La Présidentielle française : L’Afrique et les noirs
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France :: La Présidentielle Française : L’afrique Et Les Noirs

Comment disserter sur la présidentielle Française au prisme de l’Afrique et des noirs ? On peut s’y prendre de plusieurs manières :La première consisterait à expliquer en quoi ce qui passera en France dans quelques jours nous concerne en tant qu’africains sédentarisés sur le continent ou vivant dans un monde circulation (hommes d’affaires, musiciens, peintres, avocats, journalistes, intellectuels, responsables d’ONG…), en tant qu’immigrés-extra-communautaires pour certains ou  afro-européens pour d’autres.

La deuxième consisterait à parler des noirs de France en tant que population électorale. Ce serait l’occasion d’examiner un certain nombre de problématiques rebattues : existe-t-il en France en communauté  noire ? Quel est son poids politique ? Quel est son comportement électoral ? Comment ce dernier a t-il évolué ces dernières années ? Vers où pourrait s’orienter le vote noir à la prochaine échéance ?
La troisième manière de s’y prendre consisterait à chercher dans les programmes des différents candidats ce qui concerne l’Afrique et les noirs. C’est cette dernière approche que nous allons privilégier.
Le débat présidentiel français laisse apparaître trois catégories d’acteurs politiques dans la relation à l’Afrique et aux noirs.

La première catégorie regroupe les acteurs politiques dont l’arrivée au pouvoir ne fera pas le bonheur des noires. Ils annoncent des politiques dures, faites de mesures quasi-punitives pour les immigrés. Ces acteurs politiques se trouvent dans la droite l’échiquier politique et à l’extrême droite. C’est Marine Le Pen , Francois fillon , Dupond Aignan. Voyons un peu ce qu’ils proposent :

Marine Le Pen

Voici quelques mesures phares de son programme en matière d’immigration :
- Réduire l’immigration légale à un solde annuel de 10 000. Mettre fin à l’automaticité du regroupement et du rapprochement familial ainsi qu’à l’acquisition automatique de la nationalité française par mariage. Supprimer les pompes aspirantes de l’immigration.
 -Supprimer le droit du sol : l’acquisition de la nationalité française sera possible uniquement par la filiation ou la naturalisation dont les conditions seront par ailleurs plus exigeantes. Supprimer la double nationalité extra-européenne.
- Revenir à l’esprit initial du droit d’asile qui ne pourra par ailleurs être accordé qu’à la suite de demandes déposées dans les ambassades et consulats français dans les pays d’origine ou les pays limitrophes.
-Supprimer l’aide médicale d’Etat accordée aux étrangers

François Fillon

Un autre candidat dont le programme politique ne brille pas par sa bienveillance à l’égard des immigrés est françois Fillon. Sa politique migratoire n’est pas moins punitive que celle de Marine Le Pen. On y retrouve un parfum d’extrême droite. On apprend en lisant son programme, que le candidat envisage :
-Inscrire dans la Constitution le principe de quotas fixés par la loi, plafonnant le nombre de titres de séjour pouvant être délivrés chaque année au titre de l'immigration professionnelle et familiale, en fonction des capacités d'accueil de la France et des capacités d'intégration des demandeurs.
-Durcir les exigences du regroupement familial et refuser la délivrance des titres de séjour pour raisons familiales en l'absence de perspective sérieuse d'intégration (tenant compte notamment des ressources, du logement, de la couverture sociale, de la maîtrise de la langue française, du respect des valeurs de la République et du projet de vie en France). 
-Ne verser les prestations d'allocations familiales ou d'aide au logement qu’à ceux qui résident régulièrement en France depuis plus de 2 ans. Les prestations de sécurité sociale ou d’assurance chômage continueront à être versées à ceux qui cotisent.

-Supprimer l'Aide Médicale d'Etat et la remplacer par une dispense de frais de santé limitée à la prise en charge des mineurs, des urgences et des maladies infectieuses, dans les établissements de santé agréés. Toute utilisation de la dispense donnera lieu à une information de l'Etat, dans le respect du secret médical, en vue d'examiner la situation de l'étranger au regard du droit au séjour (notamment au regard du titre "étrangers malades").

Il va sans dire que tous les acteurs politiques de cette campagne ne souhaitent gonfler les muscles au passage du nègre. Pour rencontrer des visages dépourvus d’hostilité on n’a qu’à se rendre à l’autre bout de l’échiquier politique, ç’est à dire à l’extrême gauche. Nous savons à force d’écouter Poutou et Melenchon que l’extrême gauche est immigrationniste et antiraciste. Le problème c’est que ça s’arrête là. C’est vraiment le service minimum. Ils ne feront pas de l’immigration et de la diversité encore moins de l’Afrique un thème majeur de la campagne politique. Leur problème c’est la défense des ouvriers blancs. Lorsqu’on parcourt leurs programmes on ne voit pas des initiatives fortes en faveur des minorités. 
On en vient à une troisième catégorie d’acteurs politiques. Elle est composée des candidats dits hors système situés au centre de l’échiquier politique et dans la gauche réformiste. Ils ont sur l’Afrique et la diversité le discours le mieux abouti avec des propositions constructives. Ils s’appellent Jean Lassalle, Asselineau, Benoit Hamon Emmanuel Macron, Jacques Chéminade.

