L’ajustement après l’ajustement : l’impossible développement de l’Afrique ?
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L’ajustement Après L’ajustement : L’impossible Développement De L’afrique ? :: Africa

The continent of hope ! C’est ce que titrait le Financial Times sur l’Afrique en 2015. L’Afrique, après plusieurs décennies d’ajustement structurel, était devenue the place to be. Elle avait le retour sur investissement le plus élevé au monde, un taux de croissance moyen de 5% depuis l’an 2000, une classe moyenne qui se confirmait comme tendance sociale, des investissements directs étrangers en hausse, et un compte d’opération excédentaire individuellement et collectivement pour de nombreux pays africains de la Zone Franc. L’Afrique avait diversifié ses partenaires commerciaux et la coopération chinoise annonçait l’ère d’une relation win-win en matière de développement. Même si le prix à payer par les sociétés africaines a socialement et statutairement été exorbitant, la croissance retrouvée était présentée par la doxa économique dominante comme la preuve irréfutable que la violence de l’ajustement structurel est définitivement une violence rédemptrice : un mal nécessaire pendant un temps pour un bien-être futur. Et voilà que patatras ! L’ajustement structurel est de retour en Afrique centrale.

Comment un ajustement structurel peut-il accoucher d’un autre ajustement structurel et pas du développement attendu ?

Les Lions Indomptables, champions d’Afrique en titre, ont récemment livré un match amical à Bruxelles l’estomac dans les talons parce que le Cameroun n’avait pas réglé la note de l’hôtel où ils logeaient. De nombreux professeurs camerounais du secondaire battent le pavé depuis quelques temps pour revendiquer leurs salaires non payés depuis plusieurs mois. Les étudiants tchadiens revendiquent leurs bourses d’étude et des mesures d’austérité sont annoncées en Guinée Equatoriale, au Congo Brazzaville et en Gabon où les réserves de changes se font rares. Le constat est le même qu’en 1980 : les Etats de la CEMAC sont en crise. Ils doivent réduire leur train de vie car ils consomment plus qu’ils ne produisent. Qu’a donc changé l’ajustement structurel des années 1980 si en 2017 ces pays africains expérimentent à nouveaux les mêmes carences qu’en 1980 ? Ce que ne disent pas les experts du FMI est que l’ajustement structurel est une approximation de la réalité qui omet de nombreux paramètres saillants des Etats africains, qu’il n’est pas l’économie mais un instrument de libéralisation économique et sociale, qu’il n’est pas une politique de développement au service d’un projet de vie bonne mais un incitent pour l’idéologie libérale.

Quid de la Chine, de la banque des BRICS et de l’émergence ?

Tisser des relations avec la Chine et la nouvelle banque des BRICS peut permettre aux pays africains de faire enfin du développement en se dépêtrant du corset qu’est l’ajustement structurel afin de retrouver une autonomie relative et une flexibilité dans la poursuite des projets de développement nationaux. Que valent les nouveaux rapports des pays africains avec la Chine et la nouvelle banque des BRICS si au moindre retournement de conjoncture, ce sont la France et le FMI qui se retrouvent au chevet des pays de la Zone CEMAC et brandissent leur posologie universelle, l’ajustement structurel ? Est-il réaliste de penser à l’émergence économique en Afrique noire sans avoir une autonomie de ses réformes sociétales, économiques et monétaires ?

Par Thierry AMOUGOU, Macro économiste hétérodoxe du Développement, 
Pr. université catholique de Louvain, 
Animateur et Fondateur du CRESPOL, Cercle de Réflexion Economiques, Sociales et Politique. 
cercle_crespol@yahoo.be

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