Contrebande : Le général traque les trafiquants de nuit
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Le commandant de la 3ème Région militaire interarmées pourchasse des hommes qui créent des débarcadères clandestins et ont des complicités parmi les autorités civiles.

Les jardins du poste de commandement de la 3eme Rmia ont accueilli une curieuse cérémonie jeudi dernier. Au lieu d'un rassemblement de militaires, c'étaient des fonctionnaires, des propriétaires de marchandises de contrebande et des camions, pickups et autres Toyota starlet qui envahissaient la cour du PC au quartier Plateau de Garoua. Les propriétaires désireux de le faire pouvaient s'acquitter des droits de douanes et d'autres formalités administratives en rapport avec leurs marchandises saisies.

Pour la circonstance, le général de brigade Djonkep, commandant de la Rmia3, a fait décharger certaines cargaisons. L'assistance a alors découvert d'impressionnantes quantités de riz non décortiqué, du bois de chauffe, des bidons d'essence... Des marchandises transportées dans des automobiles qui n'avaient pas été dédouanées. «Tout cela a été saisi la nuit», explique une source bien informée.

A en croire des militaires, le général à découvert lors de la fouille d'une cargaison de bois de chauffe, que des armes avaient été dissimulées sous le bois. Il a donc décidé d'appliquer une décision du gouverneur de la région, prise en harmonie avec le code des douanes de la Cemac, qui interdit la circulation des marchandises de nuit. Seulement, les contrebandiers ont des relations haut placées.  

«Des autorités administratives de haut niveau, de hauts gradés de l'armée et des notables influents, étaient impliqués. Personne n'a écouté le général. Chaque fois il y avait des interventions pour libérer la marchandise saisie», raconte un militaire. Le trafic s'est poursuivi malgré les injonctions du commandant de la Rmia3. "Les douaniers n'ont pas les moyens de traquer les trafiquants.

De plus, ils n’apprécient pas beaucoup qu'on se mêle de leur travail. Sauf que les trafiquants sont devenus très malins, ils ont créé des débarcadères clandestins sur le fleuve Benoue et pour contourner la difficulté de se faire arrêter en transportant leurs marchandises dans des camions faciles à repérer et à arrêter, les trafiquants répartissent leurs marchandises dans des Toyota starlet. Les petites voitures, peuvent alors emprunter les mille pistes qui existent dans la vallée de la Benoue », poursuit notre source.

Jusqu'à ces dernières semaines, le général qui n'était pas très d'accord avec ces pratiques, paraissait plutôt tiède à engager la lutte contre un phénomène dont vivent des milliers de familles et dont de nombreuses autorités affirment qu'il " contribue à la paix sociale en donnant aux chômeurs sans nombre une petite activité les éloignant ainsi de la délinquance».

Saisie d’armes

Seulement, il y aurait eu cette saisie d'armes. Le général Djonkep a d'abord posé un ultimatum : plus de circulation de camions ou tout autre véhicule chargé de marchandises après 18h. La menace semblait dérisoire et difficilement réalisable jusqu'à la cérémonie de jeudi. L'on a alors découvert l'ampleur du travail que font les militaires de la Région. Si on savait que les contrebandiers faisaient venir frauduleusement des produits du Nigeria, l'on savait moins l'ampleur des exportations de certaines productions vers des pays de l'Afrique de l'ouest.

«Le riz Paddy non décortiqué et le poisson fumé en provenance de Lagdo sont exportés au Ghana. J'ai rencontré un pêcheur qui m'a dit qu'il ne peut en aucun cas vendre sa production au Cameroun car la demande intérieure est faible en termes de quantités et de prix », confie Abdoulaye, un commerçant à Garoua.

«En principe, les échanges sont libéralisés en zone Cemac du moment que les droits de sortie de 2% sont payés par l’exportateur. Le Nigeria et le Ghana n'étant pas dans cette zone communautaire, les autorités peuvent appliquer des contingentements à la sortie du territoire, en vue d'une disponibilité de certaines denrées notamment alimentaires», pense un douanier.

Mais, les douaniers ne sont pas d'accord pour que les marchandises saisies par les militaires soient mises en fourrière dans des casernes militaires. Ils pensent que l'on devrait procéder autrement : «Evidemment, ce n'est pas normal parce que toutes ces saisies auraient dues être ventilées dans les administrations respectives selon la nature des saisies».

Pour eux, les marchandises saisies devraient être mises en fourrière, «uniquement par la douane qui, après dédouanement et paiement des amendes, libère celles des marchandises non prohibées et transfère aux autres administrations publiques celles dont ces services ont compétence. Ainsi le bois aux Eaux et Forêts.

La vérification de l'existence d'une assurance, le paiement de la vignette etc. ne se font généralement qu'après les formalités de dédouanement. La gendarmerie et la police ne doivent intervenir qu'après ces formalités pour une vérification de la mise en circulation conforme des moyens de transport saisis».

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