Cameroun: LETTRE DE SUPPLICATIONS D’UN « JEUNE » à PAUL BIYA
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Cameroun: LETTRE DE SUPPLICATIONS D’UN « JEUNE » à PAUL BIYA :: CAMEROON

Excellence Monsieur Président,Monsieur le président de la république, permettez-moi de m’adresser à vous comme un fils qui s’adresse à son père.Vous m’autorisez donc de vous tutoyer conformément aux usages de l’Afrique traditionnelle que je sais vous maitrisez très bien.

Je n’avais que deux ans en 1982 lorsque tu accédais à la magistrature suprême au Cameroun, remplaçant au pied levé ton prédécesseur Ahmadou Ahidjo que tu avais accompagné dans

Diverses hautes fonctions au sein du gouvernement où tu es entré en 1962, à l’âge de 29 ans seulement. J’ai grandi comme plus des ¾ des Camerounais en ne connaissant que toi comme Président de la République du Cameroun. Je suis père et peut-être bientôt grand-père comme toi. On m’a dit que lorsque tu accédais au pouvoir, les Camerounais t’avaient tant et si bien aimé et accueilli qu’ils t’avaient donné tous les pouvoirs, y compris traditionnels et mystiques pour les gouverner dans la rigueur, la moralisation et la justice sociale que tu leur avais promises avec le ta politique du Renouveau. On m’a aussi dit que tu étais beau, sage, intelligent et même un peu nationaliste. Tout ça permettait aux Camerounais qui avaient vécu sous la dictature féroce du régime Ahidjo auquel tu appartenais, d’espérer tourner la page.Je te rappelle que j’ai perdu beaucoup de parents dans les grandes luttes de libération du Cameroun contre l’ordre colonial. Tu promettais la liberté, la dignité et le progrès légitimes pour tous tes compatriotes. Après, tu as même promis et apporté la démocratie et le multipartisme au Camerounais afin de légitimer ton pouvoir et ton interminable séjour au Palais du Peuple d’Etoudi. Avec ton parti le RDPC, tu as gagné toutes les élections, au point d’avoir des majorités quasi encombrantes et obèses au parlement et dans nos communes. Ton opposition est laminée et réduite à son expression la plus symbolique, sinon ridicule. On dirait qu’elle n’aspire même plus à te remplacer un jour, même si tu déménageais volontairement d’Etoudi.

Malgré tout ça, ton cortège passe toujours trop vite à la poste Centrale de Yaoundé et les militaires trop nerveux sont partout pour nous empêcher même de te saluer. Jamais tu ne viens dans tes propres universités, même pas pour accompagner le président italien Sergio Mattarella en visite officielle au Cameroun à ton invitation en mars 2016. Il a été fait Professeur Honoraire à l’Université de Yaoundé I, en ton absence.Papa, nous les « jeunes » de moins de quarante ans te connaissons uniquement à latélévision. Tu ne nous as jamais reçus, même pas nos compatriotes de ce fameux Conseil National de la Jeunesse du Cameroun qui s’est vidé de toute sa substance. Tu n’as pas non plus reçu tous ces jeunes de la diaspora qui sont venus afin lancer leur Forum à Yaoundé en cette fin de juin 2017, sous tes fenêtres au Palais des Congrès. Ils sont venus afin de t’aider à bâtir ta nation, au lieu de t’insulter sous les fenêtres de l’Hôtel Continental de Genève en Suisse quand tu vas te reposer un peu chez les Blancs, avec beaucoup de tes ministres et collaborateurs, au frais de tes concitoyens qui n’ont pas toujours assez d’électricité et d’eau même dans les hôpitaux de référence qui manquent de kit de dialyse pour l’insuffisance rénale. Papa, est que tu sais que tes compatriotes meurent encore par manque d’eau, en 2017 ?

Très cher Papa,

J’ai toujours peur de Boko Haram et de leurs affidés, même si notre armée et nos comités de vigilance se battent avec un courage exemplaire pour les éradiquer. Nous avons peur des débordements de la crise anglophone tout en espérant qu’elle va se calmer si tu remets afin sur les bons rails la décentralisation que tes fonctionnaires ont confisquée et bloquée depuis 21 ans pour capter et détourner nos rares richesses. Nous avons encore plus peur de ces détournements massifs d’argent et de biens publics ainsi que de la corruption qui continuent allègrement malgré ton opération « Epervier ». j’ai toujours peur de l’enrichissement illicite et scandaleux de tes fonctionnaires qui construisent dans la brousse des grands châteaux et roulent dans les grosses cylindrées alors que ta jeunesse est massivement pauvre et au chômage. Je suis chrétien pratiquant, et je peux te dire que la grande peur règne au sein de l’Eglise catholique après

l’assassinatsauvage de l’évêque de Bafia. Les vrais prêtres sont même très inquiets et fâchés. Pourquoi tant de gens de Dieu et de l’Eglise catholique sont-ils aussi sauvagement assassinés dans ton pays ?

