Alternance 2020 en Côte d'Ivoire : " Qui, mieux que Soro?  " , interpelle à haute voix Franklin Nyamsi
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CÔTE D'IVOIRE :: Alternance 2020 en Côte d'Ivoire : " Qui, mieux que Soro? " , interpelle à haute voix Franklin Nyamsi :: COTE D'IVOIRE

Karl Raimund Popper, célèbre penseur austrio-britannique du 20ème siècle, insistait à juste titre sur les ressemblances essentielles entre la démocratie et la science. Dans son petit opuscule, L’avenir est ouvert, Popper remarque que la démocratie et la science ont en commun trois caractéristiques: ce sont les systèmes politique et intellectuel les moins pires que l’homme ait jamais produits, au regard de leurs effets directs sur le genre humain, comparés à ceux des dictatures et de l’obscurantisme; ce sont des systèmes politique et intellectuel qui intègrent la possibilité de l’erreur et de l’échec en leur sein, s’avouant ainsi faillibles, imparfaits, contrairement aux croyances religieuses, aux idéologies et aux pseudo-sciences; ce sont enfin des systèmes politique et intellectuel qui vivent de leur autocritique, progressant dès lors par le système du trial and error, « essai et erreur », ce qui en fait de parfaits reflets de l’effort de perfectionnement de l’esprit humain.  Comment ne pas appliquer cette réflexion poppérienne à l’analyse de l’avenir politique imminent de la république de Côte d’Ivoire? La Côte d’Ivoire contemporaine, quoiqu’on dise, se livre à l’observateur comme un chantier de civilisation de nouveau ouvert au génie de l’homme, mais aussi à ses imperfections.

Surprenante observation? On pourrait vite nous taxer d’ivoiro-pessimiste. Ce qui est loin d’être notre humeur, notre idéal et notre projet pour cette belle terre adoptive que nous n’avons jamais quittée. IL faudra donc que nos lecteurs et lectrices, en vertu du principe de bienveillance herméneutique, fassent preuve de patience pour entrer dans l’économie de la présente troisième réflexion pour la Paix Républicaine Ivoirienne, la Pax Republicana Ivoriana, dont nous sommes un pèlerin intrépide. En réalité, je m’attache dans la présente analyse à partir d’un bilan contrasté de la situation de la Côte d’Ivoire en 2017 pour établir trois thèses: I) La Côte d’Ivoire du président Alassane Ouattara est meilleure que toutes celles qui l’ont précédée après le règne du président Félix Houphouët-Boigny; II) La Côte d’Ivoire du président Alassane Ouattara, comme celle du président Houphouët-Boigny, laisse encore ouvertes des incertitudes sur son avenir politique après le départ moult fois annoncé de l’actuel Chef de l’Etat en 2020; III) Seul l’enracinement de la tradition démocratique ivoirienne issue du processus de Paix entériné les négociations politiques de 2002 à 2007 peut nous permettre d’entrevoir l’alternance générationnelle de 2020 avec confiance et sérénité pour la Côte d’Ivoire.

  I

La Côte d’Ivoire en 2017: un bilan contrasté, fait de forces, de faiblesses, d’opportunités et de menaces…

Certes, l’ère obscurantiste de la haine ivoiritaire semble avoir été surmontée par la naissance de la jeune démocratie ivoirienne, après l’échec de l’extrême-droite de ce pays, à l’issue de la crise postélectorale de décembre 2010 à avril 2011. Les paramètres généraux de la Côte d’Ivoire depuis lors sont passés au vert, grâce à l’action gouvernementale exceptionnellement efficace du président Alassane Ouattara.

Sur le plan économique, la monnaie du pays est stable, la croissance économique du pays est forte et positive, les taux d’intérêt des banques sont raisonnables, les coûts salariaux ont connu une embellie avec la revalorisation notoire du SMIG du pays, les ressources nationales sont de nouveau abondantes.

