SITUATION DES DETENUS POLITIQUES AU CAMEROUN : LETTRE DU JOURNALISTE CAMEROUNAIS MICHEL BIEM TONG AUX CANDIDATS A LA PRESIDENTIELLE FRANÇAISE
CAMEROUN :: POINT DE VUE

SITUATION DES DETENUS POLITIQUES AU CAMEROUN : LETTRE DU JOURNALISTE CAMEROUNAIS MICHEL BIEM TONG AUX CANDIDATS A LA PRESIDENTIELLE FRANÇAISE :: CAMEROON

Chers candidats aux élections présidentielles en France,Vous voici en pleine bataille pour la conquête du fauteuil présidentiel. Dans la campagne électorale, vous êtes engagés. En vue des élections présidentielles qui approchent à grand pas. En vue de diriger l’une des plus grandes puissances économiques au monde : la France. Depuis plus de 50 ans, votre pays entretient une relation privilégiée avec l’Afrique, notamment ses anciennes colonies. Le Cameroun, mon pays d’origine, en fait partie (de facto tout au moins).

Chers candidats,

Comme dans d’autres pays africains, la France est très présente au Cameroun dans tous les domaines de la vie économique : l’agroalimentaire, le BTP, la logistique, les hydrocarbures, la téléphonie mobile, le transport ferroviaire, les ports, etc. Au lendemain de ces échéances électorales, le vainqueur aura à cœur de poursuivre cette coopération bénéfique à la France au regard des potentialités dont regorge le Cameroun.

Cependant, dans cette ruée des hommes politiques et d’affaires français vers le Cameroun, la problématique des droits de l’homme est reléguée au second plan quand elle n’est pas simplement occultée. La France a toujours gardé le mutisme au sujet de nombreuses violations des droits de l’homme au Cameroun.

Suite à la répression des « villes mortes » en 1991 ainsi que des émeutes dite de la faim de 2008 par l’armée camerounaise, la France n’a pas pris position de façon officielle pour condamner ces actes barbares. L’un des signes les plus manifestes de la dérive autocratique du pouvoir camerounais depuis plus de 10 ans est la lutte contre la corruption communément appelé « Opération Epervier ».

Initiative louable au départ, cette opération « mains propres » a très vite basculé vers une purge systématique de certaines figures du camp présidentiel politiquement gênantes ou encombrantes pour Paul Biya qui ne jure que par la pérennité de son pouvoir.

Arrêtés, jugés et condamnés par un appareil judiciaire au « garde-à-vous », ces détenus politiques croupissent qui en prison qui dans un camp militaire sans la moindre preuve de « détournement de deniers publics » et après avoir été privés du droit à la présomption d’innocence et à un procès équitable.

Il s’agit des anciens ministres Marafa Hamidou Yaya, Jean Marie Atangana Mebara, Urbain Olanguena Awono, Polycarpe Abah Abah, Dieudonné Ambassa Zang (exilé politique en France), des anciens directeurs généraux de sociétés parapubliques Zacchaeus Forjindam, Iya Mohamed et de l’homme d’affaires Yves Michel Fotso.

A cette catégorie s’ajoutent celle des détenus politiques incarcérés parce que soupçonnés d’intelligence avec la secte islamiste Boko Haram. Il s’agit du journaliste correspondant de Radio France International en langue haussa Ahmed Abba, du notaire Me Abdoulaye Harrissou et de l’opposant Aboubacary Sidiki.

D’autres détenus politiques ont été arrêtés dans le cadre de la crise anglophone qui sévit au Cameroun depuis bientôt 6 mois. Il s’agit des leaders anglophones tels que l’universitaire Fontem Neba, l’avocat Me Félix Nkongho, le journaliste Mancho Bibixy, le magistrat Paul Ayah Abine. Ces derniers revendiquaient le retour au fédéralisme.

L’organisation de la société civile qui défend la cause de ces détenus politiques camerounais est basée en France. Il s’agit Comité de libération des prisonniers politiques (CL2P).

Chers candidats

Loin de moi toute intention de vous voir remettre en cause la souveraineté du Cameroun une fois à la tête de l’Etat français. Mon vœu en vous adressant cette lettre est que dans le cadre de la coopération entre votre pays et le Cameroun, la question des droits humains y soit enfin inscrite.

Car si vos compatriotes d’origine camerounaise Michel Thierry Atangana et Lydienne Eyoum avaient eu droit à un procès équitable au Cameroun, les autorités françaises n’auraient pas été obligées de voler à leur secours afin qu’ils recouvrent la liberté.

Aussi souhaiterais-je que la France, sous le futur président de la République qui sera l’un d’entre vous, place les droits humains au centre de sa politique étrangère en Afrique en général et au Cameroun en particulier.

Que la France soit au côté des activistes et des organisations de la société civile qui se battent pour le triomphe de la démocratie, des libertés et des droits de l’homme au Cameroun, des valeurs qui sont si chères à votre pays. Que la France n’intervienne pas seulement en Afrique quand il s’agit des « otages judiciaires » de nationalité française.

Que la France se mette enfin au côté du CL2P et d’autres organismes de défense des droits de l’homme dans leur combat pour la libération des détenus politiques camerounais ainsi que pour leur réhabilitation à travers un loi d’amnistie générale votée au Parlement.

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