Cameroun,AFFAIRE DES CHATEAUX: Mise au point relative à l’enrichissement illicite des commis de l’Etat
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Cameroun,Affaire Des Chateaux: Mise Au Point Relative À L’enrichissement Illicite Des Commis De L’etat :: Cameroon

A la suite de la publication sur les réseaux sociaux des images d’une somptueuse résidence privée en construction dans la banlieue de la ville de Yaoundé, et supposée appartenir à un commis de l’Etat qui serait en service au ministère des finances, citoyennes et citoyens se sont lancés dans un débat très fortement médiatisé.

Le débat sur l’affaire a pris une tournure regrettable, en se glissant vers l’incitation à la haine et à la mise en danger de l’ordre public et de la cohésion nationale. C’est ainsi que quelques termes inquiétants déjà entendus à un des pires moments de notre histoire, notamment lors des années de braise (1990 – 1992) lorsque quelques égarés et drogués incitaient, sur les ondes de Radio centre, certaines populations à prendre les machettes.

Aussi, la Commission indépendante contre la corruption et la discrimination tient à faire une mise au point salutaire selon les termes ci-après :

Une sorte de clameur populaire s’est manifestée, en indignation face à un fait révélé sur les réseaux sociaux, à un moment où des grèves, des revendications de nombreuses des agents publics sans revenus, interpellent notre conscience, et à un moment où le pays coure le risque de difficultés structurelles de payement. C’est tout à fait légitime.

Les détournements de deniers publics et l’atteinte au patrimoine public par des commis de l’Etat pressés de s’enrichir, ne constituent pas une nouvelle extraordinaire sous nos cieux. Les faits d’armes de ce sport très prisé, se présentent justement par des résidences féériques hors de toute modestie, de toute logique et de tout entendement, eu égard aux revenus officiels.

Il n’existe pas d’à priori tribal ou ethno-régionaliste, dans la catégorisation, l’identification et l’indexation des spoliateurs des deniers publics. IL existe plutôt un système qui entretien la culture de l’impunité, de l’insolence, du vol et de l’absence de patriotisme réel. Les serviteurs dudit système proviennent des quatre coins du pays. Nous sommes, sans doute, tous responsables, soit explicitement, soit implicitement.

Toutefois, il est constant, consistant, incontestable, que les citoyens et citoyennes de certaines aires géographiques du pays, très largement majoritaires dans la haute fonction publique, dans les postes de commandement, les régies financières et les positions pourvoyeuses de recettes publiques, se retrouvent également et logiquement majoritaires dans les procès pour atteinte à la fortune publique, et par conséquent clients du Tribunal Criminel Spécial. C’est une juste rançon de l’hégémonie politico administrative. C’est à ceux qui ont géré de rendre compte et non à d’autres.

Le pays court un risque, si toute esquisse de débat ou de réflexion sur les atteintes à la fortune publique, devrait se muer en débat des tribus. La menace est ainsi réelle sur une éventuelle alternance au sommet, en considérant que des personnes gravement mises en cause, convaincues de fautes, traînant un passé malpropre ou souhaitant se faire rappeler aux affaires, choisissent malhonnêtement de précipiter les débats dans cette voie haineuse, intrigante, malveillante et subjective, dont l’issue ultime pourrait être une guerre civile dont notre pays n’a nullement besoin. Ces individus doivent être clairement et ouvertement dénoncés sans aucune réserve. Ils sont tout simplement dangereux.

La Commission souligne avec force et conviction, qu’il n’y a ni tribu de voleurs, ni tribu de travailleurs, ni tribu de fonctionnaires, ni tribus d’éleveurs, ni tribu d’agriculteurs au Cameroun. Toutes les considérations et épithètes dans ce sens procèdent d’accidents voire d’incidents, dont l’histoire se charge de solder les comptes et de rétablir les équilibres raisonnables voire nécessaires et inéluctables.

La Commission tient dans ce contexte, à inviter les compatriotes à ne pas oublier que le pays est engagé dans une guerre ruineuse, coûteuse et très meurtrière contre la nébuleuse terroriste Boko Haram dans l’extrême nord du pays. Cette guerre produit dorénavant des ramifications asymétriques et catastrophiques, par des prises d’otages au quotidien qui atteignent dorénavant le nord, l’Adamaoua et l’Est.

La Commission invite tout autant, à ne pas oublier les lourds sacrifices des soldats qui tombent tous les jours sur différents fronts : Le général Kameni, le Lieutenant-colonel Beltus Kwene Ekwele, le capitaine Piwo ou encore le lieutenant Donkeng, et plusieurs autres valeureux soldats ont payé de leurs vies pour notre sécurité et non pour nous encourager à la division et à la diversion.

Enfin, La réalité en dépit de toutes les affirmations et de toutes défenses malheureuses et maladroites, c’est qu’en l’état actuel des salaires pratiqués dans la fonction publique camerounaise, c’est qu’aucun agent de l’Etat n’est en mesure, travaillant honnêtement et vivant honnêtement, d’acquérir un véhicule de vingt millions de FCFA ou de construire une résidence de cent millions CFA durant toute sa carrière. Alors lorsque l’on parle en milliards, c’est très grave.

Il y a longtemps, très longtemps, qu’une réflexion sérieuse aurait dû être menée sur les salaires, lesquels sont tellement bas qu’ils ne peuvent inciter qu’au vol, au pillage et au détournement du sens profond de la fonction publique./.

Yaoundé, le 20 Avril 2017

Le Président de la Commission

SHANDA TONME
Médiateur universel

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