Sur le plan écologique, la Côte d’Ivoire du président Alassane a mis un frein aux grands scandales environnementaux du régime de la Refondation. Les catastrophes naturelles, la météorologie, la consommation d’énergie, le retraitement des déchets, la salubrité des villes et campagnes sont de nouveau au centre des politiques du régime ivoirien, comme en témoigne la récente opération citoyenne « Grand Ménage dans ma rue », impulsée par la première dame, Dominique Ouattara en ce début mars 2017. Le modèle économique ivoirien, encore axé sur l’économie de plantation et d’extraction, souffre pourtant encore, en raison de sa diversification insuffisante, d’une forte pression sur les ressources naturelles et d’une accélération de l’usure écologique du pays.

Sur le plan social, la démographie ivoirienne est formidable. Mais les premières difficultés non-surmontées transparaissent. Le niveau d’éducation globale n’est pas encore satisfaisant, les crises scolaires et universitaires n’en finissent pas. La distribution sociale des revenus ne soulage pas encore suffisamment les classes défavorisées et les classes moyennes. Le panier de la ménagère ivoirienne n’est toujours pas convenablement rempli. Une certaine croissance pauvre persiste dans ce pays, comme on le voit par ailleurs dans un pays africain de taille comparable, le Cameroun. Certes la consommation ivoirienne est soutenue, et les traditions culturelles du pays sont dynamiques et fécondes. Mais l’on s’accorde globalement à reconnaître qu’en raison des difficultés persistantes des classes défavorisées et moyennes, le climat social n’est pas positif.

Sur le plan économique, les indicateurs macroéconomiques du pays sont formidables. La politique monétaire, la croissance économique, l’évolution du PNB ivoirien, les taux d’intérêt et de change, le code d’investissement du pays, sont globalement positifs, grâce notamment à la politique proactive de l’architecte gouvernemental d’exception qu’est le Chef de l’Etat ivoirien. Des difficultés sont encore à affronter, pourtant. La difficulté d’accès au crédit des particuliers, le chômage massif des jeunes diplômés ou non, la fragilité du pouvoir d’achat des classes moyennes et populaires montrent cependant une microéconomie en souffrance persistante, où la rareté des ressources stimule sans cesse le cri fort audible des pauvres des villes et campagnes ivoiriennes. La présence inquiétante des Gnambros et  Microbes  des villes , comme celle, en campagne, des coupeurs de routes à travers le pays n’est-elle pas le signe d’une précarité persistante de beaucoup de gens du pays ?

Sur le plan technologique, la diversification de l’économie demeure insuffisante en raison du déficit d’introversion technologique. L’industrialisation de la Côte d’Ivoire demeure en dessous de ses besoins et des capacités potentielles. La consommation des produits manufacturés venus de l’étranger demeure donc supérieure à celle des manufactures locales. Bien que les dépenses du pays en Recherche et Développement progressent positivement  sous le Président Alassane Ouattara, le coût de l’énergie demeure un facteur de préoccupation pour les foyers et les entreprises, comme l’a montré la dernière crise de facturation de l’électricité en 2015-2016. Et les nouveaux brevets ivoiriens, quand il s’en trouve,  ne boostent pas encore l’innovation technologique du pays.

Sur le plan politique enfin, la Côte d’Ivoire a retrouvé la stabilité  depuis 2010. La réélection magistrale du Président de la République Alassane Ouattara en 2015, après l’oeuvre de redressement entreprise dès 2010 sous son impulsion par les gouvernements Soro (2010-2012); Ahoussou (2012-2013); Duncan (2013-2017), a été couronnée en 2016 par le succès électoral de la révision constitutionnelle ayant abouti le 5 novembre à l’érection de la troisième république ivoirienne. De nouvelles institutions, telles la vice-présidence de la république, le sénat ou la Chambre des rois et chefs traditionnels, ont commencé à fonctionner harmonieusement ou ne tarderont point à le faire. Le gouvernement, l’assemblée nationale et toutes les institutions précédentes fonctionnent convenablement. La pression gouvernementale sur les citoyens, la politique fiscale, les orientations idéologiques du pouvoir, la politique de sécurité sociale, la politique étrangère et le commerce extérieur du pays sont stables. 

