Cameroun, Fiscalité asphyxiante: Les barmen interpellent les pouvoirs publics
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Habitués à subir, depuis quelques années, les foudres de l’administration fiscale, les tenanciers des débits de boissons, regroupés au sein du Synedeboc - le Syndicat national des exploitants des débits de boissons, n’entendent plus se laisser marcher dessus. Ceci en prévision d’une année 2018 que les indicateurs annoncent plus austère.

N ous devons rester solidaires pour la défense de nos droits». C’est la quintessence de l’appel lancé par Me Roger Tapa - le président national du Synedeboc, le 25 juillet 2017, à l’endroit de ses confrères, réunis à la Chambre d’agriculture de Yaoundé. C’était à l’occasion du lancement des activités du Syndicat pour l’année 2017. Cette réunion de concertation était le point de départ d’une campagne de sensibilisation qu’envisage de mener le Syndicat des exploitants des débits de boissons sur l’ensemble du territoire national, à l’effet de recueillir les propositions de ses membres, dans l’optique de les adresser à l’Etat, pour une fiscalité plus juste et plus adaptée à leur secteur d’activité. 

Et pour cause, le constat que dresse Me Roger Tapa de la fiscalité actuellement appliquée au secteur des exploitants des débits de boissons est des plus attristants et écœurants : flou artistique sur la liasse des taxes à payer, corruption à ciel ouvert des agents communaux et ceux des impôts à l’égard des barmen, imposition d’office du chiffre d’affaires des exploitants par l’administration fiscale suivant déclaration cavalière des sociétés brassicoles, défaut de consultation préalable des exploitants des débits de boissons dans la prise des décisions concernant leur secteur d’activité…Toutes choses qui créent ce que le Synedeboc considère comme étant une grosse injustice à l’égard d’un secteur d’activité dont les impôts à eux seuls absorbent plus du tiers des revenus. 

Face à ses confrères, Me Roger Tapa a fait étalage des incongruités qui plombent leur secteur d’activité pour les amener à une prise de conscience collective. Notamment, le droit d’assises imposé il y a 3 ans par les pouvoirs publics sur les boissons. Un impôt qui, en principe, ne s’applique que sur les produits de luxe, à l’exclusion des produits de grande consommation que constituent les bières et les boissons gazeuses. Il aura fallu tout l’acharnement combattif du Synedeboc pour que le gouvernement consente à fixer le prix de la bière à 600 Fcfa, contre 800 tel que l’envisageait le ministère des finances. 

Le Synedeboc cite en outre l’obligation faite aux dé- bits de boissons il y’a 2 ans de s’inscrire obligatoirement dans les Cga - les Centres de gestion agréés, pour bénéficier des précomptes sur achats. Des caprices auxquelles s’ajoute l’incertitude sur la consistance des taxes à payer, dont le nombre varie en fonction des communes et parfois au gré des contrôleurs, sans que le barman ne sache l’étendue de ses
obligations entre l’impôt libératoire, le taxe sur le spectacle, la taxe sur le divertissement - imputable en principe aux boîtes de nuits, ou encore la taxe d’hygiène et d’assainissement.

Le tout couronné par la gloutonnerie des agents véreux des communes et des impôts, qui arnaquent sans se sourciller les exploitants des débits de boissons au profit de leurs propres poches.

Mort programmée des bars

Autant de contraintes mortifères qui font planer le risque d’insolvabilité permanente sur les débits de boissons. Le président du Synedeboc se veut encore plus inquiet quant à l’avenir de cette activité, au regard de quelques indices qui annoncent la hausse du coût de la bière dès l’année 2018, avec ses corollaires désastreux sur la revalorisation des montants des taxes à payer. «Si le prix de la patente double, c’est la mort des bars», avertit-il. Le tenancier serait alors appelé à payer 2 fois le montant total de certaines de ses taxes. 

D’où l’invite de Me Tapa aux autorités publiques pour qu’elles s’intéressent aussi à d’autres secteurs d’activités, générateurs de plus de richesses que les débits de boissons. Référence aux exportations du bois, ou la prolifération des tourne-dos, et autres carrefours de la joie qui ne subissent pas autant que les débits de boissons les foudres de l’administration fiscale. S’il se dit citoyen, le Synedeboc
estime qu’il est temps que cesse cette injustice qui n’a que trop duré, et appelle à une saine équité dans la fiscalité applicable aux différents secteurs d’activités appelés à concourir à l’assiette fiscale de l’Etat. 

Toute chose qui, selon Me Roger Tapa, doit passer par la prise de conscience de ses confrères barmen, qui dans un élan de solidarité, doivent faire des propositions concrètes aux pouvoirs publics, afin que chacun sache en début de chaque exercice, l’étendue de ses obligations fiscales vis-à-vis de l’Etat.

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