Cameroun: Cabral LIBII " Il n’est pas exclu que je sois candidat à l’élection présidentielle de 2018"
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Cameroun: Cabral LIBII " Il n’est pas exclu que je sois candidat à l’élection présidentielle de 2018" :: CAMEROON

Pour de nombreux jeunes, il fait partie de ceux de sa génération qui incarnent la volonté de rupture avec les traditions politiques établies depuis de nombreuses décennies. Dans les états-majors des partis politiques, on ausculte sa démarche. L’initiateur de «l’opération 11 millions d’inscrits aux listes électorales» était à bafoussam le 1er juillet 2017. Au menu, convaincre le plus grand nombre de citoyens de cette partie du pays à se doter d’une carte d’électeur. Outre l’objet premier de sa présence, nous avons interrogé Cabral Libii sur quelques questions qui font polémique autour de son projet réel. ses liens avec les partis politiques existant, les autres organisations ainsi que le bilan à miparcours ont été abordés au cours de cet entretien que nous proposons. Dans la même veine, le trentenaire aborde la question de sa candidature à l’élection présidentielle qui devrait se tenir en 2018.

Qu’est-ce qui justifie votre présence à Bafoussam?

Je suis à Bafoussam dans le cadre d’une opération que j’ai lancée depuis plus d’un mois. Il s’agit de l’opération « 11 millions d’inscrits aux listes électorales à la date du 31 août 2017 ». C’est une opération qui commande d’aller au plus proche de la cible. La cible ce sont les populations qui sont logées dans les dix régions du Cameroun. Je me donne le devoir, autant que les moyens et le temps nous le permettent à mon équipe et moi de faire du porte-à-porte auprès des citoyens pour leur expliquer le bien fondé de s’inscrire sur les listes électorales. Généralement, c’est aussi l’occasion de conforter l’équipe locale qui s’investit pour la réussite de cette opération. C’est une équipe qui fait un travail de fond au préalable. Notamment dans la mobilisation des ressources humaines et logistiques mais aussi en saisissant les démembrements locaux d’Elections Cameroon (Elecam). C’est des jeunes qui cotisent leur argent pour louer les tentes qui abritent les opérations d’inscription tout comme ils mobilisent les potentiels inscrits.

Est-ce qu’on peut quantifier les résultats de cette opération après plus d’un mois d’investissement multiforme?

Effectivement, on peut quantifier les résultats de l’opération. C’est pour nous l’occasion de remercier Elecam même si cet engagement fait l’objet de quelques polémiques. L’opération a commencé timidement.
Beaucoup n’y croyaient pas. Certains nous riaient au nez. Des attitudes que l’on peut comprendre si elle part du postulat que les Camerounais accordent peu d’intérêt aux élections. Nous avons néanmoins convaincu beaucoup qui ont adhéré. Il est question de dire aux Camerounais que certaines choses qui sont dites autour de la chose électorale sont peut-être vraies mais il leur revient de changer la donne en s’inscrivant sur les listes électorales et en participant au scrutin. Au bout de trois semaines, Elecam nous a dit qu’on avait à peine provoqué 300 mille inscriptions de plus dans tout le Cameroun. Evidement on est loin du compte au moment où Elecam nous donne ces chiffres. Nous pensons que pour les deux mois à venir, beaucoup de choses vont se passer. Au moment où nous sommes à Bafoussam, il y a une méga opération au stade de Bepanda avec la participation de nombreux mototaximen qui adhèrent à l’initiative. C’est une mobilisation qui est perceptible sur l’ensemble du pays. Les jeunes ont compris l’importance de s’inscrire sur ces listes électorales et de participer au processus électoral. J’ai bon espoir que lors du prochain comptage, ce ne sera plus 300 mille mais 3 millions

Vous parlez de controverse. Il se dit justement que l’opération 11 millions d’inscrits que conduit Cabral Libii est chapeautée par quelques organisations. Cabral Libii bénéficiet-il du soutien de quelques organisations sensibles à sa démarche ?