Pourtant, comment nier qu’à côté de cette image de stabilité, les nombreuses contestations du pouvoir par l’opposition politique, l’ébullition quasi permanente du front syndical public et privé, les nombreuses mutineries survenues de 2014 à 2017, l’instabilité chronique des institutions scolaires et universitaires du pays, sont venues ternir quelque peu l’embellie globale de la politique ivoirienne après Laurent Gbagbo? Nous y reviendrons dans une analyse future. Mais, mieux encore, qui peut honnêtement nier que les conditions dans lesquelles l’avenir politique du pays se dessine, malgré les avancées remarquables de la nouvelle constitution,  ne laissent pas d’interroger plus d’un observateur quand on voit des velléités successorales contradictoires, voire antagoniques se manifester davantage chaque jour, comme des nuages s’amoncelant à l’horizon?  Je voudrais à présent insister sur ce facteur singulier d’inquiétude.

II L’alternance générationnelle 2020 en Côte d’Ivoire: une échéance à interprétations contradictoires

Le thème de l’alternance générationnelle à la tête de l’Etat de Côte d’Ivoire est au coeur de ce que Paul Ricoeur appelle si bien un conflit d’interprétations. A ce sujet, le quiproquo va bon train. Chacun y met ce qu’il veut, ce qu’il croit, ce qu’il pense. D’aucuns vont même jusqu’à y mettre ce qu’ils croient que les autres veulent, ce qu’ils croient que les autres croient, voire ce qu’ils pensent que les autres pensent. Pis encore, certains en viennent même à soutenir que le thème d’alternance générationnelle est plutôt un piège pour naïfs, qui servirait à légitimer, en raison de l’échec intentionnellement  organisé de ladite alternance, la continuité du pouvoir actuel dans sa nomenclature orthodoxe. 

En effet, les mots de l’expression laissent songeurs. L’alternance se dit souvent du passage du pouvoir de l’Etat de ses détenteurs actuels à l’opposition politique. Mais dans la mesure où en Côte d’Ivoire, elle est dite générationnelle, tout le monde a vite compris qu’elle est supposée se dérouler en 2020 à l’intérieur de la famille politique du RHDP au pouvoir. Mais quels sont les marqueurs permettant de définir la différence des générations politiques? L’âge chronologique des hommes et femmes politiques ivoiriens ou leur âge mental? Leur identité sexuelle? L’expérience politique des hommes et femmes politiques ivoiriens ou leur précocité? La décision décrétale des Anciens de choisir leurs Cadets, ou l’autodésignation des Cadets par rupture avec les Anciens? Bien malin qui pourra me dire qu’il possède sur chacune ou sur toutes ces interrogations, d’incontestables certitudes.

IL s’ensuit donc que l’alternance générationnelle ivoirienne 2020, à l’issue du second mandat en cours est loin d’être déchiffrable. Le PDCI-RDA, par la voix du président Henri Konan Bédié, entend depuis le célèbre Appel de Daoukro,  par cette alternance 2020 la restitution de la Présidence de la république du RDR au PDCI-RDA dans le cadre des échanges de bons offices entre alliés du RHDP depuis 2005.  Le RDR, par plusieurs de ses voix autorisées, a clairement signifié qu’une telle clause relevait de la seule imagination boulimique du PDCI-RDA, que 40 d’exercice du pouvoir aurait rendu obsédé des ors et lambris de l’Etat. A l’intérieur du PDCI-RDA comme du RDR, et des autres partis houphouétistes n’oublions pas non plus l’existence de nombreuses prétentions à incarner cette alternance générationnelle. Des hommes et des femmes, membres ou issus de chacune des formations du RHDP ( PDCI, RDR, UDPCI, MFA, UPCI ) s’apprêtent donc à batailler dur en interne, pour obtenir le statut de figure de personnification de l’alternance générationnelle en débat…L’opposition ivoirienne, quant à elle avec les Aboudrahman Sangaré, Affi Nguessan, Mamadou Koulibaly, n’entend par alternance que son retour au pouvoir, avec en prime pour certains, la réhabilitation triomphale de Laurent Gbagbo, que bon nombre voient désormais sortir de sa prison de La Haye. 

