Cameroun: Politique, Identité , Mentalité, et Problème anglophone
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Cameroun: Politique, Identité , Mentalité, et Problème anglophone :: CAMEROON

Le déni du problème anglophone par des intellectuels et des universitaires proches du régime de Yaoundé s'est malheureusement transformé en une position quasi officielle du gouvernement, porteuse d'une politique ouvertement anti-minorités et génocidaire; promue par les faucons de la dictature trentenaire de Paul Biya. Cette forme d'instrumentalisation réactionnaire d'un mouvement de désobéissance civile doit devenir une source de préoccupation majeure. Pourquoi?

Tout d'abord, l'utilisation de la rhétorique génocidaire doit être replacée ici dans le contexte d'un héritage colonial soutenu par une idéologie capitaliste mondiale et ses logiques de guerres impériales, visant notamment à légitimer la division coloniale du travail, l'exploitation des ressources, et les politiques génocidaires utilisées parfois par le pouvoir colonial pour justifier l'esclavage, le travail forcé, et les crimes contre l'Humanité. Se référer à nos frères et sœurs anglophones en terme linguistique colonial en proférant des menaces génocidaires est répugnant et inacceptable pour quiconque, surtout de la part de ceux qui ont les compétences nécessaires pour le connaître. Cet état de choses démontre que l'individu qui profère ce type de menaces ne comprend pas la relation entre sa propre identité et sa mentalité, mais aussi le rapport qu'il y a entre cet héritage colonial esclavagiste et celui des politiques anti-noirs (ou anti-minorités) et les génocides.

Ce genre de rhétorique manipulatrice et conspiratrice doublée de paranoïa sur «l’ennemi intérieur» est une fixation permanente des politiciens ethno-fascistes qui ne comprennent pas ou font mine de ne pas comprendre que les différences politiques peuvent être réglées par autre chose que la violence. Fondamentalement parce que cette mentalité vient en soutien à une forme de privatisation ou de confiscation des institutions de l'État et à la guerre. En effet l'ethnofaciste a une difficulté singulière à accepter le concept de politique d'opposition dans une logique de contribution collective. Pour lui ou pour eux, la catégorie d’ «adversaire» politique est par nature une catégorie biopolitique qui doit être exterminée. Vu sous cet angle toutes les formes d'oppositions sont déclarées persona non grata et les ethnofacistes sont ainsi prêts à mener le pays en enfer s’il faudrait que cela se produise. Au fond, l'ethno fascisme est habitée (malgré les formules grandiloquentes) par une profonde paresse intellectuelle et une faillite morale, qui le rendent incapable de saisir les complexités des sociétés contemporaines et leurs vérités humaines.

La question cruciale est de savoir où allons-nous avec tout ça?

Car avec les ethnofacistes, il n'y a pas d'incitation à une véritable politique de paix et de développement équilibré. Mais ayons le courage de leur dire et répéter que l'impasse répressive actuelle conduit inéluctablement le Cameroun vers une internationalisation de la crise, à l'issue de laquelle pourrait lui être opposé (voire imposé) le droit à l'autodétermination de la minorité anglophone opprimée.

Et aucune personne raisonnable ou responsable ne devrait se résigner à l'idée de cette partition qui guette dangereusement le Cameroun. Parce que ce pays est notre Maison commune: Francophones et Anglophones de toutes les tribus, ethnies, régions, et religions. Nous devons rester unis parce que nous devons aussi notre solidarité nationale à nos frères et sœurs anglophones.

Nous devons cependant admettre la réalité, notamment que nous avons un chemin difficile devant nous. Le gouvernement de ce pays semble être pris en otage par des pyromanes réactionnaires qui prétendent être des républicains et des penseurs libres, mais qui insidieusement alimentent sans cesse le repli tribal, le sectarisme, et le déni du problème anglophone dans les médias acquis aux thèses génocidaires, au point où cette puanteur tend à se répandre partout.

Gardons à l'esprit que l’Histoire est de notre côté, car les fascismes ont toujours été vaincus.

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