Cameroun, "Seule contre tous" (Roman): L´écrivaine Jeanne Mbella Ngom va en guerre contre les traditions qui assujettissent la femme !
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Cameroun, "Seule Contre Tous" (Roman): L´écrivaine Jeanne Mbella Ngom Va En Guerre Contre Les Traditions Qui Assujettissent La Femme ! :: Cameroon

Madame Jeanne MBELLA NGOM est une ancienne enseignante et directrice d´établissements scolaires camerounaise qui consacre son temps actuellement à l´écriture. Après son premier roman "Les Coqs ne Chanteront plus", lequel a fait couler beaucoup d´encre, elle publie en juin 2016 aux éditions Proximité à Yaoundé "Seule contre tous". Dans le cadre de sa lutte pour les droits de la femme, elle a accepté de nous livrer les secrets de sa plume au service des causes sociales.
 
Bonjour Madame Mbella Ngom. Pouvez-vous nous retracer vos débuts dans l'écriture ?
 
Bien sûr. J écris depuis mes années de collège mais je n´avais jamais fini un ouvrage. Je lisais beaucoup par contre. C'est surtout quand je travaillais déjà que j´ai écrit quelque chose de consistant. Là aussi, j´ai dû surseoir à cause de multiples responsabilités
 
D'où tirez- vous l'inspiration ?
 
Mon inspiration vient de partout, particulièrement de la vie courante. Par exemple, je suis très sensible à la misère, la pauvreté et l´injustice. Je me plais dans la nature, elle me touche beaucoup. Je ne sais pas si les autres sont sensibles comme moi. Sans rejeter nos traditions, je m'en prends contre celles qui sont rétrogrades et je lutte pour la valorisation de la femme par elle même.
 
 "Seule contre Tous" c'est votre récent roman publié chez Proximité. Vous allez en guerre contre le mauvais traitement infligé aux veuves par la famille du défunt. C'est curieux de voir que c'est autour de la mort d'une personne plus ou moins nantie de la famille qu'il ya des soupçons de sorcellerie, d'emprisonnement...
 
Je voudrais me faire comprendre. La femme africaine a déjà compris qu'elle doit combattre ce traitement, mais dans une infime minorité. C'est curieux n´est ce pas ? Cela n´à pas de sens, non seulement elle est démunie et touchée par la perte de son époux, mais encore elle est diminuée psychologiquement par les mauvais traitements ; il n´ y a même pas de logique dans le raisonnement ce ceux qui infligent ces maux. On la soupçonne de tous les mauvais comportements, c'est incompréhensible. Malheur à la veuve si son mari a laissé des biens. D´ailleurs le traitement est le même pour une villageoise sans ressources.

Lorsqu'on lit Seule contre Tous, on a l'impression que le narrateur à une maîtrise parfaite des us et coutumes liés au veuvage et au traitement de la veuve. Faut il voir derrière le narrateur l'auteur Jeanne Mbella Ngom?
 
 Mme Mbella Ngom est veuve, il est vrai mais elle n´a pas subi toutes les tortures qu´elle expose dans son roman. Elle est cependant très sensible au traitement que subit la veuve. Elle a fait le tour de l´Afrique pour les recherches bien sûr et elle s´est rendue compte de l'asservissement de la veuve dans le continent. Bref, elle ne saurait se taire. Il y a même pire que ce dont elle a parlé. Feu mon mari décriait de son vivant ces pratiques avilissantes et il en parlait bien souvent.
 
Face à ce traitement infligé aux femmes veuves, que prévoit la loi Camerounaise ? 
 
Il me souvient que le Cameroun a ratifié la Convention sur les veuves et célèbre sa journée internationale. Je me dois de dire qu'il est conscient de la situation et s´en occupe. Les choses vont peut-être doucement et le ministère chargé des affaires de la femme et de la famille est là mais disons que la veuve ne ressent pas encore les changements. Une grande sensibilisation est vraiment nécessaire. Les femmes sont accrochées à la tradition et ont peur des représailles au cas où elles n´accepteraient pas de se soumettre. Donc les gouvernements doivent user de leur pouvoir pour endiguer ce fléau, sensibiliser aussi les populations sur les pratiques avilissantes dépassées et former les veuves à se prendre en charge. Bref, je crois que les gouvernements doivent étudier cette situation et surtout mettre en pratique les résultats de leurs recherches. Je ne détiens pas la solution à mon niveau.
 
Par rapport au 8 mars, il ya une sorte d'ambiguïté dans les luttes des droits de la Femme au Cameroun. D'un côté, on note ces initiatives luttant contre les injustices faites aux femmes comme ce problème de la veuve, d'un autre côté on assiste à un manque de solidarité féminine face aux problèmes tels les enlèvements de bébés, les viols... D'ailleurs le 8 mars s'est transformé en journée de « soulèvement de pagne ». Quel regard portez-vous sur cette journée internationale de la femme dans le contexte camerounais ?
 
 Les ambiguïtés existent vraiment mais il faut vivre au pays pour voir que les dirigeants comme les femmes ont leur part de responsabilité. L´exécution des textes traîne et beaucoup de femmes restent des éternelles assistées ou alors sont attachées à la tradition et ne se plaignent pas, malgré la main tendue des femmes juristes qui ont créé une association en leur faveur. Quant à la journée de la femme, les femmes responsables ne peuvent pas se livrer à de telles pratiques.
Un travail de fond doit être fait auprès des femmes. Il faut débâillonner la femme afin qu´elle comprenne qu´elle doit être au front et arracher sa liberté et ses droits. Si les femmes ne s´étaient pas mobilisées et organisées pour faire des marches en Allemagne, en France comme aux USA…, cette journée n´existerait pas. Il faut bien convaincre, l´école est une étape importante mais la masse populaire est tout de même à ne pas négliger.
 
Un message aux femmes...

Le conseil que je peux donner aux femmes surtout africaines c'est qu'elles s´affirment, qu'elles s´assument et arrachent leur autonomie, leur liberté, qu´elle soient ménagères ou cultivatrices, il n´y a pas de sot métier. Qu´elles revendiquent leurs droits et qu´elles luttent contre les traditions dévalorisantes en dénonçant ce qu´elles subissent.
Camer.be: Un message aux hommes...

Jeanne Mbella Ngom: Que les hommes qui continuent à soutenir et à appliquer les lois rétrogrades comme la maltraitance de la veuve sachent que leurs femmes subiront le même sort. Ils feraient mieux de parler de certains problèmes en famille, je parle ici du veuvage. Qu´ils raisonnent les membres de leur famille car il y a tellement de choses à redresser dans la tradition

 Nous vous remercions, Madame Mbella Ngom, pour votre disponibilité et vous souhaitons une excellente journée de la femme
 
 À vous de même, Merci !

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