Yaoundé, Douala, etc. : Au-delà de l’opposition autochtones-allogènes
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La poussée urbaine est en effet un vrai risque pour les populations dont les villages sont nos villes. Il faut imaginer une formule pour ménager la chèvre et le chou.

Pendant longtemps, les autochtones se sont positionnés par rapport aux allogènes. Cette relation essentiellement conflictuelle s’est accentuée dans les villes, notamment Yaoundé et Douala, devenues capitales politique et économique. Les besoins de développement des services publics et une démographie galopante se sont accompagnés d’un boom immobilier, précédé d’une foire foncière.

Ainsi, toutes les autres tribus et ethnies du Cameroun ont-elles afflué, rendant alors ces villes cosmopolites, et bien plus composées d’allogènes que de populations autochtones. En effet, que représentent les Douala parmi les 3 millions d’habitants de Douala ? Leurs villages sont devenus nos villes et ils sont minoritaires dans leurs anciens champs et lieux de chasse. Eux-mêmes ayant bradé leurs terrains ancestraux, les autochtones ont vécu cette nouvelle réalité comme une invasion. L’enfer, c’est les autres.

C’est ce qu’a exprimé sans filtre Emile Onambélé Zibi dans un mémorandum ou plus tôt André Mama Fouda, le ministre de la Santé, parlant de Yaoundé comme d’un village à protéger contre des dangereux envahisseurs. C’est aussi ce que disait avec un tact particulier Emah Basile, prédécesseur de Tsimi Evouna à la Communauté urbaine de Yaoundé, dont les sous-entendus des propos laissaient bien voir que pour le patriarche d’Etetak qu’il était, Yaoundé est d’abord à eux.

Le discours politique d’unité et d’intégration nationales a étouffé les mécontentements de moins en moins sourds des filles et fils de ces villes. Et un certain réalisme les oblige à comprendre qu’au lieu de proclamer une certaine propriété sur Yaoundé ou Douala, il faut travailler à préserver l’essence de ces peuples qui ont une aspiration légitime à se perpétuer et à prolonger leur histoire.

Les plus importantes atteintes à ce que sont les populations autochtones de Yaoundé ou de Douala sont orchestrées par les pouvoirs publics. En effet, la disparition progressive de ces groupes ethniques, porteurs d’une partie de notre réservoir culturel, anthropologique et sociologique, n’est pas qu’un risque pour les familles qui se déconstruisent au fil des déguerpissements-recasements, mais aussi une hypothèque de l’héritage culturel national.

C’est face à ce péril  que le préambule de la Constitution de janvier 1996 dispose que « l’Etat assure la protection des minorités et préserve les droits des populations autochtones conformément à la loi. » Une chose est de l’écrire, une autre est de le respecter.

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