Cameroun, Tribunal Criminel Spécial: Zambo Amougou Jean Marie déféré à Kondengui
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Cameroun, Tribunal Criminel Spécial: Zambo Amougou Jean Marie Déféré À Kondengui :: Cameroon

Président de la plus grande centrale syndicale des travailleurs du Cameroun à savoir la CSTC et par ailleurs Conseiller technique à la Maetur (Mission d’Equipement et d’Aménagement des Terrains Urbains et Ruraux), le très populaire Zambo Amougou a été happé très tôt le matin du 14 Juillet 2017 par une escouade importante de policiers à son domicile sis au quartier Ngousso, conduit au tribunal criminel pour être auditionné et enfin déféré à la prison centrale de Kondengui à 21 Heures par un juge du TCS à travers l’émission d’un mandat de détention provisoire de 6 mois a-t-on appris de sources sûres.

Une grosse baleine ?

Le tribunal criminel spécial sous l’ère Emmanuel Ndjéré vient-il de procéder à sa première arrestation d’envergure ? Dans une léthargie depuis des mois voire des années, l’on avait plus entendu parler d’arrestations.

Sur le profil du prévenu, il faut comprendre que Zambo Amougou Jean Marie est un Ingénieur de Conception de Génie Civil sorti de Polytechnique et n’ayant connu dans sa riche carrière qu’une seule société. Membre du Conseil du BIT (Bureau International du Travail), il occupe encore le poste de Président Confédéral de la Confédération Syndicale des Travailleurs du Cameroun (CSTC).

La CSTC, monstre social ayant dans son escarcelle plus de 500 syndicats de base, 58 Unions Départementales des syndicats, 10 Unions Régionales des syndicats, 30 syndicats nationaux et fédérations sectorielles et enfin 2 500 Délégués du personnel dans toute la République ; est celle-là qui a vu Zambo Amougou Jean Marie se forger une notoriété nationale qui l’aura mené partout où la défense de la veuve et l’orphelin était nécessaire. Fin stratège en négociation et aguerrit sur les questions du droit des travailleurs, il sera même solliciter par le gouvernement et le Ministre Grégoire Owona pour représenter l’Etat lors de la dernière assise de l’OIT en Algérie. C’est lorsqu’il s’apprêtait à embarquer à l’aéroport pour l’Algérie qu’il sera pour la première fois notifié de ne point sortir du pays par un Officier de police judiciaire du TCS sans que ses documents de voyage ne lui soient retirés.

Depuis le soir du 14 Juillet 2017 où sa mise en détention provisoire et son embastillement à la prison centrale de Kondengui est acté, sa famille syndicale encaisse le choc et à l’unisson lui adresse au fur et à mesure leur soutien incontestable dans cette épreuve.

Que reproche-t-on exactement au prévenu ?

D’après nos sources, l’affaire qui emmène Monsieur Zambo Amougou Jean Marie à la prison centrale de Kondengui porte sur un présumé détournement et corruption de plus de 800 millions de Fcfa du temps où il exerçait la fonction de Directeur Commercial à la Maetur. D’après quelques secrets de l’audition qui était la deuxième du genre, il lui a été reproché tout au long de sa fonction d’avoir vendu des terrains de l’Etat en dessous de leur valeur et permis une perte sèche à la société de plus de 800 millions de Fcfa. Si cette accusation est absurde car ne reposant sur aucune logique, il faudrait tout de même noter qu’à l’époque des faits la Maetur dirigée par Emmanuel Etoundi Oyono avait réussi en fin d’année à produire un compte d’exploitation positif ayant dégagé des bénéfices

importants. Ce qui, toujours à l’époque, permettra au Directeur General Emmanuel Etoundi Oyono de procéder l’année suivante à l’achat de matériel de BTP pour de futures prestations de la société. Comment une société qui avait fait des pertes pouvait-elle investir des milliards l’année suivante sera la question à laquelle le juge d’instruction devra répondre dans les 6 prochains mois afin d’ouvrir le procès.

Guerre des réseaux

D’après plusieurs témoignages, le harcèlement judiciaire dont fait l’objet Zambo Amougou Jean Marie qui le conduit aujourd’hui en prison serait dû à la réaction de son beau-père le Général Asso’o Emane Benoit. Après 10 mois de salaire bloqués par Louis Roger Manga, le Directeur de la Maetur et sentant sa vie en danger ainsi que celle de sa famille, Zambo Amougou Jean Marie serait allé se confier et promesse avait été faite par le General de tirer cette affaire au clair au plus vite. Sidéré par ce manque de considération à l’endroit de son gendre qui a toujours donné le meilleur de lui pour la Nation à travers plusieurs interventions dans la République (crise sociale à Lom Pangar, etc) et au-delà du Cameroun, le General Asso’o Emane Benoit utilisera son relationnel. Mais cela n’aura pas hélas suffit pour faire fortement pencher la balance.

