Hémodialysés: le supplice des malades se poursuit au Cameroun
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Hémodialysés: le supplice des malades se poursuit au Cameroun :: CAMEROON

Malgré les discours, les hémodialysés  vivent depuis une dizaine d’années un véritable calvaire. Leur prise en charge reste onéreuse, malgré la subvention des soins par le gouvernement. En plus, ceux qui disposent des moyens pour leur traitement n’en ont pas accès. Pas toujours évident de trouver une structure hospitalière adéquate dans leur ville de résidence. Le pays ne compte que huit centres d’hémodialyse, avec trois à Yaoundé (hôpital Général Centre hospitalier universitaire et Garnison militaire).

Cinq régions attendent toujours de jouir de ce privilège. Ici encore, il faut gérer les coupures d’eau et d’énergie électrique, sans négliger les pannes des machines déjà en nombre très insuffisant. Conséquence, des trois séances de dialyse que leur impose la thérapie, les insuffisants rénaux ne peuvent se contenter que de deux dans le meilleur des cas, sinon d’une ou de pas du tout. La mort est donc à leur chevet au quotidien.

Mutations a fait un incursion dans le quotidien des malades à Bafoussam, Douala, Ebolowa et Yaoundé..

Dossier coordonné par Adrienne Engono Moussang

Bafoussam: aucune unité de prise en charge: Des patients orientés vers Bamenda, Douala et Yaoundé.

Par Robert Nkaké

La situation des malades insuffisants rénaux préoccupe le personnel médical et sanitaire de l’hôpital régional de l’Ouest à Bafoussam. Même s’il est difficile de dire avec exactitude le nombre de patients détectés sur le champ et leur vécu quotidien, dans leur domicile respectif, il faut reconnaitre que ces cas sont confiés ailleurs, faute d’un centre d’hémodialyse. «Tous les cas d’hémodialyse diagnostiqués dans notre formation hospitalière sont référés vers des centres fonctionnels à Yaoundé, Douala et Bamenda.

Il y a un nombre de cas considérables et réguliers. Mais beaucoup de patients ne nous parviennent pas, sachant qu’il n’y a pas de centre disponible et qu’ils ne peuvent pas bénéficier de la prise en charge», explique, le 06 juillet dernier, le directeur de l’hôpital régional de l’Ouest à Bafoussam, Dr. Gérard Fetse Tama. Le traitement est coûteux. Et une fois dans une salle équipée de machines, le patient est connecté à un filtre d’épuration de son sang assisté par ordinateur, pendant deux séances de dialyse de quatre heures hebdomadaire.

Ce qui n’exclut pas d’évoquer le facteur chance, qui permettra que le centre d’hémodialyse en construction au sein de cet hôpital, soit opérationnel d’ici la fin d’année 2017. L’ouvrage en construction permettra aux malades de trouver satisfaction et d’éviter des déplacements exorbitants.

Ebolowa: affluence des patients au centre: A l’origine, la rupture annoncée des kits dans les hôpitaux des autres villes.

Par Guy Roger Mvondo

Depuis le début des tensions des kits de dialyse dans les centres d’hémodialyse du pays, celui de l’Hôpital régional d’Ebolowa (Hre), ne désemplit pas. Des patients en provenance du Cameroun profond trouvent leur salut dans cette structure qui accueille aujourd’hui même les étrangers. «Depuis quelques semaines nous recevons ici trois catégories de malades. Les patients permanents au nombre de 34, sont reçus deux à trois fois par semaine selon les cas et selon un planning préalablement élaboré. A côté de ces derniers, se trouvent des patients dits touristes c’est-à-dire venant des autres centres du pays et des étrangers», informe le major Joseph René Nnanga Ebo’o.

En attendant une nouvelle livraison des kits, tout le monde dialyse. Toutefois, le stock disponible reste de plus en plus influencé par les perturbations observées dans les autres centres du pays. Les séances de dialyse qui coutent 5000 Fcfa par malade, durent 3heures pour les patients du troisième âge et 4 h pour le reste. Ici, le travail est fonction de la demande. «Dans ce service il n’y a pas d’heures de travail fixe. Quand il y a affluence, on travaille 24 h sur 24», assure le major.

A côté de cette santé de façade, subsistent quelques soucis d’ordre professionnel et même opérationnel. «Actuellement, un des huit générateurs de dialyse dont dispose le centre est en panne. Mais la plus grosse difficulté à la quelle nous faisons face reste l’insuffisance du personnel qualifié. Car l’essentiel du travail est supporté ici par 4 infirmiers dialyseurs seulement», regrette M. Nnanga Ebo’o.

