Débat sur le fédéralisme : De gros moyens pour étouffer la marche
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La police et la gendarmerie ont été déployées devant la résidence deJean-Michel Nintcheu et au quartier Bepanda, pour empêcher la tenue d’une conférence publique sur la thématique, alors même que cette manifestation avait été renvoyée à une date ultérieure.

Face aux grandes ambitions poursuivies par le président régional du Social Democratic front (Sdf) pour le Littoral, Jean-Michel Nintcheu, par ailleurs député du principal parti de l’opposition dans la circonscription électorale du Wouri-Est, les sous-préfets de l’arrondissement de Douala 5ème, de Douala 3ème et l’état-major de la région ont mobilisé de gros moyens. Dès les premières heures de la matinée de ce samedi 03 mars 2017, des gendarmes ont pris position devant la résidence de l’homme politique sise à Ndogpassi.

Contacté hier par Le Jour, le leader régional du Front Social démocratique s’est d’ailleurs montré très surpris que les autorités du département du Wouri, en accord certainement avec le gouverneur de la région, aient déployé plutôt des gendarmes devant sa maison, alors que celle-ci fait face au commissariat de sécurité publique du 14ème arrondissement. « Il suffisait pourtant aux policiers de traverser la route pour prendre leurs quartiers devant mon domicile », a ironisé ce haut cadre du Sdf. Deux autres véhicules de la gendarmerie étaient immobilisés à 10 mètres du portail.

Une « fébrilité du régime » que ne s’explique toujours pas l’activiste politique, dont la manifestation à l’origine de cette « démonstration de force » avait pourtant été renvoyée. Le déploiement des hommes au béret rouge aurait débuté aux environs de 4 heures du matin, ou un peu plus tôt selon Jean-Michel Nintcheu. Toujours est-il que sa famille et lui ne se sont rendu compte du bouclage des lieux qu’à 5 heures, lorsque son épouse s’apprêtait pour se rendre à la prière du carême.

A peine la voiture mise en branle, Mme Nintcheu constate, non sans ahurissement, qu’un pickup de la gendarmerie est garé de manière à obstruer le grand portail, pour empêcher le passage des véhicules. Les gendarmes à bord sont curieusement endormis d’après les informations transmises au maître des céans, qui croit, dès lors, tenir la preuve que ces soldats y étaient positionnés longtemps avant. Cherchant des explications après moult klaxons infructueux, l’épouse du député s’est rapprochée des hommes en tenue, qui lui ont finalement signifié, de manière laconique, qu’ils avaient reçu la consigne de ne laisser personne entrer ni sortir de la résidence de l’élu du peuple.

« Ma femme a été obligée de garer sa voiture ; elle leur a dit que personne ne pouvait l’empêcher d’aller adorer son Dieu, puis elle est sortie par le petit portail, sur un pas décisif, et malgré les risques d’insécurité : l’église où elle allait est à 2 Km de chez moi », raconte J. M. Nintcheu, très remonté contre les autorités de la ville.  

Bépanda en « état de siège »

Pendant que la gendarmerie veillait ainsi au grain devant sa résidence, le président régional du Sdf Littoral s’offrait paisiblement la grasse matinée. Si les gendarmes ont démonté leur dispositif de surveillance devant le domicile du redouté opposant politique, peu avant midi, à Bépanda, ils ont poursuivi « l’état de siège » jusqu’à 18h. Aux premières heures de la matinée, gendarmes et policiers avaient investi le lieu-dit « carrefour le pauvre », sur « l’axe lourd Bepanda ».

C’est là en effet que devait se tenir la conférence publique organisée à l’initiative du Comité exécutif régional du Sdf Littoral, dont Jean-Michel Nintcheu est président. « Nintcheu leur a encore donné du travail », pouvait-on entendre s’exclamer plus d’un badaud en retrait pour observer l’état de siège. Des journalistes qui se sont rendus au stade de Ndoungué, dès 8h30, pour un match amical de football, ont observé ce dispositif dissuasif des chars anti-émeutes équipés de canons à eau, de pick-up remplis de gendarmes et de voitures de chefs de police reconnaissables par les initiales SN.

Certains de ces véhicules ont patrouillé tout au long de la matinée entre les différents carrefours situés sur l’itinéraire de la marche pourtant reportée. C’est par groupuscules que quelques personnes cheminaient sur ce boulevard baptisé « Axe lourd Bépanda », et sur certaines ruelles de ce quartier, où quelques rafles ont eu lieu dans la nuit du 03 au 04, selon nos informations. La manifestation publique avait pour objectif de sensibiliser la population sur le fédéralisme et la décentralisation. Deux thèmes qui ont été remis au goût du jour par la crise qui secoue actuellement les deux régions anglophones du Cameroun. La rencontre de Jean-Michel Nintcheu avec le public était d’ailleurs une occasion idoine pour faire le point sur les événements de Buéa et de Bamenda, présenter l’état des lieux des arrestations, faire la lumière sur la situation des leaders incarcérés, etc.

La conférence devait être suivie d’une marche « pacifique » sur l’itinéraire : Axe lourd Bépanda – L’An 2000 – Boulangerie de la Paix – Casmando – Tonnerre – Baho – Rond-point Maetur – Carrefour des immeubles. Alors que, jusqu’à la veille, Jean-Michel Nintcheu, le déclarant de ladite manifestation, était sur le pied de « guerre » avec le souspréfet de Douala 5ème, Jean- Marie Tchakui, le député a eu la clairvoyance de renvoyer l’événement à une date ultérieure, pour permettre au tribunal administratif de statuer sur le recours qu’il a exercé quarante-huit heures plus tôt, suite à l’interdiction de la marche.

« Nous avons exercé le recours pour montrer aux gens que, contrairement à ce qu’ils pensent, nous sommes avant tout républicains. Notre avocat va commencer à suivre notre procédure à partir de demain [lundi 06 mars], et j’espère que le tribunal administratif va dire le droit », a affirmé le député.

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