Chantal Teta : Ce forum, c’est juste un gala
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Cette responsable dans une association des Camerounais vivant à l’étranger déplore le manque de communication de la part du gouvernement.

Depuis combien de temps vivez-vous à l’étranger ?
Je vis à l’étranger et précisément aux Etats-Unis depuis 14 ans. Là-bas, j’évolue dans le domaine de la décoration intérieure et j’organise et dirige des projets événementiels.  Je suis également membre de deux des plus importantes organisations des Camerounais de la diaspora : le Collectif des organisations démocratiques et patriotiques de la diaspora (Code) et le Conseil camerounais de transition (Cct).

Selon les autorités, plus de 5 millions de Camerounais vivent à l’extérieur du pays. Pour vous, qu'estce qui explique que la diaspora camerounaise soit si nombreuse ?
L'histoire de la diaspora camerounaise est assez bien connue. Pour des raisons politiques, plusieurs de nos compatriotes ont fui le Cameroun d'Ahmadou Ahidjo qui était un régime brutal, ne laissant pas d'autres choix aux opposants que de partir. Même si certains sont rentrés après l’arrivée du président Biya, d'autres sont repartis du fait des répressions que nous avons connues dans les années 1990 après le retour au multipartisme.

Au-delà de ces raisons politiques, de nombreux Camerounais quittent notre pays pour des raisons économiques afin de trouver de meilleures conditions de vie et de travail et surtout, un meilleur avenir pour leurs enfants. Enfin, il y a de nombreux Camerounais qui viennent pour des études - ce fut le cas de nos élites au pouvoir - mais décident de ne plus rentrer du fait des conditions de vie au Cameroun.

Les Camerounais de l'étranger sont-ils au fait des mesures du gouvernement pour les inciter à revenir?
Honnêtement, il y a un vrai déficit de communication de la part de nos autorités consulaires. Ils sont plus prompts à mobiliser une poignée de courtisans pour applaudir le chef de l'Etat pendant ses visites que d'informer les compatriotes sur ce que fait le gouvernement. Il n'existe quasiment pas de cadre d'échange entre nos ambassades et les compatriotes vivant à l'étranger. Même l'accueil du personnel est souvent déplorable quand vous y allez légaliser des documents officiels et c'est à peine si vous avez des standardistes qui sont capables de vous fournir les informations dont vous avez besoin quand vous appelez. Or, c'est si simple de collecter les numéros de téléphones et les adresses électroniques des uns et des autres pour les tenir informés des mesures que vous évoquez.

Que pensez-vous du Forum de la diaspora (Fodias) organisé à Yaoundé par les autorités ?
C'est un forum comme les autres que le gouvernement organise d'habitude. C'est juste un gala qui permettra au ministère de Relations extérieures de dépenser de l'argent. On ne peut pas se réunir pendant 02 jours et espérer révolutionner quoi que ce soit. Qui a-t-on invité ? Sur quelle base ? Est-ce que ce sont les porteurs de projets d'investissement qui sont invités à Yaoundé ? Pourquoi on n'a pas mobilisé les associations comme le Code et le Cct qui font parfois des propositions qui finissent dans les poubelles ?

Sur le terrain déjà, nos compatriotes qui y vivent ne songent qu'à partir du fait du chômage et des tracasseries pour ceux qui lancent des petites activités. Est-ce qu'on va accorder un traitement de faveur à la diaspora alors que ceux qui sont déjà sur place, ne sont pas écoutés et impliqués ? Le problème du Cameroun est un problème de gouvernance globale et le gouvernement Biya est inapte à trouver des solutions.

Comment le gouvernement pourrait-il collaborer effectivement avec la diaspora de façon à optimiser sa participation au développement du Cameroun ?
Il faut d'abord restaurer un climat de confiance car, le régime redoute la diaspora ou une partie de la diaspora qui serait, selon lui, hostile au pouvoir en place. Pour restaurer cette confiance, il faut modifier le code de nationalité qui avait été mis en place au moment où le gouvernement pourchassait l'Upc (Union des populations du Cameroun, Ndlr) et ses soutiens extérieurs. Richard Bona a posé un acte dans lequel nous nous reconnaissons. Il a refusé d’aller prendre une médaille parce que pour rentrer dans son pays, il doit payer un visa.

C’est une frustration. En outre, beaucoup de Camerounais du Cct et du Code sont la cible des services de renseignement. Nous ne savons pas ce qui va se passer si nous rentrons. Quand on aura un gouvernement moins corrompu, nous allons mettre en place un fonds d'investissement de la diaspora. Nous pouvons toucher au moins 1 million de personnes et des partenaires qui sont prêts à se mobiliser financièrement pour ce fonds grâce auquel nous lancerons des projets dans l'immobilier et dans l'import-export.

Regardez l'Université des montagnes (Udm, Ndlr), c'est un projet dont la diaspora est à la base. Nous pouvons faire pareil en construisant des hôpitaux grâce à ce fonds et en finançant le retour des médecins camerounais qui se comptent par milliers à l'étranger. Le gouvernement doit accompagner les projets et propositions de la diaspora, pas être à la base de ces projets.

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