L’EGLISE CATHOLIQUE AU CAMEROUN FACE AUX ACCUSATIONS DE PEDOPHILIE
CAMEROUN :: RéLIGION

L’EGLISE CATHOLIQUE AU CAMEROUN FACE AUX ACCUSATIONS DE PEDOPHILIE :: CAMEROON

Après la récente diffusion de l’enquête de Cash-Investigation sur la pédophilie au sein du clergé dans l’Eglise catholique, les commentaires vont bon train et il fallait s’y attendre. Le contenu n’est pourtant pas si nouveau que ça car de telles émissions sont monnaie courante en Occident où depuis plus d’une décennie l’Eglise est trainée dans la boue par les médias et les tribunaux pour le crime de la pédophilie de quelques membres du clergé.

Tout au plus, ce qui est nouveau dans l’émission de Cash Investigation, c’est l’ouverture sur l’église catholique en Afrique en général et sur le Cameroun en particulier. C’est vraiment la première fois que ça fait le chou gras des médias au Cameroun. C’est aussi du grain à moudre pour les ennemies de l’église catholique qui ont tôt fait de la réduire à ses ombres.  Salie et trainée dans la « merde » à cause de la mauvaise gestion du crime de pédophilie d'une frange minoritaire du clergé, l’église catholique comme structure est rattrapée par une page sombre de son histoire, celle des ratés du management ecclésial qui ont détruit des vies. C’est sordide ! C'est ce qui arrive quand on préfère l’hypocrisie à son vrai visage. Ça vaut pour les individus, ça vaut aussi pour les institutions.

Mais l’Eglise essaye de faire amende honorable. Depuis le Pape Benoit XVI, le Vatican a donné des instructions fermes pour la gestion des cas de pédophilie dans le clergé. Les évêques et les supérieurs religieux ont le devoir de les appliquer en tenant, bien sûr, compte du principe de la présomption d’innocence, parce que ailleurs en Occident où ce scandale a fait beaucoup de ravages, il y a aussi eu beaucoup de fausses accusations. Désormais il y a toute une procédure à suivre pour gérer le cas d’un prêtre accusé de pédophile en toute transparence avec les instances judiciaires ecclésiales et nationales.

Le Pape François a parlé de tolérance zéro en la matière. Un prêtre qui commet des actes de pédophilie est un criminel et doit être traité comme tel par la justice. C’est ce qu’exige désormais l’Eglise catholique. Il n’existe ni dans le droit canon ni dans aucune législation  une disposition qui dit que le prêtre n’est pas justiciable. Cependant il a droit comme tout citoyen à la présomption d’innocence. Si des magistrats camerounais ont couvert des prêtres pédophiles, ils ont manqué à leur devoir.

Mais la laideur de ce crime de pédophile, surtout en milieu ecclésial, ne doit pas nous faire renoncer au devoir de vérité. Pour éviter des amalgames de toutes sortes, il convient de reconnaitre que la plupart de ces cas de pédophilie impliquant des prêtres dans le monde datent des années 1970s et 80s. La vérité est que les cas récents sont rares. La vérité veut aussi qu’on rappelle que statistiquement, ce crime ne concerne qu’une infime partie du clergé, ce que les médias ne disent pas toujours. Puisque certains se demandent si le mariage des prêtres ne constituerait pas une solution à ce problème, il convient aussi de rappeler et les médias ne le disent pas assez, que ce fléau, d’après les statistiques, sévit plus dans les familles que dans toute autre institution sociale. C’est donc toute la société qui doit s’engager dans ce combat pour protéger les enfants.

L’émission de Cash-Investigation semble insinuer que certains prêtres pédophiles ont été affectés en Afrique pour couvrir leurs méfaits. Si c’est vrai, il est évident que les évêques ou supérieurs de congrégations qui le permettent se rendent complices des crimes commis sur les enfants par cette complaisance et doivent en assumer la responsabilité. Mais évitons des amalgames : à ce que je sache, contrairement à ce que certains ennemis de l’Eglise catholique insinuent, le Vatican n’a jamais mis sur pied une politique d’affectation des prêtres pédophiles en Afrique. Quant à la congrégation de St Jean et l’archidiocèse de Bertoua mis en cause dans l’émission de Cash-Investigation, je crois que la seule manière d’établir la vérité est d’ouvrir une enquête indépendante en bonne et due forme.

Un simple démenti ne suffit pas. Le silence dans ce genre de situation n’est pas non plus la meilleure approche pour la crédibilité d’une institution déjà éprouvée. Là où il y a eu des soupçons comme à Bertoua, il convient que l’Eglise fasse sa propre enquête en toute transparence et dise la vérité. Peut-être Dieu aura-t-il pitié de nous en ce temps de carême. Mais surtout n’oublions pas cette parole du Christ : « Malheur au monde à cause des scandales! Car il est normal qu'il arrive des scandales; mais malheur à l'homme par qui le scandale arrive! » (Mt 18, 7)  Et le fait d’être prêtre ou évêque n’y change rien ! Ce sont des hommes !

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