Consommation : Poulet, on nous ressert du congelé
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Interdit de commercialisation depuis quelques années, il est désormais sur nos tables. La cause serait liée à la cherté du poulet local.

Face à la cherté du poulet local observée sur le marché, certaines ménagères préfèrent se ruer dans les poissonneries pour consommer du poulet congelé. « Aujourd’hui, si vous voulez acheter un poulet pour manger en famille, il faut prévoir au moins 6000 frs. Comme je n’ai pas assez d’argent, je préfère me rendre à la poissonnerie pour acheter les découpes des congelés.

Les prix oscillent entre 1800frs pour le kilogramme des pattes, et 2000frs pour celui des cuisses et des ailes », indique Salomé, ménagère rencontrée au marché Mvaog-Ada. Toutes les poissonneries, sinon presque font dans la commercialisation de ces découpes de poulets congelés. Certaines exposent dans les congélateurs, d’autres préfèrent ne pas se frotter à la loi en écoulant en catimini dans des cartons. C’est le cas d’une poissonnerie de renom visitée au marché du Mfoudi où le commerçant nous apprend que la poissonnerie ne fait que dans la vente en gros du poulet congelé.

Seulement, aucun  carton n’est exposé. En effet, l’importation et la commercialisation des poulets congelés sont interdites au Cameroun depuis 2006 par décision du ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales. Cette activité est donc menée par des commerçants véreux. « Ce poulet entre au Cameroun de manière frauduleuse. Ces découpes entrent par le Gabon et la Guinée-Equatoriale. Ces entrées font suite à la présence de la grippe aviaire au Cameroun. Le poulet est devenu excessivement cher sur le marché.

Le poulet local qui était vendu entre 2300 et 2500frs le kilogramme se vend aujourd’hui entre 3000frs et 4000frs. Du coup, il y a des gens qui profitent de cette situation pour faire entrer de manière frauduleuse ces cargaisons de poulet », a expliqué Louis-Marie Kakdeu, secrétaire permanant adjoint de l’association citoyenne de défense des intérêts collectifs (Acdic). Selon les responsables de l’Acdic, cette situation est le résultat de la mauvaise gestion de l’épizootie de la grippe aviaire par les pouvoirs publics.

« Le gouvernement n’avait pas à fermer les marchés après le déclenchement de la crise. Il fallait mettre des mesures de biosécurité, et laisser les zones qui n’ont pas été affectées, vendre leurs poulets. Il fallait également penser à l’accompagnement de la filière. Vous ne pouvez pas demander aux aviculteurs de dénoncer les cas de grippe aviaire alors qu’aucune mesure d’accompagnement n’est prévue. Les poulets congelés sont une catastrophe pour la filière locale. Ils se vendent deux à trois fois moins cher que le poulet local. Bien plus, ils sont un danger pour la santé. Se sont des poulets qui font deux à trois mois sur la mer, et qui se retrouve sur le marché. Sur le plan économique, les milliards utilisés chaque année pour importer le poulet congelé, peuvent être utilisés pour développer la filière locale », a ajouté Louis-Marie Kakdeu, Spa de l’Acdic.

Les raisons de l’interdiction de l’importation et la commercialisation du poulet congelé sont non seulement d’ordre sanitaire, mais aussi économique. Elles permettent de booster la production locale. La filière avicole était en effet pratiquement morte au début des années 2000. En 2003 par exemple, les importations de poulets congelés avaient atteint le plafond de 22 500 tonnes, alors que la production locale n’atteignait pas les 3000 tonnes. Il s’est donc avéré que l’importation des poulets congelés cause un séisme dans le secteur avicole camerounais.

Bien plus, selon l’interprofession avicole du Cameroun (Ipavic), le retour en force des poulets congelés a fait perdre à la filière avicole la somme de 10 milliards de Frs cfa en quatre mois en 2015. La lutte engagée contre cette importation permet donc de redynamiser la filière. Selon les statistiques disponibles auprès de l’Acdic, la production locale du poulet de chair se chiffre aujourd’hui à environ 70 000 tonnes.

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