, dans ce ciel que certains ne voient qu’en noir, il y a des signes rassurants.

C’est que sur le plan sportif, nous venons de vivre le comble de la subjectivité dans un domaine où l’éthique, la moralité et le faire Play sont de rigueurs. Pourtant, le président de la Confédération africaine de football, AHMAT AHMAT, a tenu des propos qui portent un coup à la crédibilité de notre pays. Il est réconfortant cette fois ci, de relever que des patriotes camerounais ont réagi fermement dans le bon sens. L’union sacrée si souvent requise pour porter nos chers Lions indomptables, a été de mise durant cette calomnie. Et le peuple a défendu comme il se doit l’honneur du pays. Pour paraphraser S.E. Paul BIYA, nous pensons, que c’est le Cameroun tel que nous l’aimons.

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