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© Integration.org : Mercedes Beleheka
- 17 Jul 2017 10:11:33
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LUTTE ANTI-CORRUPTION : La Conac face à l’incrédulité des Camerounais :: CAMEROON
La caravane anti-corruption organisée le 06 juillet 2017 à Yaoundé a rencontré de nombreux citoyens qui ne croient pas à l’éradication du fléau.
J’ai été abusé en termes de millions lorsque je travaillais. J’ai fait recours à la justice et par plusieurs fois, il s’est avéré qu’elle était corrompue, étant donné qu’il y a des documents qui me donnent raison. J’ai fait appel à la Conac et jusqu’ici, elle n’a jamais accusé réception. Comment continuer à croire en elle?» Les complaintes sont de Charles Keuleudjou, ancien employé dans une société parapublique.
Au passage de la caravane anti-corruption organisée dans la ville de Yaoundé le 06 juillet dernier, l’homme se précipite vers les journalistes malgré son handicap. Le quinquagénaire crie sa colère face à l’inaction de la Commission nationale anticorruption (Conac) au sujet de sa situation. A sa suite, de nombreux Camerounais ont dit en avoir marre des mots. Ils réclament des actions: «la corruption est un fait au Cameroun. C’est même la chose la mieux partagée par le Camerounais. Donc, nous voulons qu’elle soit éradiquée par des actes concrets. La Conac doit agir», réclame Florence Engono.
Pour cette caravane de sensibilisation, la Commission nationale anti-corruption n’avait justement que des mots: «le détournement de derniers publics contribue à l’instabilité et à l’appauvrissement de l’Etat», «dénoncez tout acte de corruption», «je refuse de profiter des retombées de la corruption», pouvait-on lire sur les flyers distribués ou les autocollants affichés sur les murs et les pare-brise des véhicules.
Résignation
«À chaque fois que j’arrive ici (sous-préfecture NDLR), on m’exige au moins 1 000 francs CFA pour que je sois servi et cela se passe ainsi partout. Donc, si je me plains ça ne servira à rien. D’ailleurs, j’ai peur d’être celui qu’on regarde mal parce qu’il empêche ‘‘le gombo’’ de l’autre», se confie Christian, étudiant et postulant à un concours administratif. En off, une gardemalade présente dans une structure hospitalière de la ville, visitée par les équipes de Massi Gams, nous avoue avoir été obligée de donner 7 000 francs CFA à un médecin pour que sa mère soit prise en charge dès son arrivée.
Pourtant, affirme-t-elle, son aspect physique témoignait de l’état de santé dans lequel se trouvait la patiente. «A quoi bon crier sur tous les toits que de tels abus se passent dans les hôpitaux ou ailleurs quand même l’enfant de 5 ans le sait? Ce n’est ni la première, encore moins la dernière fois que je subis de telles choses mais, je suis obligée de me plier si je veux être servie. Si j’ouvre ma bouche, cela risque d’être pire», explique la dame, la quarantaine sonnée.
«Heureusement que j’ai déjà ‘‘pointé’’ mes 2 000 francs CFA, s’ils pensent que leur passage va faire changer les choses, alors on verra bien», lance dans sa langue maternelle une infirmière, sourire aux lèvres, au passage des agents de la Conac. Elle ne croit pas à l’éradication du fléau au Cameroun. Il faudra à Massi Gams et son équipe plus que des mots pour convaincre cette dernière de «briser la chaine de ce fléau à travers la dénonciation et le refus de toute pratique de corruption», objectif visé par cette caravane de sensibilisation.
Une nécessité pourtant. En effet, à la Conac, on croit dur comme fer que «la lutte contre la corruption est un engagement personnel qui nécessite l’effort de tout un chacun». Mais, comment faire passer à tous le message? Là est tout le défi.
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