Ahmad règle ses comptes à Hayatou
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Au cours d’une visite au Burkina-Faso, le 05 août dernier, le président de la Confédération africaine de football (CAF) s’est montré (à mots à peine voilés) déterminé  quant à sa volonté de retirer l’organisation de la 32è édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) au Cameroun, un peu comme l’a fait en janvier dernier son prédécesseur en attribuant au Gabon la CAN U 17 préalablement confiée à Madagascar.

Vendredi dernier, à  Yaoundé, étaient réunis le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, et celui des Sports et de l’Education physique (MINSEP), Pierre Ismaël Bidoung Mpkatt, ainsi que le président de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT), Sidiki Tombi à Roko. Une conférence de presse organisée à l‘effet de rassurer une fois encore le public, sur la capacité du Cameroun à organiser la 32ème Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football 2019. Un beau panel et des intervieweurs de choix pour faire le point, dans les moindres détails, de l’état des préparatifs et notamment la question cruciale de la construction et de la réhabilitation des infrastructures sportives, hôtelières et routières, sans oublier les aspects tout aussi importants liés aux télécommunications, la santé, le  tourisme et la sécurité.

Les deux membres du gouvernement et le patron de la FECAFOOT sont optimistes et ne laissent point planer de doute quant à la capacité des pouvoirs publics à gagner avec brio le pari de l’organisation de cette compétition qui, pour la première fois, verra la participation et non pas de 16, mais plutôt 24 sélections nationales sur six sites. Les Camerounais auraient donc pu passer un week-end tranquille, ce d’autant plus que les mêmes assurances leur ont été données le 17 juillet dernier à Yaoundé, aussi bien par le MINSEP que par l’Ambassadeur d’Italie Samuela Isopi. Celle-ci s’évertuant à prouver avec un comité d’experts que l’entreprise italienne Piccini respectera les délais de livraison du Grand stade Paul Biya situé dans la banlieue-Nord de la ville de Yaoundé, d’une capacité de 60.000 places assises.

Seulement, d’autres nouvelles en provenance d’Ouagadougou laissent croire que la CAF tient absolument à retirer l’organisation de cette fête du football au Cameroun. En effet, le 5 août, au troisième jour de sa visite au Burkina-Faso, sur invitation du chef de l’État burkinabé, Roch Marc Christian Kaboré, Ahmad Ahmad, interpellé par la presse, a fait une halte sur l’organisation de la CAN 2019. Il a insisté sur le fait que le pays qui a accueilli son unique CAN en 1972 devra convaincre la CAF sur ses capacités à tenir le pari de 2019. Et à ce niveau, le successeur d’Issa Hayatou ne lui laisse que peu d’espoir.

«Même à quatre équipes, le Cameroun n’est pas prêt», a  déclaré Ahmad Ahmad. Surprenant tout de même pour un pays qui a organisé il y a moins d’un an, avec brio, la phase finale de la CAN féminine. En plus, la CAF annonce qu’elle va faire appel à un comité d’experts (en hôtellerie, sports, santé, etc.) indépendant (et non issu de la CAF) pour juger de la capacité du Cameroun à organiser la prochaine édition de la CAN. Une visite d’inspection qui doit avoir lieu du 20 au 28 août prochain. Ce n’est qu’au terme de cette inspection que la CAF prendra la décision de lancer ou pas d’appels d’offres pour trouver un autre pays. Or, dans les usages, une telle procédure est généralement enclenchée à six mois du coup d’envoi, en cas de défaillance prouvée du pays hôte.

REPRÉSAILLES EN PERSPECTIVE

Le Malgache veut ainsi sceller prématurément le sort  d’une nation qui pourtant a encore environ deux ans pour se mettre à jour. Cet homme de 57 ans entretient une haine viscérale vis-à-vis de son prédécesseur. Et le Cameroun devient ainsi une victime collatérale. Tout laisse penser qu’il est venu avec un agenda caché, celui de confier à tout prix l’organisation de la CAN 2019 à un autre pays, alors que la décision de l’attribuer au Cameroun avait été prise en septembre 2014. Un peu comme l’a fait le Comité exécutif de la CAF dirigé par Issa Hayatou, en retirant en janvier dernier l’organisation de la CAN U 17 à Madagascar, pour l’attribuer au Gabon.

