Cameroun - Afrique centrale : la clé est dans le système !
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Cameroun - Afrique centrale : la clé est dans le système ! :: CAMEROON

Nous devons être profondément reconnaissants envers tous les Africaines et Africains qui, à travers un sacrifice extrême, attirent notre attention de manière brutale sur les nombreux et graves dysfonctionnements de la démocratie en Afrique. Les Ivoiriens ont fait ce sacrifice en 2011, les Gabonais le font actuellement, 5 ans plus tard, et depuis quelques heures les Congolais ont rejoint la vague.

Cependant, ces sacrifices extrêmes seront fortement diminuées en leur valeur si nous autres, Africains et Camerounais en particulier, ne sommes pas capables de surpasser les émotions intenses que ces événements, à juste titre, créent en nous pour tirer les leçons qui nous permettront de progresser de manière significative sur le chemin vers la liberté démocratique, chemin qui, heureusement, a déjà été considérablement important de pays sur le continent.
Aussi bien la crise au Gabon que celle en République Démocratique du Congo nous permettent de tirer des leçons à quatre niveaux principaux :

  •  L’instauration des systèmes électoraux crédibles, légitimes et efficaces
  • La construction d’un leadership africain alternatif
  •  La redéfinition de notre relation avec l'Occident
  •  L’amélioration de la gestion des conflits par les institutions africaines

1. Le défi est dans le sysème 

Je suis consternée par la question « Qui soutenez-vous : Bongo ou Ping ? » Il est surprenant à quel point d’une part, nous sommes extrêmement critiques vis-à-vis de l'Occident et de son ingérence dans les affaires du Gabon, mais de l’autre, nous pensons avoir le droit, sans pour autant posséder la moindre nationalité gabonaise, d'avoir notre mot à dire à propos de celui qui devrait être président du Gabon. Bien que ces deux hommes, dans leur gestion de la situation, contribuent à aggraver le problème tout autant qu’ils ont contribué à le créer, il est important de garder à l'esprit qu’ils sont loin d’être la solution. Celle-ci se trouve au niveau du système.
C’est le système électoral gabonais qui a failli de façon à ne pas fournir un résultat clair qui puisse être accepté par toutes les parties. C’est parce que les Gabonais considèrent ce système comme injuste, contrôlé par l'un
des candidats et ouvert à la fraude qu’ils sont descendus dans la rue pour protester et qu’ils ont été tués et emprisonnés par la suite. C’est de la faillite de ce système que nous devons tirer des leçons si nous voulons éviter de reproduire ce scénario terrible et honteux au Cameroun et ailleurs en Afrique. Il est à noter que l'état actuel de notre système électoral fait des élections au Cameroun une voie hautement improbable de sortie de l’impasse politique actuelle.

• Le système électoral camerounais est fortement contesté et non consensuel. Il n'y a pas eu de véritables tentatives pour impliquer toutes les parties prenantes et pour adopter une approche analytique avec une logique de résolution de problèmes afin de corriger les fautes graves qui ont été relevées depuis des décennies dans ce système électoral.
• Les questions clés telles que l'utilisation efficace de la technologie biométrique (permettant à l'électeur de s’inscrire et de recevoir sa carte d'électeur immédiatement), le bulletin unique et la composition d’ELECAM, bien qu'elles aient été soulevées par une grande majorité des intervenants n’ont presque pas reçu d'attention du gouvernement.
• Le Cameroun compte sur la Cour Suprême pour assurer l'arbitrage en cas de litige. Tous les membres de cette cour sont nommés uniquement par le chef de l'Etat. C’est cette même institution qui a amené le Cameroun à vivre une situation similaire à celle de la Côte d’Ivoire en 1992 en proclamant des résultats qui aujourd'hui encore sont considérés comme faux par la plupart des acteurs autres que le parti au pouvoir. 