Même comme tu n’aimes pas beaucoup l’Université de ton pays, n’oublie surtout pas les ordinateurs chinois que tu as promis à tous tes étudiants pour cette année académique 2017. Le temps passe et les gars commencent à s’impatienter et ce n’est pas bien. Ne les laisse surtout pas descendre dans la rue pour réclamer ces laptops chinois dont le coût d’acquisition aurait pu nous créer toute une usine au Cameroun pour les produire et donner ainsi du travail aux jeunes.

J’ai encore peur d’une autre dévaluation du Franc Cfa qu’on annonce imminente, avec en prime un autre retour au plan d’ajustement structurel et son cortège d’austérité et de sacrifices imposés par le FMI aux Camerounais déjà violemment éprouvés par les errements et les inepties de tes gouvernements pléthoriques. Le dernier emprunt d’environ 390 Milliards que tu as fait signer par le Cameroun au FMI ne se comprend pas toujours. Quelqu’un a même fait un petit calcul qui démontre qu’en te privant pendant seulement un (01) an de voyages dispendieux hors du pays, le Cameroun pourrait épargner cette somme pour financer ses projets et son économie au lieu d’aller faire la manche au Fonds de Misère Instantanée (FMI).

J’ai même peur de ton opposition qui est si « imbécile » qu’elle ne t’aide pas à gouverner en tant que véritable contre-pouvoir et force de solutions alternatives à ton si long règne. On dirait que tu les as tous maraboutés. Mais à la fin, c’est contre-productif pour ta démocratie et ta gouvernance qui ne brille que par l’inertie et le vol en bandes organisées. Une jeune génération d’acteurs politiques, dont je fais clairement partie, émerge sur la scène nationale et propose d’autres alternatives à l’inertie ambiante. On veut juste contribuer à bâtir ton beau Cameroun. Quand l’un de nous a lancé l’opération « 11 millions d’inscrits » à Elécam, ta soldatesque a sautésur les jeunes à Yaoundé et à Douala. Es-tu au courant, Papa ?2018 est une grande année électorale. Toi et ton parti RDPC allez encore gagner toutes les élections sans coup férir. Pourquoi tes gens tremblent-ils tant quand on demande simplement aux jeunes de s’inscrire comme vous le souhaitez pour le vote citoyen massif?

C’est à cause de ce genre de comportements que certains te traite de dictateur et nous on n’aime pas ça. D’ailleurs, la première fois que je t’ai adressé une simple lettre, il y a des gens qui ont commencé à me chercher pour m’arrêter. Pourtant tu as dit qu’on ne doit plus prendre le maquis pour exprimer ses opinions dans ton pays démocratique. Ils font semblant de t’aimer plus que moi et les autres Camerounais. Il faut vraiment contrôler ces vrais fauteurs de désordre dansta démocratie avancée. Ils doivent comprendre que tu es là pour nous protéger et nous rendre heureux, en tout cas, si tu le peux encore comme tu l’as toujours promis depuis 34 ans. On attend toujours ! N’es-tu pas le Père de la Nation, donc de tous les Camerounais ? Est-ce qu'après toi ce sera le chaos ou le déluge?Que Non ! Nous savons que si par extraordinaire tu venais à perdre l’élection en 2018, tu partiras comme un bon joueur, avec tout le fair-play qu’on te connait. Mais c’est juste une hypothèse très peu réalisable, mais les gens se font peur et te peur font pour rien. Pour l’instant, personne ne peut te battre au Cameroun, à moins qu’un miracle ne se produise.

Très cher Président,

C’était juste la lettre pleine de supplications de ton fils fidèle et dévoué quite prie de veiller encore plussérieusement sur ton pays, si tu le peux encore.Il est menacé parde grands dangersqui l’éloignent de l’Emergence que tu nous promets si les choses ne changent pas enfin.

Très cordialement.

Yaoundé, le 03 juillet 2017

Le Citoyen

Eric Kennedy FOYET

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