International Crisis Group craint pour le Cameroun
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International Crisis Group craint pour le Cameroun :: CAMEROON

L’ONG internationale, qui a pour mission de prévenir les conflits dans le monde, annonce que la crise pourrait se propager vers les régions francophones en 2018. A moins que le gouvernement n’ouvre un dialogue franc avec les contestataires.

L a crise politique qui secoue les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis la fin 2016 est-elle terminée ? Si cette actualité a arrêté de faire la une des journaux locaux, rien n’indique pour autant que les manifestants anglophones ont abandonné le combat. C’est du moins l’avis que partage International Crisis Group. Cette ONG multinationale, dont la mission est de prévenir les conflits dans le monde, vient en effet de publier un rapport sur la crise qui a gagné les régions du Nord ouest et du Sud ouest du Cameroun l’année dernière.

Dans ce document d’une vingtaine de pages intitulé « Cameroun : la crise anglophone à la croisée des chemins », International Crisis Group fait savoir que « le Cameroun, qui fait face à Boko Haram dans l’Extrême-Nord et aux miliciens centrafricains à l’Est, doit éviter l’ouverture d’un nouveau front potentiellement déstabilisateur ». Plus grave, l’ONG ajoute : « une aggravation du problème anglophone pourrait affecter l’élection présidentielle et les élections générales prévues en 2018. Surtout, elle pourrait déclencher des revendications sur l’ensemble du territoire et une crise politique de plus grande ampleur ».

A en croire donc International Crisis Group, le Cameroun marche sur un volcan, qui pourrait exploser dans les prochains mois si rien n’est fait. Contrairement à la chronique populaire qui croit que le pire est passé, l’auteur du rapport « Cameroun : la crise anglophone à la croisée des chemins » est convaincu que la crise anglophone couve. Une situation qui donne à réfléchir au sommet de l’Etat camerounais, selon International Crisis Group. « Les élites gouvernantes de Yaoundé redoutent, à un an de l’élection présidentielle, une diffusion de la crise aux régions francophones », comme on peut le lire dans le rapport.

DONALD TRUMP

Pour éviter que cette crise gagne les régions francophones, le pouvoir de Yaoundé manœuvre en sourdine. On a appris la semaine dernière qu’une mission de bons offices séjourne actuellement aux Etats-Unis. Paul Biya, le président camerounais, a en effet envoyé Paul Ghogomu, le directeur du cabinet du Premier ministre Philemon Yang, qui a participé de près aux négociations entre le gouvernement et les manifestants anglophones, auprès des autorités américaines pour leur apporter « des clarifications sur la situation qui prévaut dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest », comme il est écrit dans un courrier que Paul Ghogomu a adressé à Henri Etoundi Essomba, l’ambassadeur du Cameroun aux Etats-Unis.

Le choix des Etats-Unis est loin d’être une fantaisie du pouvoir de Yaoundé. La voix du département d’Etat américain dans la crise anglophone pèse lourd. International Crisis Group le reconnait d’ailleurs quand il appelle l’administration de Donald Trump à faire preuve de plus de fermeté sur ce dossier pour éviter une crise politique de plus grande ampleur au Cameroun. L’ONG rappelle dans son rapport que « le 28 novembre 2016, le département d’Etat américain publie un communiqué appelant au dialogue dans les régions anglophones et demandant au gouvernement camerounais de respecter les libertés fondamentales ».

Mais elle regrette que ce communiqué n’ait pas ouvert la voie vers des réformes structurelles, condition sine qua non pour un retour à la paix, selon l’avis de l’International Crisis Group. De toutes évidences donc, Yaoundé sollicite le soutien des américains dans cette crise.

DIASPORA

En plus de ce soutien, la mission conduite par Paul Ghogomu a aussi pour  objectif de discuter avec la diaspora camerounaise aux Etats-Unis. Car le rôle de la diaspora dans l’exacerbation des manifestations à Bamenda et Buea, les principales villes des régions anglophones, est indéniable. « La diaspora a donné à la crise une visibilité au niveau international en organisant des manifestations devant les parlements de pays occidentaux et par des initiatives diplomatiques, comme le recours au cabinet américain Foley Hoag pour revendiquer l’indépendance du Southern Cameroons », comme le reconnait International Crisis Group.

La diaspora américaine reste néanmoins celle qui a le plus pris position pour l’irrédentisme anglophone, revendiqué par la rue à Bamenda et Buea. Ce qui n’étonne d’ailleurs personne, car cette diaspora est en grande quantité représentée par des Camerounais originaires  des régions du Nord-Ouest et du SudOuest, comme le reconnait le rapport « Cameroun : la crise anglophone à la croisée des chemins ».

Une chose est donc sûre : le pouvoir de Yaoundé prend bien au sérieux les craintes de l’International Crisis Group qui pense que « la crise provoquée par la contestation anglophone au Cameroun, exacerbée début 2017 avec une coupure de trois mois d’Internet dans les régions du nord-ouest et du sudouest, pourrait affecter l’élection présidentielle prévue fin 2018 ».

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