Pour l’administration de l’hôpital, la principale entrave au fonctionnement optimal du centre reste la fourniture mitigée de l’énergie électrique. «Les coupures intempestives d’énergie exposent les équipements du centre qui ont pourtant une autonomie de 20 min sans courant aux pannes. Pour l’instant, le groupe électrogène de l’hôpital permet de soulager les patients, mais nous ne sommes pas à l’abri des surprises», s’indigne le Dr Jean Claude Abossolo, directeur de l’Hre.

Hôpital général de Yaoundé : Des dialyses au ralenti: La réduction des séances favorise la survenue des complications chez des malades.

Par Paulette Ndong

Le communiqué du ministre de la Santé publique du 30 juin indique que les kits de dialyse devaient être disponibles dans une dizaine de jours. «Nous attendons d’être ravitaillé cette semaine. Nous avons également reçu du matériel il y a quelques jours», déclare un personnel du service de néphrologie de l’Hôpital général de Yaoundé (Hgy). Sauf que l’on apprend que l’arrivée de ce matériel vivement attendu n’a pas véritablement amélioré la prise en charge des patients nécessitant une dialyse. «Rien n’a changé depuis la grève du 29 juin», déplorent des malades.

Les malades à dialyser en grève

Les consommables et les coupures d’eau sont toujours irréguliers. Pourtant le Pr Claude Ndam Njitoyap, directeur de l’Hgy affirme que «pour une séance de quatre heures, un patient a besoin de 120 litres d’eau». A ces défaillances, ils ajoutent le nombre insuffisant de machines. «Lors de la première grève, le ministre nous avait promis 25 machines », rappelle madame Abessolo. Selon elle, seuls neuf sur 16 appareils sont fonctionnels. «Nous sommes toujours soumis à une séance par semaine», déplore-t-elle.

Le Dr Nono, néphrologue signale d’ailleurs que les sujets doivent suivre au moins deux séances de dialyse par semaine. Ce procédé thérapeutique (dialyse) temporaire ou définitif permet donc au patient d’éliminer les toxines. Tout comme de  l’eau contenues en trop grande quantité dans son sang. On l’utilise lorsque ses reins ne sont plus capables d’assurer leur fonction. C’est à dire le maintien de l’organisme dans un équilibre en eau, en sodium, en potassium et en calcium.

La dialyse et le respect du nombre de séances sont donc très importants pour l’équilibre du malade. Selon les spécialistes, si ce traitement n’est pas respecté, la maladie peut se compliquer. Cela peut entrainer le malade au coma ou à la mort. C’est ce qui est déjà arrivé à 32 des 160 patients réguliers de l’Hgy depuis octobre 2016.

Centre hospitalier universitaire de Yaoundé (Chuy): Kits insuffisants: L’unité d’hémodialyse incapable de satisfaire la demande en permanence.

Par Guy Martial Tchinda (Stagiaire)

Lazare M. vient de finir sa séance de dialyse rénale ce matin du 11 juillet 2017. Il est plutôt content car cela n’est pas toujours aisé. Ils sont plus de 300 malades d’insuffisance rénale enregistrés au Centre hospitalier universitaire de Yaoundé (Chuy). Tous se partagent le peu de kits fonctionnels d’hémodialyse de cette formation hospitalière.

En effet, «l’unité d’hémodialyse du Chuy compte neuf appareils fonctionnels. Trois sont dans la petite salle et six dans la grande». déclare Milène F., garde malade. Un nombre qui, contre toute attente, reste très insuffisant pour les patients qu’accueille cet hôpital. Lesquels nécessitent chacun deux à trois séances de dialyse de quatre heures chacune, par semaine.

Le chef de cette unité n’a pas voulu s’exprimer sur le sujet sans l’accord de sa hiérarchie. Cette situation dure depuis plusieurs mois déjà. Elle amène les patients à se déplacer momentanément pour se faire prendre en charge dans d’autres villes. Cela n’est pas à leur avantage. «Par moment, on arrive ici (Chuy Ndlr) et il n’y a aucun kit prêt à accueillir mon père. Son insuffisance rénale a atteint un stade chronique.

Nous sommes donc obligés d’aller par exemple à Ebolowapour le traitement», déplore une source anonyme.  Les familles de ces patients devront donc en plus des 5000 Fcfa des soins, débourser de faramineuses sommes d’argent pour leurs transport et séjour dans d’autres villes.

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