Présidentielles : le Cameroun n’aura jamais le niveau de la France
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Présidentielles : le Cameroun n’aura jamais le niveau de la France :: CAMEROON

Comme tout le monde entier, les Camerounais ont suivi avec une attention particulière, l’élection présidentielle française ayant porté Emmanuel Macron, Fondateur d’En Marche, à la magistrate suprême de son pays, avec un score très confortable de près de 65 %. Cette belle alternance en toute douceur, a été unanimement saluée et applaudie.

Partout les Camerounais ne discutent que de ce qui vient d’avoir lieu en France. On se croirait à Paris. Macron le matin. Macron à midi. Macron le soir. Tout le monde, (je dis bien tout le monde) est devenu politologue, spécialiste de la France. Plus Français que les Français eux-mêmes. Et pourtant, l’élection présidentielle camerounaise est annoncée en 2018. Mais rien ne laisse présager un tel événement. Les Camerounais sauront-ils tirer les leçons de la présidentielle en France ? Eux qui font tout dans l’ignominie et la gabegie. Evidemment non car, le Cameroun n’aura jamais, au grand jamais, le niveau de la France. Nous avons encore trop de retard pour l’organisation d’une élection réussie. Et voici pourquoi.

1- UN CALENDRIER ÉLECTORAL MYSTÉRIEUX ET HASARDEUX

En France, le calendrier électoral pour 2017 a été présenté au Conseil des ministres du 4 mai 2016. A cette date là, les Français savaient déjà que le premier tour de l’élection présidentielle aura lieu le 23 avril 2017 et le second tour le 7 mai. Tout était connu à l’avance. Mais chez nous, on parle d’une élection présidentielle en vue en 2018. Personne ne sait ni le jour ni l’heure. Il se pourrait qu’elle aura lieu. On suppute, on hésite, on hésite. Tout est hasardeux.

On entendra subitement un matin, le grand roi annoncer que que l’élection se tiendra tel jour. Tout est dans le flou et l’ignominie. Chez nous, personne ne sait quand se termine exactement le mandat du Roi. Personne ne saurait évidemment imaginer la date de la prochaine présidentielle. Outre les noms des candidats qui sont toujours une surprise de dernière minute, c’est aussi l’élection de toutes les rumeurs. Pas une semaine, pas un jour, sans que Yaoundé bruisse de nouvelles « informations » sur la présidentielle. Tout un mystère.

2- LE NOMBRE DE CANDIDATURES TROP OBÈSE ET DES CANDIDATS TROP CROULANTS

L’ensemble des candidats à l’élection présidentielle française a été dévoilé samedi 18 mars par Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel. Onze candidats seulement ont participé au premier tour de cette élection et leur age était relativement « jeune ». D’ailleurs le nouveau président n’a que 39 ans.

Mais chez nous, pour la dernière présidentielle on a enregistré, tenez vous tranquille, près d’une trentaine de candidats. Et c’était de ces vieux croulants, pas vraiment connus de la scène publique, sortis de nulle, sans profil réel, venus en politique par je ne sais quelle alchimie.

Et en 2018, les mêmes causes produisant les mêmes effets, ce sera pareil. Des qu’on annoncera l’élection, des politicards vont se lever je ne sais d’où avec leur canne, pour prétendre briguer à la magistrature suprême. Des viellaux, à la barbe blanche, sans profil, ni expérience, vont alors se lancer dans la course à la présidentielle. On entendra de ces noms. Trop drôle !La plupart de nos candidats ont souvent brillé par une démarche individuelle et égoïste. Chacun voulant être Président de la République, même sans savoir parler, ni lire, ni écrire. On se retrouve alors avec une cinquantaine de candidats inutiles, sans valeurs et des scores insultants et humiliants. Eux quoi ?

3- UNE DRÔLE DE CAMPAGNE TROP FADE ET NULLE

Atypique , surprenante, imprévisible, la campagne pour l’élection présidentielle de 2017 en France, aura non seulement réservé surprises et rebondissements, jusque dans les derniers jours mais, elle a aussi introduit des questions fondamentales sur la France. Meetings et visites de terrain se sont multipliées et les candidats à l’élection présidentielle sont allés droit droit dans la mobilisation de leur électeurs.

Mais chez nous, c’est la magie. La campagne électorale est souvent très loin de battre son plein. Alors que dans beaucoup de pays, tous les candidats labourent le terrain à la conquête des voix de leurs concitoyens, au Cameroun on attend que le chef de l’État dise si oui ou non il sera de la partie. Chez nous, c’est toujours trop drôle. C’est le moins qui l’on puisse dire.