Dans ce concerto d’interprétations plus ou moins audibles de l’alternance, qui écoute donc le peuple souverain de Côte d’Ivoire, dont les forces vives ont changé par 4 fois de Chef de l’Etat depuis 1999? N’est-ce pas au final à lui, ce peuple intrépide et imprévisible de Côte d’Ivoire, qu’appartient la parole sur l’avenir de sa démocratie?  Qui écoute attentivement la houle montante de la jeunesse ivoirienne, avide d’accomplir ses rêves de modernité sociale, culturelle, économique et politique en corps-à-corps avec le Tout-Monde du village planétaire? Qui écoute vraiment ces nouvelles forces de la société ivoirienne, venues de toutes ses entrailles, et composées de la jeune et intrépide population, qui veut accomplir la grandeur ivoirienne de toutes les fibres de son corps, de son âme et de son esprit? Qui écoute cette Côte d’Ivoire devenue mature, au contact de l’expérience des anciens, trempée dans l’endurance des luttes tragiques, aguerrie dans la gouvernance des choses et des masses, déterminée à apporter au siècle africain sa touche inégalable de joies et de hautes réalisations? Incontestablement, l’alternance générationnelle  véritable, celle que certains s’efforcent inutilement d’occulter, se jouera sur plusieurs plans: la rédemption de l’histoire longue de la lutte fondatrice de cette époque; l’audace d’entreprendre pour les bas et moyen peuple ivoiriens, les changements concrets qu’ils espèrent; la force de réalisation architecturale d’Ivoiriens Nouveaux qui seront loin d’être des Nouveaux Ivoiriens. 

III  Le sens de l’alternance générationnelle ivoirienne: science, mémoire, audace en marche

Science

Appliquons à cette affaire, l’une des règles du discours cartésien de la méthode. Divisons la difficulté pour mieux la résoudre. 

Qui a droit et raison d’utiliser la notion d’alternance? La notion d’alternance s’emploie légitimement par l’opposition ivoirienne, car elle a parfaitement le droit, en démocratie, de croire en sa capacité de convaincre le peuple de lui accorder ses suffrages lors de l’élection présidentielle 2020. La possibilité d’une alternance au pouvoir entre l’opposition et le pouvoir est incluse dans les normes mêmes de la constitution ivoirienne de 2016, qui prévoit que le pouvoir d’Etat échoie à celui qui gagnera les élections libres et transparentes prévues à cet effet. 

Allons plus loin.

La notion d’alternance générationnelle, si souvent évoquée par le Chef de l’Etat ivoirien actuel pour 2020,  peut-elle être utilisée et revendiquée pour soi-même par n’importe quelle catégorie sociale ivoirienne, voire par n’importe quelle personnalité politique?  Objectivement, non. Si l’on prend notamment la génération du Président Alassane Ouattara comme la référence. Comment? Nous convoquerons donc ici la science sociologique, et précisément démographique, pour rappeler pour la gouverne de tous que le concept de génération désigne « une sous-population dont les membres, ayant à peu près le même âge ou ayant vécu à la même époque historique, partagent un certain nombres de pratiques et de représentations du fait de ce même âge ou de cette même appartenance à une époque ».  

Avec Dilthey,  Karl Mannheim, et la plupart des sociologues, on s’accorde à reconnaître que la durée d’une génération humaine est d’environ 25 ans. Autrement dit, on peut considérer que tous ceux qui ont plus de 25 ans en moins ou de plus qu’un individu ne sont pas de sa génération. Ainsi, par exemple, entre le Président Bédié et le Président Ouattara, nés pour l’un en 1934 et l’autre en 1942, il y a 8 ans de différence. Soit moins de 25 ans. ILS sont donc de la même génération. Mais entre un Henri Konan Bédié et un Guillaume Soro né en 1972, il y a 38 ans, soit largement plus d’une génération. Tout comme entre un Guillaume Soro et son doyen le Chef de l’Etat Alassane Ouattara, il y a 30 ans, soit largement plus qu’une génération encore. Or entre un homme politique iivoirien, par exemple né en 1960,  et le Président Alassane Ouattara, il aurait seulement 18 ans d’écart, soit moins d’une génération. Pour une femme politique ivoirienne née par exemple en 1965, il y aurait seulement 23 ans d’écart avec le Président Ouattara, soit encore mois de l’intervalle d’une génération. C’est-à-dire qu’ils seraient  la même génération. Pour le dire encore plus mathématiquement, pour être de la génération d’après celle du Président Alassane Ouattara, il faudrait au minimum être né en 1968…