L’opération « 11 millions d’inscrits sur les listes électorales » est une opération citoyenne qui est apolitique. C’est une opération qui ne s’indexe à aucune organisation, à aucune organisation politique.
Elle ne s’indexe à un aucun organisme national ou international. Cette opération repose entièrement sur les mains des Camerounais que nous sommes. L’équipe qui m’accompagne est connue de vous. Pour arriver ici, nous avons cotisé notre argent pour mettre le carburant dans le véhicule de l’un d’entre nous. L’équipe qui nous accueille ici a cotisé de l’argent pour louer cette tente et faire de flyers de sensibilisation. Vous pouvez remarquer qu’on n’a pas pu en faire suffisamment parce que nos ressources sont limitées.

Le drame camerounais est qu’on met l’argent avant toute chose. Nous pensons que l’homme passe avant l’argent. Notre conviction est qu’au fur et à mesure que nous avançons, ceux qui croient en cette initiative vont continuer de se mobiliser pour qu’on atteigne le but que nous nous sommes fixé tous ensemble. Nous avons appris à ne plus faire attention aux remarques de ceux qui pensent que des gens ne peuvent pas se mobiliser de manière spontanée et sans avoir été financés. Nous pensons d’ailleurs que cette attitude peut être justifiée par rapport au contexte. Il reste que cette attitude est un peu déplorable. C’est à croire que nous vivons dans un pays où il n y a plus d’altruisme et de conscience citoyenne. Pour notre part, nous ne sommes dans aucune expectative de millions ou de milliards à se partager. Cette attitude justifie pourquoi les gens restent chez eux dans l’attente de la période électorale. Ils attendent justement qu’on vienne leur distribuer de l’argent. La réalité, le plus souvent, c’est qu’ils ne sont même pas inscrits sur les listes électorales.

Figurez vous que ces partis politiques qui vont bientôt déboucher ici avec des grosses voitures et des camions vont les distribuer à des personnes qui ne seront même pas inscrits sur ces listes électorales. Nous pensons que ce ne sera pas le cas cette fois. Ils trouveront des personnes qui savent ce que valent les cartes dont ils sont détenteurs. C’est des gens qui sauront pour qui ils vont voter le moment venu. C’est l’occasion de vous dire qu’après cette opération, nous allons lancer une autre campagne. Nous allons dire aux gens ce que c’est exercer son droit citoyen. Le gens sauront désormais comment voter et dans quel but on vote. Il est évident qu’une fois de plus, certains diront qu’on nous a donné de l’argent pour le faire. Ceci dit, nous tendons la main à l’Etat, aux partis politiques et à tous ceux qui reçoivent de l’argent pour faire le travail que nous faisons en ce moment sur le terrain. La différence c’est que nous partons du postulat que ça fait six ans que la refonte des listes électorales a été lancée. Les chiffres qui nous ont été donnés par Elecam faisaient état de seulement 6 millions 500 mille inscrits aux listes électorales. Ça veut dire qu’il y a un million de moins qu’en 2011, il y a 7 ans. A cette époque, il y avait 20 millions de Camerounais selon les chiffres officiels rendus publics par le Bucrep. Lorsqu’on considère que le taux de croissance démographique est de 3,1 pour cent, on arrive à la conclusion logique que nous serions aujourd’hui autour de 26 millions de personnes. Comment expliquer qu’il y ait eu 6,5 millions d’inscrits et 5 millions de votants ? Si nous restons à 6 millions d’inscrits alors que nous sommes 26 millions, cela veut dire qu’il y a 20 millions de personnes qui ne se sentent pas concernées.

Dans le même temps, on peut considérer que le potentiel de personnes en âge de voter est contenu entre 13 et 14 millions. Ça veut dire qu’il y a un problème. En décembre 2016, même pas la moitié des Camerounais en âge de voter n’étaient inscrits. Ça veut dire que les partis politiques ont échoué. Ils n’ont pas pu mobiliser. C’est pour cela que nous les invitons à participer à cette campagne ou à nous aider à aller à la rencontre de nos compatriotes. Nous tendons la main même aux organismes internationaux. On entend dire que certaines Organisations non gouvernementales (Ong) sont financées par l’Union européenne à hauteur de 100 millions. Nous leur disons «Nous n’avons pas d’argent. Partagez un peu avec nous pour qu’on puisse atteindre l’objectif d’inscrire le maximum de personnes aux listes électorales.» Qu’à cela ne tienne, nous n’avons pas attendu. Par notre volonté et notre détermination, nous sommes sur le terrain.

