Armée : Le service à la nation, se servir ou servir le chef
CAMEROUN :: POINT DE VUE

CAMEROUN :: Armée : Le service à la nation, se servir ou servir le chef :: CAMEROON

Les militaires camerounais dont certains sont en service depuis plus de cinquante ans sont-ils en conformité avec la description que le président a faite vendredi dernier de la carrière des armes ?

Vendredi dernier, pour la deuxième fois en moins de trois mois, (la dernière étant le 03 février dernier a l'occasion des obsèques du général de division Jacob Kodji ndlr) le président de la République a fait une sortie à la Brigade du quartier général à Yaoundé .Paul Biya a tenu à rehausser la cérémonie du triomphe de la 35eme promotion de l'Ecole militaire interarmées. Le chef des armées dans son allocution de circonstance a rappelé l'admiration qu'il a pour les forces de défense et de sécurité qui, "donnent un exemple qu'il me plait de magnifier en cette occasion", a déclaré le chef de l'État. Le président a rappelé la gloire  que les militaires camerounais ont rapporté en bravant des menaces complexes comme Boko haram, la piraterie et des preneurs d'otages.

" Vous avez choisi le métier des armes. Ce métier l'un des plus beaux du monde, est noble, exigeant et exaltant ", a décrit le président avant de poursuivre, "La carrière que vous venez d'embrasser impose une discipline rigoureuse ". Des propos exprimés devant un aréopage de représentants des chancelleries étrangères, des personnalités publiques et des officiers. Certains de ces derniers sont incorporés sous les drapeaux avant la création de l'Emia le 18 janvier 1960 il y'a 57 ans. Une désuétude qui intrigue l'observateur et interroge le discours de Paul Biya. Devient-on encore militaire par vocation ? Quand on l'est, est-ce pour y servir le temps d'une carrière ou alors pour y rester toute sa vie ?

Un parfum suranné

De nombreux militaires à qui ces questions ont été posées ne savent pas dissimuler leur embarras. A l'observation, la grande majorité ne se les pose jamais. C'est comme ça, c'est la volonté du politique, nous, on obéit Aux ordres", se dérobentils souvent. Mais, il en est qui ose." C'est vrai qu'on peut s'interroger sur la carrière de militaire quand on voit ce qui se passe dans notre armée ", attaque N., un militaire.

"Embrasser la carrière des armes, servir pour le drapeau de son pays n'est pas une recherche d'emploi. Mais, un engagement pour son pays qui peut aller jusqu'au sacrifice suprême comme l'ont fait dans l'histoire contemporaine de notre armée le Commandant Zoa, le capitaine Lissia Matna, le commandant Metiege, le lieutenant Youssouf dans la défense des intérêts de l`Etat du Cameroun dans le péninsule de Bakassi ou bien Le général de division Kodji Jacob, le colonel Kameni, Le lieutenant-colonel Kwene Ekwele Beltus, le capitaine Matute, le capitaine Djinebo ou bien le Lieutenant Njile dans la défense du Cameroun dans la guerre contre les menaces du genre nouveau comme Boko Haram", exposet- il.

Pour lui, "Ce service à la nation ne peut être qu'une étape de l'ensemble des services dans la vie d'un citoyen à la fois, à la nation et dans sa vie tout entière , " on voit tout de suite que ce sont les intérêts personnels qui peuvent pousser un militaire à vouloir faire du service à la nation, une vie compte tenu des exigences du métiers des armes ." Il faut à son sens, que la vie de militaire soit circonscrite dans le temps. " Elle perd tout sa crédibilité si elle se prolonge indéfiniment dans le temps . Et pour cause cette vocation, toute une vie." Cela, « compte tenu des exigences du service sous le drapeau.

Des expériences dans les armées des puissances occidentales démontrent à suffire que seuls les hommes de réflexion peuvent être utiles sous le drapeau ". Dans ces armées à fort caractère opérationnel comme celle des États-Unis, le service des hommes en tenue est limité à 60 ans pour les officiers généraux qui ont des compétences exceptionnelles. Les cas des généraux Collin Powell, Joint chiefs of staffs chairman, le général Douglas MacAthur ancien commandant des opérations Americain dans le pacifique, le général Tony Franks, le commandant des opérations American dans le proche et moyen orient 2001-2004, le général Norman Schowkoff, le commandant des opérations militaires Americain dans le proche et moyen orient de 90-93 est assez illustratif.

