Marginalisation : Un anglophone ne sera jamais Président de la République
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La marginalisation des Anglophones procède donc de ces manœuvres souterraines et très malveillantes. Ce n’est ni plus ni moins ce que Bernard Muna appelle la « tyrannie des Francophones » sur les Anglophones.

Ce sentiment de marginalisation est encore plus accentué lorsque les administrateurs civils nommés dans le Sud-ouest ou dans le Nord-Ouest sont majoritairement choisis parmi les Francophones et appelés à administrer des populations qui ne parlent que l’anglais. On n’a pas besoin de chercher bien longtemps des administrateurs parlant l’anglais et formés dans la même école, l’ENAM de Yaoundé. Mais on ne les nomme presque jamais, ce qui en rajoute au mécontentement des Anglophones et finit par mettre le feu aux poudres.

Le désabusement est plus profond encore plus profond lorsque, à bien évaluer, un Anglophone au Cameroun n’a aucune chance d’être élu président de la République. Déjà, dans la répartition des cartes au Gouvernement, un Anglophone n’a jamais occupé des fonctions de ministre des Finances ou de ministre des Forces armées, de ministre des Relations extérieures ou de ministre de l’Administration territoriale. Le malaise est réellement profond lorsqu’un Anglophone est interdit d’accéder à certaines fonctions pour le simple fait d’appartenance à une certaine région ; celle du nord-ouest ou du sud-ouest.

Mais il en va autrement pour la question de la corruption

Bernard Muna est très édifiant de ses analyses éclairées. Mais il va un peu trop vite en besogne lorsqu’il parle des Universités de Bamenda et de Buea, pensées pour créer une sorte d’émulation entre les deux. Mais l’avocat ne se surveille pas lorsqu’il déclare plus haut qu’on sait tous où est le siège de la corruption au Cameroun. Les victimes de l’opération Epervier sont peut-être rarement anglophones comparés aux francophones. Mais pour la crise de l’université de Buea, les observateurs savent que l’argent donné aux Etudiants comme primes d’excellence académique a fini dans les poches de quelques délinquants indélicats qui sont même  capables de voler l’argent d’enfants qui vivent au quotidien  avec la faim dans le ventre.

Pour l’université de Buea, on n’a pas seulement volé l’argent mis à disposition pour les enfants, on a institué dans l’administration de l’université un système d’amende au nom duquel un enfant en retard de paiement de ses frais de scolarité doit payer une amende de 10 mille francs. On a vite fait d’envoyer la police sauter sur le campus, avec des abrutis qui en profitent pour violer de jeunes étudiantes. « Imfamita ! », comme aurait dit le parrain Don Vito Corleone.

Pour ce coup, le coupable n’est autre que la professeure Nalova Lyonga, vice-chancelier de l’université de Buea. Déjà visiblement très fatiguée, elle n’est cependant pas décidée à prendre une retraite bien méritée. Ce n’est pas une Francophone, mais une Anglophone qui a été appelée pour gérer l’université dans sa propre région. Les Francophones ne devraient pas porter le chapeau des dérives qui ont conduit à la situation d’insurrection à Buea. Bien que la situation ait pu dégénérer et se soit propagée à d’autres couches de la société. La grève commencée par les avocats de la « common law » a gagné les rangs des enseignants, les conducteurs de mototaxis sont rentrés dans la danse. La situation est embrouillée au maximum.

Quelles solutions ?

Si Paul Biya devait revoir sa copie, il n’aurait jamais souhaité finir son mandat sur une telle partition d’un pays déchiré entre tribus insurgées, et sur de profonds et violents malentendus entre Anglophones et Francophones. La première sauvagerie consisterait à penser que les frères anglophones crient et hurlent pour rien. On veut les envoyer au piquet sans jamais essayer de les écouter. Or, les problèmes qu’ils posent sont une réalité. La faillite du Cameroun aura consisté à mal traduire la notion du bilinguisme : on ne parle pas l’anglais et le français, on parle l’anglais ou le français.

C’est triste et plutôt désespérant pour un pays consacré bilingue et qui de surcroît a passé près de 60 ans à ne pas former des citoyens qui rêvent indifféremment et rêvent dans les deux langues. Apprendre une langue à un enfant n’est pas aussi compliqué que ça. C’est à croire que les pouvoirs publics ont sciemment corrompu notre identité bilingue. Il est inexplicable que 55 ans après la réunification, le Cameroun en soit à se jouer la farce de la drôle de guerre Anglophones-Francophones.

Les solutions, chacun y va de ses hérésies, et souvent de ses réflexes braquées. Les Francophones continuent à prendre les Anglophones pour des citoyens de seconde zone et ne prêtent jamais une oreille attentive aux revendications légitimes de ceux-ci.

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