Jean Lassalle

Jean Lassalle souhaite mettre un terme à la supervision du Franc CFA par le trésor français. Par cette proposition il reprend à son compte une revendication des panafricanistes.
Il souhaite en outre établir une université francophone en Afrique non francophone, sur le modèle de la Sorbonne Abou Dhabi
Il veut appuyer le développement des infrastructures africaines, notamment les télécommunications, facilitant les relations culturelles et économiques.

François Asselineau

Le président de l’UPR inscrit le volet africain de son programme politique dans de la consolidation de la francophonie. Il souhaiterait de ce fait renforcer les liens avec les pays de la francophonie. Il estime qu’en cloisonnant la France dans le périmètre étroit et arbitraire de l’Europe on affaiblit la francophonie. Il écrit en substance : << Le désintérêt des dirigeants pour la Francophonie est en parfait accord avec la construction européenne, qui postule des distinguos entre pays recommandables et les autres. Nous voulons contrecarrer la théorie guerrière et racialiste du « choc des civilisations » promue par les groupes de réflexion américains et dont la construction européenne est une application régionale. L’UPR veut donner corps à une véritable communauté francophone fondée sur des liens d’égaux à égaux et entretenir un lien politique permanent entre les États de la Francophonie.>>

Benoît Hamon

Fidèle à sa démarche consistant à réhabiliter les fondamentaux de la gauche, la France de Benoît Hamon ne sera certainement pas hostile aux personnes qui fuient la détresse. Le candidat socialiste entend : créer un visa humanitaire pour ouvrir aux personnes en situation de détresse humanitaire une voie d'accès légale et sécurisée au territoire français, pour un accueil et une protection temporaire. En outre, figure dans son programme le rétablissement de l'aide au développement, en fixant par la loi que ce budget ne peut être en deçà de 0,7 % du Revenu National Brut, comme au Royaume-Uni.

Emmanuel Macron

Le leader du Mouvement En Marche a certainement l’un des programmes les plus favorables à la libre circulation des talents.
Il allégera les procédures et réduira les délais d’obtention des visas « talents », pour améliorer l’attractivité de la France dans la compétition internationale, pour attirer les talents étrangers (créateurs d’entreprises, d’investisseurs, de chercheurs ou d’artistes).
Il développera les visas de circulation pour les professionnels (entreprises, scientifiques..) : ceux-ci devraient être inscrits sur une liste de bona fide établie sous la responsabilité de la chambre de commerce locale ou du service économique régional de l’ambassade, afin de permettre un traitement rapide des dossiers.
Il simplifiera les modalités d’accès au travail pour tous les étudiants titulaires d’un master en France.

Jacques Chéminade

Jacques Chéminade est certainement de tous les candidats celui qui a sur l’Afrique et l’immigration le discours le plus étoffé et le plus abouti. Il n’est pas courant d’entendre un leader politique européen et blanc  citer en exemple Cheikh Anta Diop  Thomas Sankara. Il s’y aventure. Pour ce qui est de sa pensée et de ses propositions sur l’Afrique Voici ce qu’on peut lire dans son programme :
<<   Résoudre le « problème de l’immigration », c’est donc traiter d’abord celui de l’émigration. Cela implique de jeter la Françafrique à la rivière, avec ses mallettes, ses valises, ses cassettes et ses licornes, et de fournir aux pays africains les moyens de leur indépendance et de leur développement réel de manière à ce que le capital humain puisse y rester, d’une part en y promouvant l’équipement social et culturel, d’autre part en organisant dans chaque pays et à une échelle panafricaine un vecteur scientifique tractant leur économie vers le futur. C’est notre intérêt bien compris et le leur. C’était le rêve d’un Cheikh Anta Diop et d’un Thomas Sankara, il est temps de le réaliser.

Pour cela, il faut d’abord sortir du système d’ajustements structurels du FMI qui détruit la santé, l’éducation et les infrastructures ;sortir de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et des accords de partenariat avec l’Union européenne qui, dans leur logique actuelle de démantèlement tarifaire, portent un coup fatal au développement des pays africains.
Ensuite, lancer de grands projets infrastructurels à une échelle panafricaine. La revivification du lac Tchad, afin de créer un poumon de développement au cœur du continent, est une nécessité absolue, de même que la construction du canal de Jonglei au Soudan, la plantation d’une ceinture verte transversale dans le centre de l’Afrique et la remise en eau douce des chotts algériens et tunisiens.
En même temps, il faut construire des chemins de fer et des transports à grande vitesse, intérieur-intérieur et côte-côte. Il s’agit de sortir du modèle quasi unique intérieur-côte, organisé pour le pillage des matières premières. L’on pourra ainsi réunifier les marchés entre régions intérieures, en mettant l’accent sur la consommation locale de cultures vivrières.
Pour ces grands projets, des financements à long terme et à faible taux d’intérêt seront nécessaires, l’idée étant que le développement engendré par les projets permette de rembourser les crédits, à l’image des « paiements différés » de ce que fut le Plan Marshall en Europe.