La question pour le Cameroun et pour chaque nation africaine avec les élections à venir devrait être : « Comment pouvons-nous concevoir et mettre en place un système qui permet d'assurer des élections transparentes et de publier des résultats précis qui sont acceptés par toutes les parties prenantes ? » Si nous, Camerounais, sommes incapables de poser des actes qui apportent des réponses à cette question, nos frères et sœurs morts ces derniers jours, nos frères et sœurs gabonais morts au cours des dernières semaines, nos frères et sœurs ivoiriens morts il y a cinq ans ; ceux qui fuient leur pays d'origine et deviennent des réfugiés, auraient traversé toutes ces épreuves pour rien.

2. Le leadership poli- tique pour l'avenir de l'Afrique

Il est étonnant que le choix des Gabonais, après avoir été gouvernés par Omar Bongo pendant 42 ans, soit entre son fils qui a déjà été président pendant 7 ans et son gendre qui a fait partie de la classe dirigeante du Gabon pendant plus 25 ans. Ces deux hommes sont des piliers du système qui a fermé les possibilités à l’éclosion d’un nouveau leadership politique au Gabon. Aucun d'entre eux n’a un dossier exceptionnel de service public pour toutes ces années passées dans les sphères du pouvoir. Il n’est pas si surprenant qu'aucun de ces deux candidats ne démontre qu'il aime son pays plus que ne s’aime lui-même. Ali Bongo n'a pas créé un système électoral capable de désigner un vainqueur, sans l'ombre d'un doute. Il avait pourtant pendant sept ans le pouvoir de le faire. Il a utilisé la violence de l'État dans une situation où il semble qu’il été tout à fait possible d'utiliser plus de dialogue et moins de puissance de feu. Même s'il parvient à maintenir les résultats déclarés, il aura une tâche ardue à réconcilier les citoyens de son pays. Jean Ping, par ailleurs, se positionne comme un instrument de l'Occident avec ce qui pourrait parfois être considéré comme des appels pitoyables à l’intervention, même militaire, des puissances occidentales dans son pays. Il aura autant de difficultés à atteindre la légitimité en tant que président.

Les Gabonais ne sont pas seulement pris entre le marteau et l'enclume, il est très difficile de distinguer à ce stade s'il y a un Était-ce vraiment cela le meilleurque le Gabon avait à offrir à son peuple ? Le trou béant qui a été laissé par les meilleurs et plus brillants d'Afrique à la poursuite d’une vie de liberté et de bonheur dans le secteur privé, dans le monde des ONG, dans le mondeuniversitaire, partout, sauf dans le monde politique ; cet énorme vide que nous avons laissé dans les sphères politiques de nos pays continuera à produire l'indignation, la tragédie, la colère et la frustration extrême en ce qui concerne la gouvernance de nos pays. Pourtant, nous continuons à répéter la même histoire encore et encore. Le défi pour un nouveau leadership en Afrique réside dans notre capacité à soutenir les personnes qui sont techniquement compétentes, qui ont une compréhension claire de nos problèmes au niveau de la base, qui maîtrisent la relation entre la politique et l'économie, qui comprennent la dynamique d’un monde global en mouvement constant et qui ont les moyens de négocier de nouvelles relations avec l'Occident.

Le défi pour un nouveau leadership africain réside en notre capacité à nous battre et à obtenir  d’opinion politique. Tant que l’activité politique sera une activité dangereuse, nous allons difficilement y attirer les leaders exceptionnels dont nos pays ont besoin : Jusqu'à ce que nous, en tant que peuple, comprenions une bonne fois pour toutes que « c’est avant tout dans la politique que nous serons en mesure de révolutionner notre avenir», jusqu'à ce que nous décidions sans violence, mais avec une volonté ferme de prendre en charge la gouvernance de nos pays, nous ontinuerons à vivre ce cauchemar encore et encore.