D’après une enquête, Zambo Amougou a d’abord été auditionné pour la même affaire, il y a moins de 3 mois de cela. Après cette première audition réalisée par un Colonel, l’ancien Président du TCS Monsieur Yab Abdou avait décidé de ne pas poursuivre l’affaire. Certainement faute d’éléments suffisant pour procéder à la mise en détention du prévenu. Après le départ de ce dernier et l’arrivée à la tête du TCS de l’ancien Sécrétaire Général du Ministère de la Communication et Enseignant de droit à l’ENAM (Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature) Monsieur Emmanuel Ndjéré, Le chamboulement aurait alors permis au réseau antagoniste d’accélérer la pression qui conduit aujourd’hui Zambo Amougou en prison. Sachant que le General Asso’o Emane Benoit se faisait soigner en Afrique du Sud, moment propice pour passer à l’acte, les membres du réseau de Louis Roger Manga se lèchent désormais les babines en ayant poussé Emmanuel Ndjéré, nouveau Président du TCS, à présenter sa première lacune aux yeux de tous.

D’après plusieurs analystes, le nouveau Président du TCS est certes un bon Enseignant de droit mais semble avoir perdu quelques repères dans la pratique au quotidien du droit en tant que Magistrat de siège. La meilleure école se pratiquant sur le terrain, avec l’affaire Zambo Amougou, l’on comprend très vite que les qualifications et appréciations des dossiers portés à son attention sont à forts relents de pressions hiérarchiques et de manipulations à des fins inavouées contrairement à la présidence de Yap Abdou au même poste qui était de plus en plus marquée par une volonté de matûration des dossiers avant une prise de décision extrême à l’encontre d’un prévenu. A la question est-on retourné vers un appareil utilisé par certains réseaux de pression camerounais pour régler des comptes ? Peut-être n’en est-on pas encore là. Mais à l’observation sur ce type d’arrestation sans que la procédure judiciaire ne soit assez maturée, est-on si loin éloigné ? Pour arriver au choix de la mise en détention provisoire de Zambo Amougou Jean Marie il aura juste fallu deux auditions. Une curiosité qui laisse transparaitre le sort des prochains appelés pour audition par l’équipe Ndjéré. Avec une appréhension de sort déjà scellé lorsque vous vous rendez à une audition pourrait-on encore parler d’enquête préliminaire ?

La vraie affaire Manga contre Zambo

Afin de mieux comprendre le déferrement de Zambo Amougou Jean Marie, il faudrait d’abord connaitre les relations qu’il entretenait professionnellement avec Louis Roger Manga.

D’après une enquête bien menée, le grief opposant Louis Roger Manga à son ancien collège débute spécifiquement par une lettre datant du 21 Février 2011.

A l’époque Emmanuel Etoundi Oyono était Directeur Général de la Maetur. Voulant faire l’état des acquisitions des terrains pas encore vendus et appartenant à des employés, il va transmettre une lettre officielle à tous les employés au N°1163/DG/EEO/ZZB et datée du 5 Juillet 2010, leur demandant de s’acquitter du paiement de leur créances dues à la société pour l’acquisition des terrains. La note qui prescrivait ainsi le recouvrement des créances du personnel par prélèvement mensuel sur leurs salaires, était tout à fait déontologique et logique au regard de la situation financière peu reluisante qu’avait trouvé Etoundi Oyono à son arrivée.