Aujourd’hui, l’occasion nous est offerte de coopérer avec les banques de développement des BRICS, et en particulier avec la Chine. Il est temps de se mettre à cette coopération pour le développement, en conjuguant nos moyens et non en se livrant à une compétition pour le pillage des matières premières. Ce sera difficile, mais il n’y a pas d’autre choix.
Cela suppose un changement de perspective absolu dans nos objectifs.
Nous devons coopérer avec la Chine pour de grands projets d’infrastructure à une échelle panafricaine et au Moyen-Orient, dans un nouvel ordre gagnant-gagnant.
Les armées africaines, avec l’aide de nos soldats et de nos ingénieurs civils et militaires, devront être mobilisées pour construire des voies ferrées, des routes, des ponts et des ports.
Dépassant les impératifs du maintien de l’ordre, comme au Mali, elles trouveront une autre vocation que celles d’armées de répression ou de maintien d’un ordre injuste.
aider les pays africains à développer des médicaments génériques bon marché
en coopération avec l’Inde et le Brésil, qui en ont acquis l’expérience. Nous devons surtout rétablir l’esprit pastorien de veille médicale et sanitaire. L’épidémie d’Ebola a montré ce qu’il en coûte de ne pas le faire.
Un commerce équitable doit être mis en place, se substituant à un libéralisme financier et un libre-échange destructeurs.
le micro-crédit devra être organisé par les Etats en faveur des plus défavorisés pour court-circuiter les usuriers
dans le cadre de projets locaux et régionaux, compléments indispensables à de grands projets, L’idée est de mettre au travail le plus vite possible le plus grand nombre possible, en organisant progressivement les passerelles vers les emplois qualifiés de l’avenir, au fur et à mesure de l’avancement des grands projets.
La dette illégitime des pays étranglés par la politique internationale de ces cinquante dernières années, relayée par des gouvernements corrompus, doit être annulée en faveur de leurs peuples.
Il s’agit de mettre fin aux menées des fonds vautours et, en général, aux politiques de pillage, qui ne favorisent que des minorités oligarchiques, chez eux comme chez nous.
Mettre fin à la curatelle financière du franc CFA.
Comme le soulignait en 1979 l’économiste camerounais Joseph Tchundjiang Pouemi : « La France est (…) le seul pays au monde à avoir réussi l’extraordinaire exploit de faire circuler sa monnaie, et rien que sa monnaie, dans des pays politiquement libres. » L’oligarchie européenne, à travers l’euro, contrôle de fait les politiques monétaires africaines.
C’est pourquoi nous proposons de sortir de l’euro en France et de contribuer à moyen terme à mettre en place des monnaies nationales associées à des banques de crédit public productif, dans les pays de la zone CFA, en suivant l’exemple de ce qu’avait fait Modibo Keïta au Mali en juin 1962.
Ainsi seront créées les conditions pour que la vie et la dignité des jeunes Africains soient enfin respectées. Sans qu’ils soient contraints de partir, sans risque de mourir par noyade ou sur les barbelés de Ceuta ou de Melilla, sans aboutir dans des camps de regroupement ou de travail européens ou dans des logements misérables où leurs enfants risquent d’être contaminés par le saturnisme ou tentés par les réseaux du trafic de drogue.
Ce développement de l’Afrique ne peut servir d’excuse pour refouler l’immigration hors de France, comme le fait le Front national. Prétendre réduire en cinq ans l’immigration légale de 200 000 à 10 000 entrées par an est ou bien une escroquerie irréalisable, ou bien suppose un ordre policier répressif dont personne ne peut vouloir.
Mon projet n’est pas un projet de repli, mais un ordre de rupture avec la mondialisation financière, sans effets de manche démagogiques.
Promouvoir l’équipement social et culturel dans chaque pays et à l’échelle panafricaine, un vecteur scientifique tractant leur économie vers le futur

Sortir du FMI, de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et des accords de partenariat avec l’Union européenne

Lancer de grands projets infrastructurels à une échelle panafricaine
Pour ces grands projets, faire appel aux banques de développement des BRICS et aux fonds de la Nouvelle Route de la soie de la Chine
Mobiliser les armées africaines, avec l’aide de nos soldats et de nos ingénieurs civils et militaires, pour construire des voies ferrées, des routes, des ponts et des ports
Avec l’Inde et le Brésil, aider les pays africains à développer des médicaments génériques bon marché >>

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