Cameroun, Indemnisations au Barrage de Memve’ele: Dieudonné Bisso aux abois
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Cameroun, Indemnisations au Barrage de Memve’ele: Dieudonné Bisso aux abois :: CAMEROON

Le Coordonnateur du projet depuis la publication du rapport de la commission des droits de l’homme et des libertés descendu sur le terrain pour s’enquérir de la situation explosive qui soutend des malversations observées depuis le début de la construction de ce barrage et du projet, semble vouloir confondre ces accusations en parlant de chantage. Du moins, des révélations de sources fiables nous ont indiqué que Dieudonné Bisso et son équipe balaient toute les allégations du CNDHL d’un revers de la main.

A titre de rappel, le CNDHL, dans le cadre de ses prérogatives et après avoir été bien outillés par d’autres rapports sur l’exécution du projet de construction du barrage de Memve’ele a effectué en 2016 une descente de terrain. Dans un document transmis au Chef de l’Etat plusieurs aspects de violation des droits de l’homme ont ainsi été révélés.

L’impasse d’un projet « bancale »

Aujourd’hui, rares sont les personnes qui peuvent encore donner du crédit aux « élucubrations » des tenants de pouvoir de Yaoundé - qui, chaque fois que l’occasion leur ait donnés, clament leur engagement à améliorer les conditions de vie des Camerounais en général et des plus pauvres en particulier. En réalité, l’espoir des Camerounais de vivre décemment s’est depuis envolé et leur « aphonie » actuelle, qui est parfois assimilée aux effets du Syndrome de Stockholm ou tout simplement à la poltronnerie, dénote non pas de leur résignation face au mode de gouvernance du régime en place mais plutôt de leur volonté de ne pas voir du sang coulé. Ces derniers semblent laisser leur sort au TRES HAUT, Architecte de l’Univers, car, ils savent pertinemment les « réponses » qui seront apportées par les gouvernants aux actions qu’ils peuvent mener pour stopper une hémorragie qui fait des dégâts dans le Pays depuis plusieurs décennies. Dans une mythomanie incessante faite dans ce contexte de fin de règne, les Projets dits « structurants » semblent n’avoir eu pour seul effet que d’enrichir davantage les membres des nombreux réseaux qui contrôlent les affaires au Cameroun et qui recherchent ardemment des moyens nécessaires aux combats qu’ils devront mener pour maintenir leur train de vie princier après le départ de Paul Biya. Seulement, les réalités de terrain rattrapent de plus en plus ces individus parce que mettant à jour la dichotomie existante entre des déclarations et engagements faits à grand renfort de publicité et la qualité et conditions de vie et de travail de leurs concitoyens. Le barrage de Memve’ele est un cas d’école qui peut permettre de comprendre comment les Projets sont conduits au Cameroun dès leur phase conceptuelle d’autant plus que les manquements et non-conformités qu’on relève dans son développement est rapporté par l’institution gouvernementale compétente en matière de Droits humains au Cameroun (CNDHL) suite aux récriminations des populations affectées et aux dénonciations d’organisations telles que le Centre d’Action pour la Vie et la Terre (CAVT).

Après recoupement d’informations de terrain, même si le rapport de la CNDHL vient 5 années après le lancement des travaux de l’ouvrage énergétique et des abus, dérives et violations des droits humains qui en ont découlé, , la pertinence des informations et des recommandations qu’il contient décline le peu de cas dont fait montre les dirigeants du Cameroun sur les questions de promotion et de protection des droits fondamentaux de l’Homme malgré un Plan d’action quinquennal y afférent conçu par le Ministère de la Justice.

A titre de rappel, le projet de barrage de Memve’ele qui devrait permettre une production additive d’électricité de 201 MW a été financé à hauteur de 243 milliards de Fcfa (d’après les chiffres officiels) par la Chine à travers un prêt contracté par l’Etat du Cameroun dans des conditions qui ne garantissent pas toute la transparence requise dans cet engagement qui aura très certainement des incidences sur les générations futures .

Les mensonges du Directoire du Projet

Dans une démarche respectueuse des règles déontologiques et des institutions de la République, la CNDHL a eu des séances de travail avec les responsables de toutes les administrations impliquées dans le Projet avant de se rendre autant dans les villages de sa zone d’influence que sur le site de construction de sa composante « réservoir ». Elle a reçu du Comité de pilotage du projet un ensemble de documents dont l’un faisant état des indemnisations dues aux ménages affectés. Elle y décrie un processus d’indemnisation conduit en marge des règles prescrites en la matière où globalement plusieurs milliards ont été attribués aux individus suite au Décret °2011/3037/PM du 13 Septembre 2011, qui non seulement ont été très souvent attribués de façon fantaisiste sur des bases ne permettant pas toujours objectivement de les justifier. Le Rapport révèle par exemple que le Comité de pilotage du projet a consciemment sous-évalué la valeur vénale des cultures et des constructions des ménages de la zone d’impacts du Projet. Dans plusieurs cas comme celui de M. ABESSOLO ZENG dont la plantation de cacao de 3 hectares âgée de 26 ans a été indemnisée à 11 millions de Fcfa, l’équipe d’évaluation n’a pas tenu compte du haut rendement de la plantation ni du nombre de pied de cacao qu’elle contenait (2 800 pied). En dehors de ce cas, on a l’omission expresse des champs d’hévéa des villages ODING et NNEMEYONG, des biens pris en compte par la descente de la Commission de Constat et d’Evaluation (CCE) mais non finalement indemnisés. 157 500 000 Fcfa sont ici en question.

Concernant les constructions, le Rapport prendra par exemple le cas de M. NNOMO Simon, habitant le village Nsebito, dont la maison évaluée par la Commission à 72 millions 670 Fcfa n’a finalement reçu que 16 millions 956 Fcfa (23% de sa valeur).

Globalement, selon la CNDHL, « Sur près de 5 milliards de Fcfa de frais d’indemnisations prévus par la Commission du département, le Directeur du projet a payé 2,8 milliards de Fcfa. De cette somme, les populations réclament 1 697 467 715 Fcfa détournés, en plus des 10% d’exploitation des carrières utilisés pour la construction dudit barrage ; conformément à l’article 137 du Décret N°2002/648/PM du 26 Mars 2002 fixant les modalités d’application du code minier et celles de l’instruction N°07/004/MINEFI/DGTCFM/DT/DER du 6 Mars 2007 sur la taxe des recettes minières ».

La CNDHL s’est également intéressée à la gestion du déplacement des populations. Pour celle-ci, aucun site n’a jusqu’ici été indiqué pour relocaliser les populations des villages concernés alors que le projet de construction de l’usine de pied est à sa phase terminale et que la mise en eau partielle entrave la capacité de l’un de ces villages, notamment Aloum I, à avoir accès aux services sociaux de base (santé, éducation, loisir, etc.).

En plus, le Programme d’Accompagnement Socio-Economique de Memve’ele (PASEM) adopté dès 2008 et budgétisé à 17 milliards pour promouvoir le relèvement du niveau de vie des personnes affectées n’est, plus de 6 années après, qu’à un stade de balbutiements malgré des charges (personnel, véhicules, missions, etc.) que son budget supporte depuis lors.

En espérant que ce Rapport de la CNDHL fera bouger des lignes, à l’heure actuelle, des kilomètres de pylônes devant permettre de convoyer l’électricité sont en train d’être posés et la route Meyo-Centre-Nyabisan en train d’être bitumé pour les besoins du Projet. Dans le même temps, les populations se plaignent d’un processus d’indemnisation conduit à la « camerounaise », de la difficulté qu’elles éprouvent à accéder aux services sociaux de base, au gibier, à la recrudescence de la délinquance, de la prostitution, de la promiscuité et des maladies dues à l’afflux des populations,

des conflits entre autochtones et personnes migrantes, de la non mise en œuvre des articulations des plans et programmes qui auraient par exemple permis aux ménages affectés d’améliorer leur niveau de vie, etc. et un Directoire du Projet qui refuse d’actionner les mécanismes d’atténuation ou de réparation d’impacts prévus et connus sous le regard bienveillant des responsables des différentes administrations compétentes et de ceux les ayant nommés Eu égard à cet état de chose, on aura tendance à se poser cette question simpliste : « que nous manque-t-il ? ».

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