Michel Sapin : « Le FCFA n'est plus la monnaie de la France »
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Le ministre français des Finances a réitéré le 14 avril à Abidjan, dans le cadre de la réunion biannuelle des pays de la zone franc, que le FCFA est la monnaie des Africains.

Les médias français (Le Figaro, RFI, Jeune Afrique, etc.) en ont largement fait échos le weekend dernier. Il s’agit de la sortie du ministre français des Finances, Michel Sapin, qui a remis au goût du jour le débat sur le FCFA. C’était le 14 avril à Abidjan (Côte d’ivoire) dans le cadre de la réunion biannuelle des pays de la zone franc. «Le franc malgré son nom est la monnaie des Africains, ce n'est plus la monnaie de la France, il a disparu en Europe. Sur toutes ces questionslà, c'est aux Africains de se prononcer et ce n'est pas à nous de le faire à leur place», a expliqué le ministre à Abidjan.

Michel Sapin cherchait ainsi à contourner toute discussion sur l'avenir du franc CFA qui date du colonialisme et qui suscite la polémique. «Ce n'est pas un sujet que j'aborde, car c'est un sujet qui appartient aux Africains», a-t-il fait savoir. «Il y a un rôle institutionnel bien connu: nous sommes un élément de garantie de la monnaie, mais, pour le reste, le rôle est avant tout d'écouter, de faciliter et d'appuyer lorsqu'il le faut», a précisé le ministre. Dans un contexte économique marqué par des incertitudes au plan international comme régional, les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales ont réitéré leur engagement à oeuvrer pour le développement de la zone franc.

Ils s'engagent au renforcement du principe de solidarité dans la zone afin d'apporter des réponses concertées et communes aux défis économiques, sociaux et sécuritaires. Selon Abbas Mahamat Tolli, gouverneur de la Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC), grâce à sa réserve commune de devises, plusieurs pays de la zone franc ont pu faire face à des situations économico-sociales alors qu’ils présentaient des déficits budgétaires.

Les participants ont donc émis le souhait de réduire les déséquilibres budgétaires, afin de garantir le bon fonctionnement des unions monétaires et de préserver la soutenabilité des trajectoires de développement. La position de Michel Sapin, et par ricochet de la France, reste constante. Car lors d’une pareille réunion en avril 2016 à Yaoundé, Michel Sapin, a une fois de plus été interpellée sur cette question. A cette occasion, le ministre français déclarait que le rôle de la France, est de garantie monétaire.

Constance

« C’est un engagement pour faire en sorte que la valeur des monnaies concernées soit garantie, ainsi, les économies des pays soient à l’abri des spéculations qui peuvent faire énormément dégâts économiques et sociaux. Mais, elle [la France] n’est pas là pour décider à la place des autres, elle est là pour accompagner, nous pouvons avoir des conseils techniques, nous pouvons avoir des équipes à disposition, mais, je ne confonds pas conseils techniques avec la décision politique », indiquait M. Sapin.

Toujours selon lui, la décision politique appartient aux Etats, les conseils politiques peuvent être apportés par la France, comme ils peuvent être apportés par d’autres organisations de niveau international. « La France sera toujours à vos côtés, mais elle ne décidera jamais à votre place », avait martelé le ministre français.

Pour le ministre français, le rôle de la France est de garantir la convertibilité illimitée du Franc CFA, et le compte d’opérations logé dans le trésor français qu’à cette fin. Et, il est d’autant plus nécessaire en ce moment, parce que seuls les pays qui ont la stabilité monétaire ont la capacité de rebondir face aux chocs exogènes, comme c’est le cas actuellement pour les pays de la zone Franc. Allant dans le même sens, François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la banque de France, a précisé que le compte d’opérations est un mécanisme favorable pour les pays africains, et non pour la France. En plus, le taux de rémunération dans ce compte est largement supérieur à celui appliqué en Europe.

Le taux d’intérêt planché appliqué ici est de 0,75%. En plus, ajoute-t-il, il y a des mécanismes de financement en Europe plus favorables que le compte d’opérations. Et, la France est ouverte aux discussions autour des réformes de ce dispositif, si la partie africaine le souhaite, a conclu Michel Sapin. Créé en 1945, le franc CFA est aujourd'hui rattaché à l'euro. Autrement dit, il suit les variations de la monnaie unique.

Et pour garantir cette parité fixe, les pays de la «zone franc» doivent déposer 50 % de leurs réserves de change au Trésor français. Ces pays n'ont donc pas d'indépendance monétaire, ce qui suscite de vives critiques. Toutefois, pour bon nombre d'économistes, cette monnaie joue toujours un rôle stabilisateur de leur économie.

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