L’autre polémique est liée à la candidature de Cabral Libii à l’élection présidentielle de 2018. Nous posons la question de manière triviale. Cabral Libii est-il candidat à l’élection présidentielle prévue en 2018?

Je vous réponds de manière aussi triviale. Quel est l’intérêt d’aborder la candidature de Cabral Libii à l’élection présidentielle maintenant ? Je vous ai dit qu’il y a 6 millions et demi de personnes inscrites aux listes électorales. Dans le même temps, il y a des dizaines de personnes qui s’empressent de dire qu’elles sont candidates à l’élection présidentielle. Si l’annonce de candidature pouvait mobiliser les gens à s’inscrire aux listes électorales, vous le sauriez. La réalité est que ces annonces n’ont pas provoqué un boom dans les inscriptions. Les gens prennent l’annonce de candidature à l’élection présidentielle comme une Samba brésilienne. C’est une activité qui s’apparente à des grimaces que l’on fait dans la rue. On n’annonce pas une candidature à l’élection présidentielle pour s’amuser. Je pense qu’il y a un préalable. Cela peut se faire dans d’autres contextes. Vous pouvez déclarer votre candidature en France même deux ans avant. Là-bas, on est automatiquement inscrit dans le fichier dès qu’on a 18 ans. Ils ont un système qui permet que l’Etat civil est informatisé.

Ce préalable n’est pas rempli dans notre contexte. La question que je pose tout le temps à ceux qui s’empressent d’annoncer leur candidature est «qui va vous voter?» Il ne s’agit pas de faire des conférences de presse ou de dire qu’on est colonel ou général de la politique pour régler cette question. La conséquence de tout cet activisme que nous constatons chez beaucoup de candidats déclarés est qu’ils iront se faire ridiculiser comme beaucoup d’autres avant eux. Je leur dis serrons-nous les coudes et inscrivons les gens aux listes électorales puisque cela va vous profiter. Je ne vous répondrais qu’à partir du 31 août, peut-être avant, peut-être après, il n’est pas exclu que je sois candidat à l’élection présidentielle. J’ai 37 et j’ai deux ans de plus par rapport à l’âge indiqué pour être candidat à l’élection présidentielle. Je rempli toutes les conditions. Il faut payer 30 millions. Le moment venu, je demanderais à tous ceux qui me supportent de cotiser ce qu’ils peuvent. Si 30 mille personnes donnent chacun mille francs, j’aurais 30 millions et je pourrais payer la caution.

Ce qui compte, c’est le projet de société que je vais présenter. J’ai déjà annoncé que j’entre officiellement en politique en 2018. Le moment venu on va aviser. Si les gens pensent que je peux être candidat à l’élection présidentielle. Si c’est ce que les gens veulent qu’ils s’inscrivent. Si le seuil des 11 millions est atteint aujourd’hui, on va se décider

De nombreuses sources évoquent des tractations de coulisse entre Cabral Libii et quelques formations politiques. Qu’en est-il exactement ?

J’ai effectivement été appelé par deux présidents de parti politique. Ce n’était pas pour des tractations. Ils voulaient que je leur explique ce que je veux. Pourquoi je lance l’opération 11 millions d’inscrits et comment je m’y prends. Je leur ai dit ce que je viens de vous dire. Il s’agit d’Edith Kabang Walla du Cpp et d’Olivier Bilé. Il ne s’agissait pas de tractations électoralistes. De toute façon je ne suis pas disposé à cela pour le moment. 

Il se trouve quand même que certains présidents de partis politiques m’ont fait dire par leur représentant qu’ils ne soutiendraient l’opération 11 millions d’inscrits que si je m’engageais à les soutenir comme candidat à l’élection présidentielle. Vous vous doutez bien que je les ai envoyés balader parce que j’estime que ce sont des blagueurs. 

Je ne suis dans aucune tractation pour le moment. Il y a des représentations diplomatiques qui m’ont sollicité pour que je leur explique ce que je fais. Ils ont par ailleurs reçu beaucoup d’autres personnes. 

C’est vrai qu’il y a beaucoup de personnes et des organisations qui manifestent un intérêt à cette campagne.

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