Entre manifestations pour le retrait de la candidature du président sortant, scission de l’opposition et débat autour du report de la présidentielle, on va vivre une campagne électorale à la fois violente et vide. Et les candidats qui vont monter sur les motos. Et ceux qui vont tuer des bœufs entiers, et ceux qui vont distribuer des maquereaux et du riz, et ceux qui ne pourront pas placer un seul mot en français normal, et ceux qui ne pourront même pas se déplacer car trop croulants, ce sera du venez voir. On verra la colère, les insultes, la calomnie, ce sera chaud !

4- UNE PARTICIPATION DES ÉLECTEURS TROP NULLE

Malgré tout, les Français se sont fortement mobilisés pour leur présidentielle, avec un taux de participation supérieur à 80% en métropole au premier tour. Cette forte mobilisation des Français, notamment des femmes et des jeunes fut admirable. A travers le pays, on a pu voir de gigantesques files d’attente devant les bureaux de vote.

Mais chez nous, la présidentielle est loin de passionner les foules. Une catégorie d’âge semble paradoxalement moins concernée que les autres, ce sont les jeunes. Alors qu’ils constituent la plus grande partie de la population camerounaise, les moins de 30 ans n’ont jamais été aussi démotivés par rapport à un vote.

Outres les centaines de milliers d’entre eux qui ne sont pas inscrits sur les listes électorales, des milliers d’autres n’ont vraiment pas envie de s’intéresser à un scrutin qu’ils considèrent joué d’avance malgré l’inconnue de la candidature de Paul Biya. Beaucoup considèrent également que même si le président change, la vie quotidienne, elle, restera la même. Face au chômage, aux infrastructures insuffisantes et aux diverses autres problématiques de la société camerounaise, les jeunes semblent conquis par la fatalité.

5- UN SYSTÈME D’ORGANISATION PEU CRÉDIBLE

Les autorités de la France ont mis en place un système électoral crédible. L’élection présidentielle française a lieu au suffrage universel direct. Le scrutin se déroule selon le système majoritaire à deux tours. Peuvent se présenter au second tour les deux candidats arrivés en tête du premier tour. Un candidat qui obtiendrait plus de 50% des voix au premier tour serait élu. Évidemment, l’utilisation de ce système a été déterminante dans la transparence de cette élection présidentielle. La biométrie utilisée permettant l’identification ou l’authentification claire des électeurs, sur la base de données reconnaissables et vérifiables.

Elle empêcha donc le dédoublement des listes électorales, et par ricochet la fraude massive.Il appartient donc à l’opposition politique bancale de notre pays et la vraie société civile camerounaise, avec l’appui des partenaires sérieux, et de pouvoir discuter avec le gouvernement pour que la biométrie soit effective chez nous aussi.

Elle permettrait évidemment de détecter des tricheurs plus facilement. Sans elle les vont encore aller aux présidentielles, avec une liste électorale totalement fausse, bourrée de doublons et d’irrégularités parfois avec des noms de morts.

6- UN MANQUE CRIARD DE FAIR-PLAY DE LA PARTIE DÉCHUE

Le candidat Macron a remporté l’élection présidentielle de dimanche dernier en France battant ainsi Marine Le Pen. La candidate déchue, a tout de suite téléphoné à son adversaire et fait une déclaration officielle pour féliciter son adversaire, reconnaissant par là sa défaite sans contestations inutiles.
Mais chez nous, rares sont les élections présidentielles dont le résultat n’est pas contesté par le perdant et où ce dernier félicite, avec un fair-play démocratique, le vainqueur. La contestation du résultat des Présidentielles est devenue un rituel.

Loin d’être anecdotique, le rituel de la contestation électorale trahit donc un refus des règles du jeu de la démocratie et plus profondément du suffrage universel par les acteurs politiques du Cameroun. Ces derniers continuent encore de se considérer comme les maîtres et les propriétaires de la société. Au lieu de concourir à l’expression de la volonté générale et à la formation de l’intérêt général, les partis politiques camerounais en revendiquent le monopole. Triste.

C’EST LE MOMENT OU JAMAIS

Puissent les Camerounais comprendre enfin, avec l’exemple de la France, qu’une élection présidentielle se gagne dans les urnes et non avec les critiques sur facebook. Il ne faut donc pas tout le temps seulement tirer sur le gouvernement, l’insulter, le calomnier, il  faut surtout pouvoir voter. Et justement pour voter, il faut avoir une carte d’électeur et donc être inscrit sur une liste électorale. Il importe donc pour chacun de nous, de s’inscrire massivement sur les listes électorales et exprimer ainsi son droit citoyen de vote. Chez nous, tout le monde veut le changement, mais personne ne veux curieusement voter. Paradoxal !

Voici venu le moment pour le Cameroun de retenir toutes les belles leçons données par la France et de copier le bel exemple pour que la présidentielle future soit mieux organisée et réussie en 2018, ou même avant qui sait ! Au lieu de piailler à longueur de journée sur les réseaux sociaux, il est absolument temps, de se mettre…EN MARCHE.

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