Commerce de détail : Grogne contre les commerçants chinois à Douala
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Les commerçants camerounais se plaignent de leurs homologues d’Asie qui, selon eux, envahissent et investissent leurs territoires et comptoirs.

Alors qu'on les attend plutôt dans le commerce de gros, les ressortissants chinois installés dans la ville de Douala se livrent depuis quelques années au commerce de détail des chaussures. Les commerçants locaux les accusent de multiplier des boutiques à Akwa, où plusieurs immeubles battant pavillon chinois font désormais office des centres commerciaux.

Mais ce qui devient aujourd'hui insupportable est que « les commerçants chinois jouent désormais avec les stocks, en cachant des cartons de marchandises et ne laissant aucune possibilité d’exclusivité aux détaillants », apprend-on. Pis, témoignent des détaillants approchés, la communauté chinoise procède aux ventes discriminatoires au préjudice des commerçants camerounais. Des informations difficiles à vérifier d’autant que les Chinois se sont montrés réfractaires à toute démarche de recoupement des accusations.

Cette situation, dans la pratique, se matérialise par le refus systématique des commerçants grossistes chinois de vendre à leurs homologues camerounais les marchandises qu’ils importent de leur pays. « Et quand bien même, témoigne un commerçant, un importateur chinois accepte de vendre son produit à un Camerounais, il se rassure qu’il n’est pas de bonne qualité ». Conséquence, manque de recettes, incapacité de rembourser à temps les crédits, perte de capital à cause de la mauvaise qualité des produits achetés aux Chinois…

Devant cette situation hautement préjudiciable à l’économie nationale et aux intérêts des commerçants nationaux, Alice Maguedjio, présidente du Syndicat des commerçants détaillants du Wouri (Sycodew), a promis aux plaignants de faire bouger les lignes, tout en leur rappelant qu’ils n’ont pas le droit de descendre dans la rue. « Le malaise est tellement profond que nous ne pouvons pas nous amuser ; nous allons solliciter des séances de travail avec ceux-là qui incarnent les lois pour qu’ils nous mettent autour d’une même la table avec les représentants des populations asiatiques »,  a-t-elle rassuré.

« C’est un problème qui perdure depuis fort longtemps. Cette situation nous asphyxie ; il s’agit de faire des revendications dans la légalité sans faire des manifestations ni du désordre. Nous voulons appeler à l’intervention du syndicat afin que des solutions idoines soient trouvées pour sauver des milliers d’emplois menacés », ajoute Jacques Confiance Mohoue, président l’Association des commerçants du marché d’Akwa secteur chinois et environs (Ascodech).

Parmi les solutions envisagées, il y a un rappel à la loi de 1980 sur l’activité commerciale, qui dispose que : « Le commerce ambulant autre que la présentation d’un spectacle et d’une attraction est interdit aux étrangers. » Pourtant, rappellent les commerçants en colère, les Chinois pratiquent aussi le commerce ambulant au vu et au su de tous.

A la sortie d’une séance de travail organisée, hier mercredi 03 mai 2017 à Douala, en présence des membres de l’Ascodech, commerçants et commerçantes camerounais ont dit en toute sincérité ce qu’ils avaient sur le coeur. Dans une pétition dont l’objet est « Requête pour intervention à Akwa Chinois », ils se plaignent également d’une autre pratique qui consiste à réduire de manière drastique l’octroi de visas aux commerçants camerounais désireux de se rendre en Chine pour des achats.

« A l’ambassade, on nous dit d’aller acheter nos marchandises auprès des ressortissants chinois ; qu’il ne sert à rien de voyager pour la Chine », témoigne un marchand sous couvert anonyme. Les plaintes des commerçants détaillant concernent aussi l’établissement des factures après achat. Selon les plaignants, le problème c’est que les Chinois y mentionnent rarement le nom (ou dénomination sociale) et l’adresse de l’entreprise qui facture, sa  forme juridique, etc. A cela s’ajoute le fait que les jeunes camerounais qui travaillent dans leurs boutiques touchent des salaires de misère (30  000 FCFA/mois), pour un travail pénible au quotidien.

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