3. Nous et l'Occident

Si nous avons été perturbés par les déclarations de M. Ping et M. Bongo, nous restons bouchbée et nos cerveaux essayent de digérer les déclarations faites par les acteurs politiques français et par la France en tant qu'Etat. La France s’est immiscée dans la politique gabonaise depuis 1839. Le règne d’Omar Bongo a été scandaleusement connu pour ses échanges de protection politique et parfois militaire contre l'accès sans scrupule aux réserves de pétrole du Gabon. Les entreprises françaises se sont enrichies. Omar Bongo et sa famille immédiate (à laquelle les deux candidats appartiennent) se sont enrichis, mais les Gabonais eux sont restés pauvres. Peu importe qui a gagné cette élection, il est inadmissible que des acteurs politiques français et la France, dans sa position d’excolonisateur, intiment des ordres et des ultimatums à un chef d'Etat africain, soit-il sortant. L'effet prévisible a été d'accroître l’ire et les soupçons dans toute l'Afrique francophone à un niveau où la discussion rationnelle est devenue presque impossible. 

Dans ce contexte, la recherche de solutions systémiques est rendue extrêmement difficile. Il y a parfois entre des pays qui exige le silence et une diplomatie de couloir. 4. Solutions africaines aux problèmes africains ? Les Yorubas ont un dicton qui dit : « Si le mur n’était pas fissuré, le cafard ne serait pas entré ». Pourquoi les murs de l'Afrique se fissurent toujours ? Et quand ils le sont où sont nos maçons ? Le silence des voisins du Gabon individuellement et collectivement est assourdissant ! Bien que des centaines de Gabonais traversent des frontières en tant que réfugiés, le reste de l'Afrique centrale reste muet. Pas de déclarations officielles, aucune délégation pour la médiation, aucune aide à ceux qui ont été blessés ou sont en fuite, rien. La réponse de l'Union Africaine a été lente et tiède. Un groupe de médiateurs a été annoncé. Leur visite a été reportée jusqu'à nouvel ordre.

Encore une fois, nos institutions n’ont eu ni le courage, ni la vision à la hauteur de nos challenges.Elles semblent manquer non seulement de compétence,  des solutions à nos problèmes complexes. Tant que nous  qu’Africains, incapables de construire les institutions nécessaires pour répondre à la multitude de défis auxquels notre continent fait face, nous allons toujours nous exposer à des forces et des pouvoirs extérieurs qui interviennent dans nos affaires internes.

Ainsi, après que nous ayons épuisé nos énergies à débattre et défendre Ping ou Bongo ; quand nous aurons fini de déterminer qui des deux est vraiment gabonais et où chacun est né ; quand nous les aurons réinventés en panafricanistes et sauveurs du Gabon ; quand nous aurons fait tout cela nous devrons avec tête froide et esprit clair nous mettre au travail pour :

  •  Instaurer des systèmes électoraux efficaces
  •  Construire un leadership africain alternatif
  •  Redéfinir notre relation avec l'Occident
  •  Améliorer la gestion des conflits par les institutions africaines

Ma conviction est que nous avons la capacité et la volonté d’ "oser inventer" un avenir différent  Party nous participons à ce  Stand Up for Cameroon qui regroupe des organisations de la société civile, des individus et des   politiques. Stand Up for Cameroon a Politique au Cameroun. Il notre nation, il faut créer les systèmes qui permettent des élections  faut reprendre notre pouvoir et construire nous-mêmes la démocratie qui nous convient. Il faut faire le travail nécessaire pour éviter conflit, chaos et les décennies de pauvreté et d’horreurs qui les accompagnent.

Cela ne dépend pas du régime en place, ça fait 56 ans qu’il faillit à cette tâche. Ca ne dépend pas des « opposants », ils ne peuvent rien tout seul. Ca ne dépend surtout pas de la « communauté internationale », elle n’a jamais agi pour la solution durable de nos problèmes.Notre avenir nous appartient, il dépend de nous. Nous Camerounais, nous Africains pouvons inventer un autre avenir pour nous même, à condition de travailler avec détermination, constance, sérieux et intégrité vis- à-vis de nous-mêmes. Il est l’heure de le faire !


 

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