Délestage : Le ras-le bol des populations de Kribi
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Les délestages et autres coupures intempestives d’énergie électrique plongent les populations de la cité balnéaire dans le désarroi et la colère. La crise énergétique perdure, malgré les promesses d’agence en charge de l’électricité au Cameroun et par le gouvernement de combler le déficit.

Le sentiment anti-Enéo a atteint son apogée dans la cité capitale du département de l’Océan. L’entreprise en charge de la distribution de l’énergie électrique au Cameroun figure au bas des amours des Kribiens. Et pour cause, il ne se passe plus une seule journée sans qu’un quartier ou un village ne soit délesté des heures durant, de cette précieuse source d’énergie, et cela sans aucun avertissement.

De jour comme de nuit, quelque soit la saison, les coupures. Des plaintes fusent de tous les ménages sur les dégâts causés par ces coupures. Pour certains Kribiens, le temps est au regret de l’ancienne époque. « Nous regrettons aujourd’hui la défunte Sonel (Société nationale d’électricité, Ndlr). Avec elle, il n y’avait pas toutes ces coupures- là et ce qui est curieux c’est qu’on l’a vendu et jusqu’aujourd’hui on ne comprend pas pourquoi. On nous dit qu’on progresse, mais en matière d’électricité on régresse au Cameroun et c’est dommage. Il y’a de plus en plus de coupures », estime Martin Mba, un sexagénaire.

Pour certains autres, le secteur de l’énergie électrique au Cameroun est une vaste escroquerie organisée dans le but de spolier les populations. « Nous ne comprenons pas comment une entreprise privée peut venir, se faire de l’argent, des bénéfices en milliards de francs, sans pour autant rendre les services qu’elle est censée rendre ! Si ce n’est pas de l’escroquerie ça, c’est quoi ? D’abord Aes, ensuite Eneo. Bonnet blanc, blanc bonnet ! », pense Yves Malang, un Océanais.

Cette situation crée des désagréments importants dans les secteurs social et économique de la ville. « Comment peut-il y avoir coupure de courant électrique de 8h à 17h et parfois de 19h à 15h le lendemain ? Cela nous cause d’énormes pertes. Et non pas seulement à nous, mais aussi bien à l’Etat du Cameroun. L’électricité est un pan important de notre patrimoine ; c’est presqu’un secteur de souveraineté qu’on ne confie dans notre pays qu’à des mains inexpertes et essentiellement capitalistes.

Les choses doivent changer. Moi étant un  styliste modéliste, je travaille beaucoup avec le courant électrique et imaginez ce qu’une coupure de plus d’une heure peut faire comme dégâts ! », estime pour sa part Maitre Hayatou, styliste-modéliste de renom installé à Kribi. « Je ne comprends pas la situation de l’énergie électrique dans notre pays. A chaque seconde, coupure. Je suis élève et la nuit, on ne peut pas étudier avec quiétude à cause de ces coupures intempestives. C’est difficile pour nous », s’offusque Nina Ngodock, élève en classe de terminale A.

La complicité des autorités locales

Dans la ville, on parle de plus en plus de cette situation. Le ras-le bol est aussi exprimé en catimini par des autorités administratives locales qui pourtant demeurent amorphes devant cette situation. « C’est parce que le préfet et les autres sont branchés sur la ligne présidentielle qui est toujours alimentée en énergie électrique. Et même s’il y’a coupure ils disposent de groupes électrogènes aux frais du contribuable. C’est pour cela qu’ils s’en foutent. Si le préfet avait déjà frappé le poing sur la table, la situation aurait changé. C’est trop », Felmine Eric Tematio, un commerçant.

Les coiffeurs, les soudeurs, les cyber-cafés et autres lieux de commerce nécessitant le courant électrique broient du noir. Alors que tout le monde se rappelle que les émeutes de la faim étaient parties d’Abong-Mbang, une ville de l’Est du Cameroun dont les élèves, outrés par les délestages interminables d’énergie électrique dans leur localité, avaient tenu à exprimer leur ras-le bol. Une manifestation qui avait conduit à la mort d’un élève et qui avait embrasé le pays tout entier, jusqu’à Yaoundé, la capitale politique.

A l’agence locale d’Eneo, c’est  l’omerta. On évoque vaguement des raisons de déficit énergétique dans la région du Sud et la décrépitude de toutes les installations électriques de la ville, tout en laissant croire que la mise en service du barrage de Memvé’ ele viendrait résoudre le problème. Pourtant, il y a de cela quelques années, le gouvernement Camerounais, associé à Aes, proclamait tambour battant que la construction de la centrale à Gaz de Bipaga devait mettre un terme au déficit énergétique dans le département de l’Océan. Des années après leur mise en service, Kribi est toujours empêtrée dans le cauchemar des coupures intempestives d’énergie électrique et des baisses de tension inexplicables, avec des dégâts importants sur les appareils électroménagers.

Les promesses n’ont pas été tenues et à Kribi, on est convaincu que, malgré ses grands projets structurants, Kribi est condamnée à vivre au rythme de ces coupures et autres baisses de tension comme toutes les grandes villes du pays, et que résoudre ces problèmes reviendrait à trouver l’équation de la quadrature du cercle.

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