Affaire Michel Thierry Atangana : La dette s’alourdit
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Le groupe de travail interministériel mis sur pied dans le cadre des enjeux financiers a rendu sa copie, mais rien n’avance.

Le 24 février 2014, Michel Thierry Atangana a été libéré à la suite d’un décret présidentiel de remise de peine. Il avait été détenu pendant 17 ans pour détournement de fonds publics. Au fil des années, il n’a cessé de se battre, à travers notamment un ensemble de soutiens en France, pour recouvrer la liberté. L’acte du chef de l’Etat en février 2014 pouvait donc apparaître comme l’aboutissement de ce combat de plusieurs années. Non, pourtant !

Si l’ex-détenu peut aujourd’hui goûter à la liberté, il continue pourtant d’attendre de l’Etat camerounais la suite du processus initié. Notamment les enjeux financiers de cette affaire. En octobre 2016 devant le Groupe de travail de l’Onu contre la détention arbitraire, l’avocat de Michel Thierry Atangana laissait entendre que des travaux avaient été entrepris au niveau du gouvernement camerounais pour aboutir à un terrain d’entente. Celui-ci remerciait notamment le chef de l’Etat camerounais pour avoir mis en route « un processus qui pourrait déboucher sur l’application des recommandations du Groupe de Travail en mettant en place une commission interministérielle chargée de proposer une solution sur les enjeux financiers des problématiques ayant conduit à la détention de M. Atangana ».

D’après nos sources, le groupe de travail interministériel devait déterminer le montant de la créance du Cameroun envers le consortium d’entreprises mis sur pied en 1992 pour financer le Copisur. Il ne s’agissait pas de la première initiative de ce type, car une enquête avait déjà été menée en 2012 par la Délégation générale à la sûreté nationale (Dgsn) à la demande du secrétaire général à la présidence de la République. Elle avait évalué les enjeux financiers cachés de l’affaire à 278 milliards de Fcfa.

Ce dernier aurait reçu les résultats des différentes initiatives et, toujours d’après nos sources, le Cameroun devrait payer plus de 300 milliards de francs Cfa à ce jour. Une dette qui pourrait augmenter encore. En effet, au moment des accords, les fonds mis à la disposition du Cameroun sous forme de prêt par les entreprises devaient produire des intérêts de 10%, d’abord sur la créance normale, mais de 10% également pour les retards.

Est-ce l’importance actuelle de la créance qui retarderait les autorités camerounaises ? Il faut préciser que le dossier n’a pas été porté au tribunal. Les parties ayant choisi de négocier. Mais la durée de l’attente semble poser un problème aux entreprises. « Le dossier a été lancé en 2008. Ça fait presque dix ans. La logique extrajudiciaire ne veut pas dire qu’on va attendre indéfiniment », indique une source.

Pour Me Jean Djeuko, avocat de Michel Thierry Atangana, « ça donne l’impression qu’on veut jouer sur le temps ». Or, il faudra payer un jour, pense-t-il. Avec des intérêts toujours croissants. Et au moment où le Cameroun a passé un nouvel accord avec le Fonds monétaire international on peut se demander si cette autre dette ne constituera pas pour longtemps un caillou dans sa chaussure.

Non seulement du fait du poids de la créance, mais également par rapport à la crédibilité du pays auprès des investisseurs. « Ce dossier a fait fuir beaucoup d’investisseurs. Le Medef a posé ce problème en 2013 », indique une autre source.

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