Les inspections faites par les experts en terre malgache en 2016 n’avaient pas satisfait la CAF, notamment sur les offres de communication, d’hébergement ou encore la mascotte. Ce qui, par contre, n’est pas le cas du Cameroun, qui a prévu la construction ou la réhabilitation de 32 aires de jeu ou d’entraînement dans plusieurs villes : Yaoundé, Douala, Limbé, Bafoussam et Garoua. Sans oublier une impressionnante offre en termes d’hébergement et de transport. Le volet sécuritaire occupe également une place de choix dans les stratégies du gouvernement.

Malgré ces dispositions, qui visent à assurer un bon déroulement de la compétition, Ahmad Ahmad accentue la pression sur le Cameroun. Au-delà de 2019, depuis son élection, il remet aussi en cause les choix de la Côte-d’Ivoire et de la Guinée Conakry, comme pays organisateurs des éditions 2021 et 2023. Lors d’une conférence  de presse à Johannesburg, il a dénoncé les attributions de ces éditions, indiquant qu’elles favorisaient une seule région du continent. Ahmad Ahmad pense qu’il n’y a pas eu d’appels d’offres.

«Nous n’attribuerons pas de gré à gré les compétitions de la CAN. Il faut des appels d’offre», affirme-t-il, prenant ainsi en compte les préoccupations d’un de ses plus grands soutiens pour la présidence de la CAF, Philip Chiyangwa, le président de la Fédération zimbabwéenne de football et du Conseil des Fédérations de football d’Afrique australe. Et quid du changement de formule de la CAN ? Le nouveau format qui prévoit le passage de 16 à 24 le nombre devant désormais participé à la CAN a été décidé de manière unilatérale par le comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF) lors du symposium de Rabat au Maroc, le 21 juillet.

En plus, la compétition se jouera en juin ou juillet, plus en janvier. Au cours de son long mandat (1988-2017), Hayatou avait toujours refusé d’opérer de changements de dates, arguant qu'à cette saison, il faisait trop chaud en Afrique du Nord, trop humide en Afrique centrale et trop froid dans le Sud. Ahmad Ahmad l’aura vite pris à contre-pied.

Cameroun dos au mur Par contre, sur l’augmentation du nombre d’équipes, il s’agit pour la CAF, de donner la possibilité à des sélections de secondes zones, comme Madagascar justement, de participer à la CAN. Seulement, cette disposition vient mettre à rude épreuve les nerfs des dirigeants camerounais qui, conformément au premier cahier de charges, s’attendaient à organiser une compétition à 16 équipes, donc uniquement sur quatre sites. Une manière de mettre le pays dos au mur. Les pouvoirs publics ont déjà toutes les peines du monde à réaliser 25% du cahier de charges depuis 35 mois, vont-ils effectuer 75% des travaux en l’espace de 22 mois plus deux autres stades qui n’étaient pas prévus ?

L’après Hayatou s’annonce sous un ciel nuageux. Selon le président de la CAF, six pays au moins sont déjà prêts pour l’organisation de l’édition 2019 parmi lesquels le Maroc, l’un de ses meilleurs soutiens lors de l’élection du 17 mars dernier, mais qui, curieusement avait refusé d’accueillir la CAN 2017 de peur de voir propager sur son sol le virus Ebola qui semait la mort en Afrique de l’Ouest. L’Algérie se positionne aussi. Kheireddine Zetchi, le président de la Fédération algérienne de football (FAF) est en train de suivre le dossier d’une  éventuelle délocalisation avec attention.

«Si une opportunité venait à se présenter, l’Algérie serait candidate à l’organisation de cette CAN 2019», indique-t-il. Avant de se rendre à l’évidence : «Jusqu’à preuve du contraire, cette édition est toujours maintenue au Cameroun».

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