Pour l`Afrique, le Bénin, le  Sénégal et le Nigeria donnent des exemples d'un service de qualité sous le drapeau jusqu'à 55 ans et une réinsertion dans la le monde des affaires, la politique ou le secteur privé. Dans ces pays occidentaux ou africains, les militaires commandent du respect à leurs concitoyens pour la qualité de leurs services sous le drapeau et les sacrifices pour la nation. Ils sont, à la fin de leurs carrières, prioritaires pour les emplois dans le monde des affaires et le secteur privé, à cause des qualités acquises lors de leurs services sous le drapeau.

Au Cameroun, les populations ont appris à apprécier les services des armées. Le génie militaire s'est illustré dans maints ouvrages de génies civils. Il a surtout contribué à l'installation de grands bassins agricoles lors des projets Bafang- Yabassi ou de celui de la péninsule de Bakassi. Les médecins et autres personnels médicaux sanitaires militaires ont une réputation d'efficacité bien établie dans les dix régions et les salles des hôpitaux et infirmeries militaires ne désemplissent pas au détriment de leurs homologues civils. Il est des domaines où les militaires sont les seuls à former des techniciens.

On en trouve d'excellents dans l'aviation, la marine, la mécanique, l'électronique ou les télécommunications. Souvent sans la moindre connaissance technique lors de leurs recrutements, beaucoup de militaires acquièrent métiers et techniques lors de leur service. De plus, ils sont les seuls agents publics à être systématiquement remis à niveau par des stages qui leurs sont proposés pratiquement tous les trois ans.

Cette remise à niveau constante dans des domaines qui peuvent paraître aussi lointains du métier des armes comme le journalisme, l'avocature, la couture, la comptabilité, la musique, la cuisine ou même l'élevage, leur offre compétences et qualifications très recherchées dans le secteur privé. D'ailleurs, ils fréquentent les bancs des meilleures écoles et instituts de la planète où ils enfilent diplômes et attestations comme d'autres des perles. Mais, la qualité première d'un militaire reste d'être un soldat. La condition physique c'est à dire son aptitude à l'effort physique est déterminante.  

Des aptitudes entretenues

A côté de ces aptitudes, les meilleurs ont d'autres atouts. Ils savent organiser et commander aux hommes. C'est le cas des officiers camerounais formés pour être à la tête de centaines voire de milliers d'hommes qu'ils ont la charge de mener au feu et de les ramener indemnes en temps de guerre ou dont ils doivent assurer l'entraînement et le perfectionnement dans des moments plus cléments. Chaque jour ils réfléchissent à développer un esprit d'équipe qui vise à réunir l'ensemble de la troupe sous leur responsabilité pour une victoire commune. Ils sont de ce fait des spécialistes très compétents dans les dynamiques des groupes. Les services sous le drapeau est dont une étape de la vie qui permet d`avoir des compétences et l`expérience pour la suite de la vie et non une vie en soit.

"Ceux des militaires a l'instar de ces officiers incorporés depuis 1958 qu'on a vu vendredi auprès de Paul Biya, semblent avoir fait leur vie sous le drapeau. Ils ne l'ont certainement pas faite dans l'idéal du service de la nation, mais, plutôt pour leurs intérêts propres ou bien pour les intérêts d’un petit groupe et la nation est généralement la plus grande perdante et la première victime de ces petits arrangements", explique notre interlocuteur. Il poursuit, "c'est le cas des armées qui défendent des dictateurs et des prédateurs." Pour lui, " les jeunes gens qui s'engagent sous le drapeau doivent toujours se rappeler que toute carrière a un début et une fin.

Une carrière sans fin n'a aucun défi à relever. Ces jeunes militaires doivent se rappeler qu'il y'a une meilleure vie et service à la nation après celle dans l'armée, et qui, à la fin du service du sous le drapeau ouvre des perspectives nouvelles dans le monde civil. Les militaires américains donnent des services de qualité dans les missions de soutien à la paix à l'échelle internationale for de leurs expériences sur ces théâtres d'opérations dans le monde. Ils excellent ensuite dans le monde des affaires, et dans l’expertise qu'ils ont dans la montée en puissance des forces et des armées ".

Au fil de notre entretien, notre interlocuteur précise sa pensée et son questionnement se fait plus acéré. " A quoi peut-on servir dans les armées à 65 ans. Peut-on être efficace pour son pays comme militaire en activité passés 70 ou 75 ans ? On peut être curieux et se poser la question de savoir, si ces militaires qui font vie sous le drapeau sont incapables de vivre sans leur uniforme ou bien s'ils sont indispensables pour leur pays ?

Existent-ils de véritables militaires sous le drapeau âgés de plus de 75 ans ou bien sont-ce des hommes qui portent seulement l'uniforme tels des soldats d'opérette ? Les formations que l'État leur ont payées sontelles encore pertinentes pour le menaces de l`heure? "

Lire aussi dans la rubrique POINT DE VUE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo