Cameroun, Revendications régionalistes : Une pratique politique?
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Cameroun, Revendications Régionalistes : Une Pratique Politique? :: Cameroon

Érection du Noun en région. Cette requête des parlementaires Udc s’inscrit dans une logique devenue la règle au Cameroun. Le Noun veut cesser d’être un simple département.

Les parlementaires de l’Union Démocratique Camerounais (Udc) l’ont fait savoir le vendredi 17 mars 2017 à l’hôtel des députés à Yaoundé. La cause ? Ils disent être marginalisés de façon accentuée depuis le dernier découpage territorial qui a fait de la zone Bamileke, une grande «région ». 

Au commencement, il y avait deux régions à l’Ouest : la région Bamoun et la région Bamileke. Finalement, la zone Bamileke a été transformée en région. 

On eût dit deux belles femmes dotées des mêmes potentialités et atouts physiques ayant épousé un puissant et charmant prince mais qu’un Léviathan a décidé de rendre l’une d’elle veuve. C’est le constat qui se dégage quand on suit de près l’actualité Bamoun et celle du département du Noun en particulier. C’est face à cet abandon ou à une sorte néantisation que les députés Udc se lèvent ces derniers temps et exigent l’autonomisation de leur région.

Ils sont formels : il faut redonner au Noun son statut historique de région.

L’Udc considère comme une grave injustice de continuer à maintenir le Noun constitué des trois quarts de la population de l’Ouest comme un simple département. Selon Tomaino Ndam Njoya, le porte-parole des députés Udc à l’Assemblée nationale, « au départ, il y avait deux régions à l’Ouest : la région Bamileké qui avait pour chef-lieu Dschang et la région Bamoun, dont le Noun était Foumban.

Aujourd’hui, nous nous retrouvons avec cette configuration : l’ancienne région Bamileke qui affiche sept départements et l’ancienne région Bamoun un département ». D’après elle, il s’agit d’une grave injustice car le département du Noun est plus vaste que les sept départements de la région Bamileke. 

Cette situation a des répercussions sur le niveau des populations et des jeunes. A ses yeux, les jeunes sont sans horizon en l’absence des infrastructures sportives. Bien plus, l’on observe un grand retard en matière d’infrastructures dans tous les domaines et secteurs d’activités. « Les populations vivent ces situations comme une injustice, comme une brimade, la seule solution, c’est d’ériger ce département en région ou de trouver toute autre formule s’analysant dans la transformation des arrondissements actuels en départements, pour la justice, l’équité, l’épanouissement des populations et, l’éloignement des causes de ressentiment qui, allant grandissants, sont des plus préjudiciables à la construction nationale », a-t-elle martelé.

L’honorable Ndam Njoya critique également le découpage électoral qui doit se faire sur la base de la superficie et des populations, le nombre de députés, Bip, services déconcentrés, structures de santé, culture réservés au département du Noun qui a le même nombre de populations que la région de l’Ouest.

Le député Mbouombouo Mama du même parti dit ne pas comprendre pourquoi on n’éclate d’un côté et on réprime de l’autre. « Ce n’est pas normal qu’on laisse prospérer des injustices. L’Etat a pour mission de fournir des biens et services et de rapprocher les administrés. Il faut s’armer de courage pour quitter Manyala, ma localité qui est à 150 km du centre ». Avis partagé par plusieurs jeunes ressortissants du département du Noun. Njoya Salatou explique qu’il faut se déplacer sur plusieurs kilomètres pour aller s’épanouir et faire signer des documents officiels. « Je me dis que la création des sous-préfectures ou leur multiplication rapprocherait davantage les administrés des gouvernants », a-t-il affirmé.

Nji B indique que plusieurs jeunes sont obligés d’aller en ville à cause des conditions de vie assez précaires. Sauf que cette espèce de contagion peut avoir d’autres agendas.

Le politologue Njoya Moussa affirme qu’ « on est dans un contexte épistolaire et il faut faire très attention. Il faut aller au-delà du discours officiel. En réalité, le discours pour la transformation du Noun en plusieurs départements s’est posé et il faut dire que cette revendication a un enjeu majeur.

Il s’agit de fragiliser l’autorité du Sultan. Mme Tomaino Ndam Njoya sait bien et nous sommes bien dans la fameuse notion du champ politique chez Bourdieu ». Il ajoute que le sultan s’est toujours posé en défenseur du maintien du Noun comme un département. « Il se joue dans cette bataille la préservation de l’hégémonie du sultan ou du monolithisme », a-t-il ajouté. 

A la question de savoir s’il y a des chances que la revendication des députés Udc prospère, Njoya Moussa a précisé que depuis la réforme de 1996, rien n’a véritablement changé et le chef de l’Etat ne peut pas aujourd’hui prendre des risques pour modifier la configuration régionale actuelle.

Cette pratique n’est pas nouvelle. En 2008, des parlementaires du Grand Nord avaient exigé l’admission à l’école normale de Maroua de tous les jeunes ressortissants de cette partie du Cameroun.

Dans cette revendication, le président de l’Assemblée nationale était en tête de file. Au début des années 2000, les élites de cette même partie du Cameroun avaient publié un mémorandum qui avait eu un grand retentissement et qui avait justement fait bouger les lignes. Les auteurs ont été admis dans le gouvernement. Dans la même veine, le Sud a aussi demandé l’université.

En général, ces revendications trouvent satisfaction, du moins pour les élites qui sont recrutées dans l’appareil étatique.

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