D’AhIdjo à BIYA : Construire l’Unité nationale par la répression
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La loi sur le terrorisme comme hier la loi sur la subversion a surtout frappé, moins que les porteurs d’armes, les porteurs de parole. Ni l’intégration nationale, ni l’unité nationale ne sont toujours pas réalisées pour autant. Et les périls montent, montent, montent…  

Ahidjo avait sa loi sur la subversion. « Subversif ? » Cette simple accusation pouvait vous conduire au Goulag : entendons Tcholliré, Mantum, Yoko, ces endroits ou presque personne ne revenait. D’Albert Moukon à Albert Ndongmo et tant d’autres anonymes de l’UPC broyés par la machine de la répression. Après avoir fermé L’Oeil dix années durant sur cette loi liberticide, sous la pression de la rue et de la communauté internationale, le Renouveau finira par « offrir » aux Camerounais sa loi sur les libertés.

Celle-ci était pleine de chaussetrappes et va être verrouillée à partir de 2014 par une loi sur le terrorisme. Pour l’instant cette loi frappe plus les porteurs de paroles que les porteurs d’armes. En y regardant de plus près, d’Ahidjo à Biya, le moyen le plus sûr d’imposer l’unité nationale s’est avéré être la répression. Contre la subversion hier, contre le terrorisme aujourd’hui. Et si l’unité nationale s’interprétait comme la sauvegarde du régime ? Un cache-sexe qui permet de justifier tous les viols de consciences et les violations des droits humain ?

Selon un chercheur, « Dans son acception courante, la subversion s'entend comme l'action de troubler, de renverser l'ordre politique établi ... Mais, dans l'ordre politique camerounais, la subversion va plus précisément désigner l'action de s'opposer à l'émergence d'une sorte de dynamique de substitution de l'ordre de la volonté à l'ordre de l'histoire. L'adversaire politique, diabolisé et promu au rang d'"ennemi de la nation" parce que s'opposant au projet politique de celui que certains ont appelé le "père de la nation": c'est le subversif de la législation d'exception mise sur pied en 1962-1963, dite législation antisubversive. Il s'agit d'un instrument répressif redoutable, qui aura marqué d'une manière presque indélébile la vie politique camerounaise ».

Version renouveau, loi N° 2014/028 du 23 décembre 2014 portant répression des actes de terrorisme a été promulguée au plus fort des actes criminels de Boko Haram. Mais « Depuis 2014, une manifestation, une marche ou un « sitting » peut conduire à la peine de mort. Comme il fallait s’y attendre, la loi antiterrorisme est entrée en action dans la crise sociopolitique qui secoue le Nord-Ouest et le Sud-ouest. » : L’avocat Nkongho Agbor Balla, l’enseignant d’université Neba Fontem et l’animateur de radio Mancho BBC et le magistrat Ayah Paul Abine n’ont été inculpés ou interpellés que pour des infractions relatives à la loi antiterrorisme.

Cette réglementation d’exception est née à une époque où la guerre contre Boko Haram bat son plein. Personne ne pouvait alors reprocher à l’Etat de vouloir « moderniser » son arsenal juridique afin de mieux combattre le terrorisme. « Au Cameroun pourtant, le débat s’est très vite enlisé dès la sortie du projet de loi préparé par le gouvernement. Des voix se sont élevées chez les professionnels du droit, les partis politique et dans la société civile, pour s’alarmer sur un texte qui ouvrira la voie à la répression tous azimuts du citoyen et à l’atteinte des libertés individuelles, notamment la liberté d’expression et la liberté de manifestation.

Les plus  anciens avaient tout bonnement conclu que le gouvernement restaurait ainsi les fameuses ordonnances de 1962 réprimant la subversion au moment où l’Etat était en guerre contre les nationalistes de l’Upc. » Ha, l’unité nationale ! Sera-t-elle réalisée contre ceux qui doivent la vivre ? Un corset a-t-il jamais réglé le problème de l’agitation ? Et si l’intégration nationale qui doit déboucher sur l’unité nationale passait par « une large » décentralisation, plus de démocratie, plus de justice et plus de dialogue social ? Le Vivre-ensemble ne se décrète pas…

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