Au regard de ces données sociologiques et politiques, il apparaît donc clairement que seules l’opposition politique ivoirienne, d’une part et d’autre part, les Ivoiriennes et les Ivoiriens nés à compter de 1968 peuvent estimer que la clause d’alternance générationnelle en 2020 les concerne. 

Cela étant dit, suffit-il d’être né après la génération du Président Ouattara pour être en mesure d’assurer l’alternance générationnelle qu’il appelle de ses voeux les plus officiels pour l’après son retrait annoncé de la politique en 2020? Loin s’en faut: l’élection présidentielle est la rencontre d’une personnalité politique affirmée et d’un peuple. Elle requiert l’ancrage de l’Histoire et la force destinale d’un Projet.

Mémoire

On ne s’improvise pas incarnation d’une génération. On oeuvre avec abnégation et sens du sacrifice pour épouser les combats et aspirations profondes de son peuple, avant d’être en retour, épousé par ce peuple comme le porte-flambeau de son avenir. Qu’on se souvienne donc de l’histoire des grands Présidents de la République de Côte d’Ivoire. Dès les années 30, le jeune médecin africain et planteur Félix Houphouët-Boigny entre au combat pour les paysans spoliés de son pays. IL défend les citoyens brimés et esclavagisés par les travaux forcés de la colonie. IL soigne et réveille les colonisés des haute et basse Côte d’Ivoire. C’est ainsi qu’il devient l’épicentre de son pays et le conduit à la négociation puis à la proclamation d’indépendance du 7 août 1960.  Henri Konan Bédié, qui succèdera à son père spirituel en 1993, entre au service de l’Etat dès ses 26 ans comme ambassadeur. IL travaille pour les finances et l’agriculture ivoiriennes, puis séjourne pendant de longues années à la tête du parlement de son pays. C’est bardé de son expérience ministérielle, diplomatique, agricole et parlementaire, qu’il arrive au pouvoir suprême à la mort du père de l’indépendance ivoirienne. L’intermède périlleux du défunt Général Guéi de 1999 à 2000, Chef de l’Etat mais pas légitimement Président de la République, ne retiendra pas notre attention. Venons-en au Président Laurent Gbagbo. Syndicaliste enseignant depuis les années 70, plusieurs fois prisonnier politique. Opposant invétéré tout au long des années 80 et 90, après de longs intermèdes d’exil en Afrique et en Europe, de longues années de clandestinité et des confrontations politiques remarquables contre le règne du parti unique, il accède certes par effraction en octobre 2000 à la tête de la république de Côte d’Ivoire. Le parcours exceptionnel de l’homme n’y est pas pour rien. Le Président Alassane Ouattara succède à Laurent Gbagbo en décembre 2010, au terme d’une longue marche vers le pouvoir, commencée en 1988 sous le Président Félix Houphouët-Boigny. IL aura auparavant subi les foudres des  régimes successifs de l’ivoirité entre 1993 et 2011, échappant pendant 18 ans à l’emprisonnement sous Bédié, à la mort sous Gbagbo et Guéi, et traversant de nombreuses périodes d’exil et d’incertitudes tragiques, dont des mandats d’arrêt internationaux et des offenses de toutes sortes. Voilà donc, en rapides esquisses,  à quel prix les Président Houphouët, Bédié, Gbagbo et Ouattara ont incarné et marqué leurs générations politiques. 

