La Chambre des comptes épingle plusieurs sociétés d'État
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Le jugement des comptes publics opérés par la Chambre des comptes de la Cour suprême pointe un doigt accusateur sur la Sohli - la Société hôtelière du Littoral - gestionnaire de l'hôtel Sawa de Douala, l'université de Ngaoundéré, l'Art - l’Agence de régulation des télécommunications, et la Camtainer. Un échantillon cache mal l'ampleur de la mal gouvernance au sein des entreprises relevant du portefeuille de l'État.  

Le président de la Chambre des comptes de la Cour suprême - Marc Ateba Ombala, a procédé le vendredi 27 juillet 2017 à Yaoundé, à la présentation officielle du rapport annuel 2015, le 10ème du genre produit par la juridiction financière du Cameroun qu’il dirige. Devant un aréopage de gestionnaires de la fortune publique au nombre desquels, des délégués du gouvernement auprès des communautés urbaines, des magistrats municipaux, des directeurs généraux de sociétés d’Etat, des trésoriers payeurs généraux, des comptables publics et autres receveurs municipaux, il a été question, pour le président de l’auguste juridiction, de présenter un volumineux document fort de plus de 400 pages rédigé en français et en anglais et dont le contenu est réparti en 4 parties d’égale importance.

La première articulation de ce rapport est dédiée aux activités de gestion de la Chambre des comptes courant 2015. La seconde est consacrée à l’exécution des missions de la Chambre au cours de la même période. La troisième est destinée aux actes de la Chambre, et la dernière fait évocation des recommandations formulées par ladite institution.

Au banc des accusés

Au-delà de la forme, le contrôle des entreprises du secteur public et parapublic, tel que le relève le rapport de l’exercice 2015, fait état d’une cinquantaine d’entreprises passées au crible de la juridiction financière redoutée par tous. Un exercice qui a permis d’établir, d’après le document, 6 rapports d’instruction, 9 rapports d’observations provisoires et 2 rapports d’observations définitives. Les rapports d’observations définitives mettent en exergue la mal gouvernance constatée principalement au sein de deux structures. Il s’agit de la Camtainer - la Société nationale de transport et de transit du Cameroun dont la situation est taxée de désastreuse par le rapport relatif aux exercices 2004 à 2009, et la Société hôtelière du Littoral - gestionnaire de l’hôtel Sawa et dont la santé financière et managériale ne sont guère reluisantes.

Dans le répertoire des mauvais élèves repérés par la Chambre des comptes figure la sempiternelle Agence de régulation des télécommunications dont l’actualité au sujet de l’avenir judiciaire de son ancien directeur général Jean Louis Beh Mengue n’a pas fini de défrayer la chronique. Il est reproché à cette structure le paiement en double des jetons de présence au cours des sessions de son Conseil d’administration. Par ailleurs, les fins limiers de la Chambre qui opèrent des contrôles sur pièces, ont détecté divers virements mensuels opérés par l’agent comptable de l’Art au profit du Dg et de son adjoint, en terme d’indemnités de téléphone alors que ceux-ci bénéficiaient déjà de cette indemnité régulièrement attachée à leurs salaires.

Soit 300 000 Fcfa pour le Dg et 250 000 Fcfa pour son adjoint. Dans les liens de la mauvaise gouvernance, le rapport fait évocation du cas du directeur des affaires administratives et financières de l‘université de Ngaoundéré qui se serait embourbé dans la gestion des fonds débloqués par son institution lors des Jeux universitaires de Soa en 2004. En lieu et place de l’agent comptable, le mis en cause s’est invité dans l’achat des rafraichissements aux athlètes, le règlement des différentes pénalités de match, celui des primes de match et celles des médailles. Il s’en était tiré avec un peu plus de 30 millions de Fcfa mis à sa charge.

Les artifices de la tricherie et risques encourus

Le rapport 2015 de la Chambre des comptes publié en 2017 n’a pas dérogé à la règle. Ce dernier, comme les précédents, révèle un nombre important de techniques dont font usage les mauvais gestionnaires de la fortune publique. Il s’agit entre autres de l’infidélité des soldes de comptes d’immobilisation, la transmission tardive desdits comptes à la Chambre, les incohérences détectées dans le report de certains soldes de la balance au bilan et au compte de résultat, et surtout l’omission délibérée de la comptabilisation de certaines recettes recouvrées soit physiquement, soit par compensation.

Au-delà du grand public, le premier destinataire des rapports de la Chambre des comptes s’appelle Paul Biya - le président de la République du Cameroun. Très souvent, il sait s’en servir en tant que de besoin. Les mis en cause, bien qu’ils disposent encore de quelques voies de recours, encourent généralement des risques allant de la mise en débet aux poursuites judiciaires pouvant déboucher à des emprisonnements. Quoiqu’il en soit, ceux qui se reconnaissent dans ce rapport n’ont certainement plus le sommeil tranquille, surtout qu’ils ne savent pas dans quelle «sauce» ils seront dévorés.

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