Louis Roger Manga à l’époque des faits occupait alors le poste de Délégué Régional pour le Littoral de la Maetur mais avait procédé à l’acquisition de deux parcelles au quartier Ngousso Hopital Général de Yaoundé auprès de la Maetur au moment où il occupait le poste de Chef de département de la stratégie, du développement et de la restructuration urbaine à Yaoundé au siège social de la société et n’avait procédé à aucun paiement. Le 21 Février 2011 soit quelques mois après la note du Directeur Général Etoundi Oyono concernant le recouvrement des créances dues, Louis Roger Manga va lui adresser une correspondance avec pour objet « Ngousso HGY. Paiement de ma parcelle sur mon salaire ». Dans cette correspondance, l’actuel Directeur de la Maetur Manga Louis R. « déplorait » le fait que son affectation et son installation à Douala ne lui avait pas permis de réagir promptement à la note de sa hiérarchie mais tout de même acceptait de payer sa « dette » par prélèvement sur son salaire comme prescrit par Etoundi Oyono. La correspondance côté à Monsieur Zambo Amougou Jean Marie, alors Directeur Commercial et chargé d’exécuter les ordres et consignes de sa hiérarchie avait comme annotation au bic « Pour étude et suite à donner »inscrite sur une copie de la lettre par Etoundi Oyono. Professionnellement, Zambo Amougou va traiter cette demande de moratoire et demandera à la direction administrative et financière de lui fournir des renseignements sur le compte salaire de Louis Roger Manga et c’est ce qui sera fait. Constatant que ce compte salaire était à l’époque bloqué par un AVI (attestation irrévocable de salaire), il va immédiatement rendre compte à Etoundi Oyono.

Pour mieux comprendre, il faudrait savoir que Zambo Amougou avait constater qu’il était impossible de faire des prélèvements supplémentaires sur le compte de Louis Roger Manga pour procéder à l’apurement de sa dette vis-à-vis de la Maetur car ce compte avait déjà fait l’objet d’un emprunt auprès de la banque qui procédait aux recouvrements chaque mois du remboursement et des intérêts de cet emprunt.

Ayant rendu compte au Directeur Général Emmanuel Etoundi Oyono, il sera demandé à Zambo Amougou de procéder à la vente desdites parcelles aux clients.

En Mars 2012 lorsqu’Emmanuel Etoundi Oyono est renvoyé au port de Douala par le Président Paul Biya à travers un décret, ce dernier va proposer le nom de Zambo Amougou Jean Marie pour le remplacer. Plus ancien de la société, ingénieur de conception de génie civil et syndicaliste de haut vol, le profil de Zambo Amougou n’avait aucun pareil pour reprendre la société et continuer de l’a mené vers de meilleurs auspices. Malheureusement au Cameroun, seul le caractère discrétionnaire d’une nomination permet encore de jeter le doute sur les choix du Chef de l’Etat.

Le 13 Septembre 2012, tout de même, le décret pour remplacer Etoundi Oyono à la Maetur tombera et sous le N°2012/375 Monsieur Louis Roger Manga et Mbong Michael Mbine sont respectivement nommés Directeur Général et Directeur Général Adjoint à la Maetur. Sitôt arrivé au poste et après quelques jours, Louis Roger Manga adresse une note à Zambo Amougou et à Amadou Logone leurs enjoignant de lui faire l’état des parcelles de Ngousso HGY appartenant au client Louis Roger Manga. Les réponses des deux cadres de la société seront sans appel « déjà vendus ». Ainsi la déchéance de Zambo Amougou débutera.

Un bourbier complexe

A la vérité de cette affaire, le juge du TCS qui le met sous mandat de détention provisoire n’est pas celui-là qui a mené le premier interrogatoire. En signant un mandat de détention provisoire de 6 mois, il croit pouvoir comme des grands noms de la magistrature, se frayer une place parmi ces figures qui ont fait tomber des pontes du régime très importantes. S’il est vrai que Zambo Amougou Jean Marie, Conseiller technique à la Maetur est tout de même une grosse baleine de par ses nombreuses fonctions et responsabilités au sein de plusieurs conseils d’administration de sociétés, il faut tout de même croire que l’affaire n’est pas bouclée et qu’il faudrait démontrer l’implication singulière de ce dernier dans le détournement ou encore la soit disante perte de la société lorsqu’il exerçait la fonction de Directeur Commercial de la Maetur sans ajoutant que l’ancien Directeur General Emmanuel Etoundi Oyono est décédé et que dans ce dossier il aurait signé quelques mandats officiels à Zambo Amougou pour agir pour la société dans certains cas et dans le cadre du travail strictement professionnel de la société. Des mandats qui n’ont rien a voir avec l’encaissement et la gestion de fonds de la société car il existe et existait toujours à l’époque une Direction administrative et financière qu’à même occupé Louis Roger Manga pendant une certaine période.

Tout n’est pas jouer pour Louis Roger Manga et ses acolytes et le séjour à la prison centrale de Kondengui pourrait au contraire accélérer d’autres enquêtes déjà ouvertes après des contrôles de plusieurs structures d’Etat à la Maetur. L’arroseur sera-t-il arrosé. Just Wait and see. 

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