Jean-Marie Benoît Bala l’évêque aux sandales sans scandale… Adieux
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CAMEROUN :: Jean-Marie Benoît Bala l’évêque aux sandales sans scandale… Adieux :: CAMEROON

Habituellement, ce sont les proches qui pleurent le disparu. Gageons que pour Jean-Marie Benoît Bala, prêtre et Evêque, beaucoup de gens vont se trouver orphelins. D'autres feront l'analyse de son action et l'histoire qu'il a incarnée. Le sacerdoce tel qu’il l’a exercé, l’épiscopat tel qu’il l’a orienté. Mais je veux dire ici ce qu'il a été pour moi et ma génération.

Il était un homme déjà d’église quand je l’ai rencontré en 1987, totalement engagé dans sa sincérité, d'une intelligence supérieure, toujours en avance d'une idée et d'une solution. Il aimait plus que tout la vérité, même si elle était à contre-courant, il pensait que les temps difficiles s'affrontent de face, sans biaiser, sans baisser le regard et il a eu souvent raison, y compris face à ses bourreaux je suis persuadé qu’il n’est pas mort à genou bien au contraire ! Il n’a pas renié sa foi et à ce titre-là, Il était le dernier de la lignée Mgr Jean-Baptiste AMA, de saint Kizito, de sainte Anuarite et du père Engelbert Mveng dont la fin fut aussi violente en terre camerounaise.

Différent de tous ses congénères, de tous ses confrères, de tout ce que nous avons comme épiscopat aujourd’hui, il était à l’image de Dieudonné Espoir Atangana, il n'avait pas une once de vanité personnelle, il avait le sens du travail collectif, il lui importait seulement de servir le prochain et l’Eglise et cet ordre était important pour lui.

Cet homme, ce saint homme dans le sens laïc du terme doté d’une naïveté qui se résume dans cette phrase du Christ lui-même « les enfants de ce monde sont plus intelligents que les fils de lumière » qu’on retrouve dans l’Evangile de Luc, était respecté par tout le peuple des chrétiens, craint par les ennemis de la Vérité, Vénéré par les enfants, ceux que vous voyez en larmes depuis l’annonce de son décès parce que mieux que quiconque il a mis en pratique cette autre phrase du maitre de la

moisson : « Laissez venir à moi les enfants, car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent. » Luc 18. Il considérait l’épiscopat comme un service au peuple, aux plus faibles, voilà pourquoi il a été mis à mort accomplissant ainsi cette prophétie qui veut que le serviteur ne soit point plus grand que le maitre. Il n’a laissé aucun bien sinon l’amour qu’il a semé partout avec persévérance, il parlait de tout avec passion donc avec amour.

Il faisait partie de ces optimistes impénitents et de ces pessimistes toujours actifs, qui pensent que le pire n'est pas toujours sûr, et que l'avenir dépend des hommes qui le font. Il nous a instruit jusqu’à sa mort, dans cette phrase que beaucoup n’ont pas compris parce qu’ils l’ont lue comme des profanes « je suis dans l’eau ». Oui, Seigneur, donne-nous ta sagesse pour apprendre et comprendre la vraie mesure de nos jours et c'est-à-dire le sens de notre vie ici-bas ; le mystère de notre vie. Cette phrase du 12ème et du 18ème siècle qui signifie tout simplement « je suis étranglé, on m’étrangle ici et maintenant avec un nœud coulant » est la preuve irréfutable que Monseigneur Jean-Marie Benoît BALA a été assassiné et mis dans l’eau la veille de la découverte de son corps.

En effet, la vie de l’homme constitue un mystère que nous cherchons soudain à pénétrer seulement quand vient l’heure de la mort. Le Mystère de Fara Jean-Marie Benoît BALA a été exposé et explicité par lui-même. C’est la question du pourquoi qui demeurera à jamais sans réponse, si ce n’est la réponse silencieuse de la foi, qui nous invite à fixer notre regard sur celui en qui nous avons mis notre confiance, le Christ Jésus pour ceux qui y croient, qui a traversé la mort, pour entrer dans la vie. Aussi a-t-il promis cette vie que nulle mort ne peut détruire à tous ceux qui fondent sur lui leur espérance. Je me souviens avoir lu de sa main ce qu’il confiait de lui-même à la veille de son ordination épiscopale que beaucoup doivent avoir en mémoire encore : « je remercie déjà tous ceux qui daigneront m’accompagner à ma dernière demeure et je leur dis que ceux qui s’aiment dans le Christ ne se quittent jamais ». Alors fort de tout ceci, je dis Mgr Jean-Marie Benoît BALA, à fara mibouboa, à Bishop boanga, « Nkoumou Nnomo » comme t’appelait ta maman, merci d’être pour nous un maître dans l’espérance, en face du mystère épouvantable de ta mort.

La devise épiscopale de Mgr Jean-Marie Benoît BALA est et demeure : « C’est le don de dieu » inscription que vous voyez sur ses armoiries. Il a porté ce don jusqu’au bout avec brio et compétence comme prêtre et comme enseignant. Son souci a été de transmettre avec générosité et rectitude la doctrine de la foi et de la vie chrétienne. Le prêtre Jean-Marie Benoît Bala s’est efforcé avec sérieux et piété, voire scrupuleusement, de célébrer les saints mystères pour sanctifier le peuple à lui confié. Il fut le guide clairvoyant, le père spirituel avisé et le conseiller perspicace pour beaucoup laïcs, prêtres, consacrés qui l’appelaient avec affection filiale voire avec vénération « Vamba ». Tout entretien avec lui, rappelait ceux des pères du désert à leurs fils et disciples, pour les réconforter et leur indiquer, avec sagesse, le juste chemin de la vie. Sa conscience du devoir bien fait découle, en à point douter, de son grand amour pour le Christ Serviteur et pour sa Sainte Eglise. Jean-Marie Benoît BALA, merci d’avoir été un modèle dans le service et dans l’obéissance, comme envoyé, ambassadeur du Christ.

Témoignage sans fin diront certains ? Oui mais voilà, tel fut, l’homme, le prêtre, le père, le frère et l’ami les deux en un, dans sa grandeur, mais aussi dans sa misère d’homme pécheur devant Dieu. A Vamba, à Bishop, Monseigneur Jean-Marie Benoît BALA, repose dans la paix de Dieu, vous êtes une grande part de nous-mêmes qui s'en va.

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