Parlons donc peu et parlons vrai. Quand on regarde donc objectivement la génération de l’après Alassane Ouattara, quel homme d’Etat, ou quelle femme politique, mieux que l’actuel Chef du Parlement, Guillaume Kigbafori Soro, émerge incontestablement du lot des hommes et femmes politiques ivoiriens âgés de plus ou moins de 25 ans que lui? Imbibé par les luttes syndicales de son temps, il a eu un accès exceptionnellement profond à l’expérience de toutes les figures tutélaires de la génération directe qui le précède: les Présidents Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara, et même, dans une certaine mesure Henri Konan Bédié et tous les Chefs d’Etat africains de la même fournée, tout comme leurs homologues occidentaux. Trempé au coeur de l’acier de la résistance contre l’idéologie ivoiritaire, Guillaume Soro a dès le milieu des années 90 engagé sa jeunesse dans un combat alors désespéré. Plus de six fois prisonnier politique en son pays, il a connu l’exil en raison de sa persévérance dans la lutte contre la plus grande discrimination ivoire-ivoirienne de tous les temps. Et dès 2001, Guillaume Soro, au coeur du MPCI puis des Forces Nouvelles, fer de lance de sa génération ivoirienne qu’il allait diriger avec brio, a mené le combat décisif qui a obtenu le rééquilibrage du rapport de Forces Politiques en Côte d’Ivoire. Comme l’a si bien rappelé le ministre d’Etat Hamed Bakayoko, c’est au Premier Ministre Guillaume Soro que les Ivoiriens doivent d’avoir pu enfin avoir de nouveau leurs cartes d’identité et un processus politique inclusif. IL a ainsi contribué à la renaissance démocratique de son pays à travers l’Accord décisif de Ouagadougou en 2007 et les élections présidentielles  démocratiques de 2010 qu’il a organisées sans y candidature lui-même. Expérimenté dans l’art gouvernemental depuis 2002, il a battu le record d’être successivement premier ministre des gouvernements Gbagbo et Ouattara, sans trahir une seule de ses convictions et un seul de ses engagements de principes. Et depuis 2012, il préside sans discontinuer avec succès aux destinées de la seconde institution de l’Etat de Côte d’Ivoire, le parlement devenu bi-caméral depuis la révision constitutionnelle de 2016…Quel CV politique parle mieux que le sien pour épouser la cause de la génération de l’après-Ouattara / Bédié? Qui mieux que lui connaît le legs des Anciens, et les attentes fiévreuses des Jeunes qui constituent la majorité de la population ivoirienne actuelle? Aucun autre homme politique, aucune autre femme politique, que je sache. Et je suis prêt à le prouver à la moindre contre-proposition. Les temps de la réflexion et du débat sont résolument ouverts sur l’avenir de ce pays. Nous ne bouderons pas le plaisir de la dialectique des convictions confrontées dans un proche avenir.

Audace de l’espérance en marche donc…

Qu’on nous pardonne, une fois de plus,  notre manque chronique de langue de bois, en cette conclusion. 

L’alternance générationnelle sera donc le résultat d’un véritable renouvellement politique de la direction de ce pays, qui sera en phase avec sa démographie vigoureuse. 
L’alternance générationnelle se fera dans la transparence avec la souveraineté populaire ivoirienne, qui ne s’embarrassera d’aucune tractation de couloir ni d’aucune injonction grandfrériste surnuméraire et superfétatoire. Ce sont les élections démocratiques de l’an 2020 qui la trancheront.     

L’alternance générationnelle supposera un approfondissement de la nécéssaire révolution socioéconomique que les couches populaires et moyennes continuent d’espérer et qui se dessine nettement dans le redressement en cours de la Côte d’Ivoire. 

La génération de l’après-Ouattara, dont Guillaume Kigbafori Soro est l’incontestable figure emblématique, aura bien sûr une tâche toujours plus exigeante: approfondir les efforts de réconciliation et de pardon que le pays fournit depuis des décennies afin que tel l’Oiseau de Minerve, la Côte d’Ivoire pacifique, libre, radieuse et prospère prenne son envol à la tombée de la nuit vers sa prodigieuse émergence... 

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