Mode : Imane Ayissi et ses héroïnes namibiennes
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FRANCE :: Mode : Imane Ayissi et ses héroïnes namibiennes

Le styliste franco-camerounais a célébré les femmes herero dans son défilé lors de la semaine de la haute couture à Paris.

Un quart de siècle de défilés parisiens permet au créateur Imane Ayissi d'engranger une riche expérience. Par exemple, celle de présenter ses collections uniquement lors de la semaine de la haute couture et de préférence le dernier jour. Cette semaine attire les acheteurs du monde entier. Elle permet aux nombreux labels présents à côté des maisons officielles, approuvées par la Fédération de la haute couture et de la mode comme Chanel ou Christian Dior, de sortir de l’anonymat en dévoilant leur collection lors des showroom ou des défilés, les professionnels prenant davantage leur temps que dans les Fashion Week traditionnelles.

Alors que les autres défilés dévoilent les collections automne/hiver 2017-2018, celui du créateur camerounais, présenté à deux pas de l’Arc de triomphe, anticipe déjà le printemps/été 2018 tout en comprenant quelques silhouettes pour l’hiver prochain. Imane Ayissi précise à propos de sa collection baptisée Heroes, « l’idée m'est venue en admirant les beaux costumes si théâtraux du peuple herero, dans le livre Conflict and Costume du photographe britannique Jim Naughten que j'ai découvert chez un ami » et de poursuivre : « C'est incroyable que ce peuple s'habille de nos jours avec ces robes victoriennes en patchwork faites de centaines de pièces de tissu assemblées, comparables à un travail de haute couture, alors qu'il cache une histoire dramatique. »

Quand la mode convoque l'Histoire

En effet, les Herero ont été victimes du premier génocide du XXe siècle. Suite à une révolte dans le Sud-Ouest africain allemand, actuelle Namibie, environ 80 % du peuple herero et 50 % du peuple nama ont été exterminés par les forces du Deuxième Reich entre 1904 et 1908, soit 65 000 Herero et 10 000 Nama. Dans les camps de concentration ouverts dès 1905, les prisonniers herero et nama succombèrent aux mauvais traitements, au travail, à la maladie et à la malnutrition tandis que des crânes de victimes furent envoyés en Allemagne à des fins de recherche scientifique raciale.

Néanmoins, les survivants se sont réapproprié leur héritage et les codes vestimentaires de l'époque en les détournant. De Herero, les victimes de l’Histoire en deviennent des héros selon Imane Ayissi. « J'avais envie d'ajouter une touche moderne en allégeant ces robes tout en utilisant beaucoup de soie, du coton laqué avec du blanc d'oeuf réalisé artisanalement en Chine et des imprimés tie and dye du Cameroun », explique-t-il. Certaines de ses robes patchwork sont tout de même composées de 238 pièces ! Devant tant de sophistication esthétique, il ne reste plus qu'à souhaiter au styliste camerounais que la Fédération de la haute couture et de la mode s'intéresse de plus près à son travail.

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