Cameroun, Groupement Bamougoum : le roi « ressuscite » le jour de ses obsèques
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Cameroun, Groupement Bamougoum : le roi « ressuscite » le jour de ses obsèques :: CAMEROON

Ce samedi 12 aout 2017, le village Bamougoum dans le Département de la Mifi, Région de l’Ouest-Cameroun, écrivait une nouvelle page de son histoire. Malgré le choc psychologique, la roue ne s’arrêtera pas de tourner. Car aussitôt mort, le roi triomphe !

Des percussionnistes en branle sur la place marché de la chefferie supérieure, balisaient l’auditorium à ciel ouvert. Le deuil général entrait en scène. Le « lali », la danse avec laquelle le peuple Bamougoum lamente ses grands hommes, se jouait avec la plus grande dextérité. Des hommes en torse-nus, issus d’un casting très sélectif chantaient. Des mélopées envoutantes, des voix philarmoniques, une orchestration polyrythmique, transportaient tout le monde dans un univers sacré. Les femmes quant à elles, presqu’en transe, dansaient le long du cercle. Joueurs, comme danseuses en passant par les chanteurs, chacun exécutait sa partition, le tout enveloppé dans une harmonie populaire. Aucun geste n’était superflu, ni improvisé. Les Bamougoum ont peint de la plus belle des manières, un sublime tableau pour démontrer qu’ils n’ont pas perdu leurs repères culturelles.

Toute une cérémoniale pour rendre hommage à deux hommes : l’un Sm Fotso Kankeu Joseph, un octogénaire qui tutoyait les divinités ; l’autre Mbe Fotso François Mitterrand, un quadragénaire qui brutalement, devient l’unique dépositaire de la tradition et du peuple Bamougoum pour des prochaines décennies. Ici, des gens sont persuadés que le premier n’est pas mort, qu’il est à l’épreuve de la reddition des comptes à Dieu et aux dieux, et que le deuxième est tout simplement le premier réincarné.

Vive le roi !

Parlant de résurrection, s’en est une, dans le contexte de la pure tradition séculaire Bamiléké. Au moment dit, toute l’assistance retenait son souffle. Le ciel grondait de coup de feu, signe prémonitoire de l’orage. Le suspens s’estompait, le nom du nouveau guide vient d’être publiquement dévoilé. Ainsi, le peuple Bamougoum s’habituera-t-il désormais avec le nom

devenu tout un symbole, Mbe Fotso François Mitterrand, le 21e roi de la dynastie. Il est né en 1973, titulaire d’une licence en droit et d’un master. Avant son arrestation, il était directeur des ressources humaines à l’entreprise Congelcam. Personne ne l’a vu physiquement, si non des notables et certains chefs de la région de l’Ouest qui ont fait le déplacement. Sa silhouette présente un homme fort et grand. Il officie dès ce jour au La’akam où il se sera appelé « Munkam ». Ce n’est qu’après avoir passé 72 jours d’initiation, que le jeune homme s’appellera « Fo’o Mbe Fotso François Mitterrand ». Il méritera de fait allégeance et honneur digne d’un roi de son rang. Dorénavant, tout le monde se courbera à ses pieds.

Un lion ne meurt pas

L’on retient que Sm Fotso Kankeu était un homme affable, altruiste, qui aimait son peuple. Un développeur atypique, un travailleur acharné. Né en 1936, il succède à son père le 26 juillet 1981, retourne lui-aussi à la prairie de ses ancêtres le 26 juillet 2017. Quelle coïncidence ? Son esprit vivace plane toujours sur le village. Il se repose dans ses exploitations caféières. Une ultime distinction honorifique, « commandeur de l’ordre de la valeur » lui a été décernée à titre posthume par Paul Biya. Avant, le Préfet de la Mifi se faisait l’agréable devoir de lire le message de condoléance du Président de la République à la famille éplorée.

La cérémonie officielle célébrée avec un immense respect, se déroulait à la place du marché de la chefferie. Le groupement a vécu un événement riche, et intensément historique. Le gratin de hautes personnalités de la République présentes à la cérémonie l’illustrait à suffisance. Jacques Fame Ndongo a occupé le fauteuil de Paul Biya, le temps d’une demi-journée. Marcel Niat Njifenji et sa charmante épouse étaient bien présents. Pour les ministres Jean Nkuete, Madeleine Tchuinte, Jean Claude Mbwentchou, Nganou Njoumessi, Nguihe Kanté et bien d’autres membres du Gouvernement originaires de l’Ouest, la chefferie Bamougoum était leur principal centre d’intérêt. Ils sont venus, ils ont vu, ils ont témoigné.

Au cœur de l’ordonnancement protocolaire, tous ceux qui ont pris la parole ont magnifié la légende Fotso Kankeu. Le comité central du Rdpc conduit par Jean Pierre Fo’o Ngui et Chrispin Pettang ont clôturé le bal des allocutions, entamé par le maire de Bafoussam 3e, le président du comité de supervision d’organisation, le président du conseil supérieur des notables, le directeur d’Uccao, le président des chefs supérieurs de la région de l’Ouest, le sous-préfet de L’arrondissement de céans. Côté organisation, mention honorable à Sylvestre Ngouchingué qui a eu la lourde tâche de présider le comité. La Bamougoum ont démontré leur loyauté.

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