Réplique : Jeune Afrique déshabille Issa Tchiroma Bakary
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Sous la plume de son directeur de la rédaction, l’hebdomadaire panafricain, noirci par le ministre de la Communication, il y’a une semaine, suite à une l’interview accordée par Marafa Hamidou Yaya dans ses colonnes, brosse le portrait au vitriol du porte-parole du gouvernement.

Tout a commencé le mercredi 19 avril 2017. Le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, au cours de l’une de ses innombrables et récurrentes sorties médiatiques, accuse l’hebdomadaire Jeune Afrique d’écrire depuis 2011 des articles pour noircir l’image du Cameroun, pays dirigé par le régime Biya depuis plus de 30 ans. Le ministre porte-parole du gouvernement, sans porter de gants et soucieux de plaire au Prince qu’il a combattu hier, avait alors dénoncé ce qu’il avait qualifié d’acharnement éditorial du journal panafricain paraissant depuis Paris en France.

Les propos surabondamment relayés par la presse ont provoqué l’ire du journal qui n’entend pas se laisser démolir par Tchiroma. Moins de deux semaines après cette volée de bois vert de ce dernier, François Soudan, le directeur de la rédaction de Jeune Afrique s’empare d’un stylo à bille bien pointu pour se défendre et rabattre le caquet au ministre camerounais de la Communication.

L’ingénieur ferroviaire devenu Mincom

Dans un éditorial au vitriol publié dans le numéro en kiosque depuis ce mardi 02 mai 2017, François Soudan, puisant dans la biographie de l’ancien prisonnier de la prison de Yoko, de ses années où il n’était encore qu’un violent détracteur du régime jusqu’à l’Eldorado dans lequel il baigne aujourd’hui, va remonter les bretelles de Tchiroma. « Issa Tchiroma Bakary (que tout le monde au Cameroun appelle Tchiroma), c’est un peu Lambert Mende, son collègue de la RD Congo, le talent en moins.

Cet ingénieur ferroviaire, originaire de Garoua, dans le Nord, a été emprisonné pendant sept ans, abusivement et sans jugement, après la tentative de coup d’État d’avril 1984, avant d’emprunter un itinéraire politique tortueux, mais assez classique en Afrique centrale : tour à tour opposant virulent au président Biya, puis ministre, puis de nouveau opposant, puis ministre derechef – et ce, depuis près de huit ans. Ministre de la Com donc, tendance vuvuzélateur (mais c’est la règle du genre), que les duretés de l’archipel carcéral ont rendu plus cynique qu’humaniste et qui a fait de notre journal son souffre-douleur récurrent », écrit l’éditorialiste en guise de mise en bouche.

S’insurgeant de la démarche de faux-fuyant et de victime avec laquelle le Mincom s’exprime au sujet de Jeune Afrique, Francois Soudan ouvre le feu. « L’analyse de contenu à laquelle se livre M. Tchiroma est – pour le moins – sélective. Tout à son idée de démontrer que Jeune Afrique ne parle que de ce qui ne va pas au Cameroun et jamais de ce qui va, il zappe tout simplement les articles qui contredisent sa thèse. Exemple : « Notre économie présente la meilleure résilience à la crise à laquelle tous les pays membres de la Cemac doivent faire face… Jeune Afrique n’en parle pas. »

Très  mauvaise pioche ! Jeune Afrique a consacré, en septembre 2016, puis début février 2017, deux dossiers à cette « résilience », justement saluée sous le titre « À toute épreuve » et largement développée dans nos colonnes », rappelle-t-il.

Règlement de compte personnel

Dénonçant un règlement de comptes personnel de la part du porte-parole du gouvernement camerounais, le patron de la rédaction de l’hebdomadaire panafricain ne manque pas l’occasion de balancer une vanne sur l’ancien « opposant virulent au président Biya » devenu le plus grand avocat défenseur du chef de l’Etat camerounais.

« Ministre de la  Com donc, tendance vuvuzélateur (mais c’est la règle du genre), que les duretés de l’archipel carcéral ont rendu plus cynique qu’humaniste et qui a fait de notre journal son souffre-douleur récurrent » écrit François Soudan avant de conclure en ces termes : « et surtout, pourquoi diable ce ministre de la République et porte-parole du gouvernement a-t-il cru bon de mêler le chef de l’État à ce qui apparaît comme un règlement de comptes personnel et totalement unilatéral ? Le paysage politique camerounais étant ce qu’il est aujourd’hui, Paul Biya n’a pas (ou plus) d’adversaire à sa hauteur. Mais il a des collaborateurs… » Stop et fin ! La réaction de Tchiroma est vivement attendue.

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