Lutte contre Boko Haram : L’ex-président du Sénat nigérian accuse le Cameroun
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Lutte contre Boko Haram : L’ex-président du Sénat nigérian accuse le Cameroun :: CAMEROON

Le haut dignitaire a écrit à l’Onu pour demander des sanctions.

L’administration nigériane (surtout pendant le règne de Goodluck Jonathan) a toujours reproché au Cameroun de s’être déployé trop tardivement sur le front de la guerre contre Boko Haram. A Lagos, on a souvent entendu dire que le pays de Paul Biya a laissé les membres de la secte utiliser son territoire comme base de repli après leurs actes criminels.

Tout ceci se disait en sourdine dans des salons feutrés sans qu’aucun haut dignitaire ne porte officiellement cette position. Le pas vient apparemment d’être franchi avec ce texte au vitriol que vient d’adresser l’ancien président du Sénat nigérian, le sénateur Ameh Ebute, aux Nations-Unies, et dont  « Le Jour » a pu lire quelques extraits. Dans sa missive, Ameh Ebute demande au Conseil de sécurité des Nations unies de sanctionner le Cameroun et le Tchad pour leur complaisance et leur rôle dans les activités de l'insurrection Boko Haram qui a déplacé des millions de Nigérians. Ebute estime que les deux pays ont agi de façon suspecte et ont fait partie d'un complot visant à saper la sécurité du Nigéria.

Selon lui, le Tchad et le Cameroun parrainent Boko Haram ; et il en veut pour preuve le modus operandi de l’organisation criminelle. « Chaque fois que les insurgés frappent au Nigeria, ils s'enfuient dans l'un ou l'autre de ces pays pour se réfugier. Pendant ce temps, ils récupèrent, se revigorent,  pour attaquer de nouvelles cibles au Nigeria. Ces pays ont montré peu ou pas de préoccupation au sujet des atrocités de la secte sur les Nigérians, en dépit des plaintes fortes et constantes du Nigéria », écrit-il. C’est ce que le haut responsable considère comme le « premier indice » de la connivence du Cameroun et du Tchad avec Boko Haram.

Sanctions

Dans la suite de sa lettre, il porte précisément le fer contre le président Idriss Deby du Tchad qu’il accuse d’intelligence avec l’ennemi. « Lorsque Boko Haram a changé de direction en 2015, le président tchadien Idriss Deby a agi de manière suspecte en confessant ouvertement que la secte Boko Haram avait maintenant un nouveau chef, Abubakar Shekau, ayant été remplacé par Mahamat Daoud, qui est susceptible de dialogue. Le fait qu’il ait montré une connaissance si intime de la disposition du nouveau chef de Boko Haram soulève des soupçons sur sa proximité avec eux et les liens  externes », souligne-t-il.

Le troisième point évoqué par l’élu nigérian pour étayer son propos concerne la force multinationale mixte militaire mise en place par le Cameroun, le Tchad et le Niger pour mener des contre-attaques collaboratives contre les insurgés en fuite dans les communautés frontalières de ces pays respectifs. Ameh Ebute se plaint de ce que cette force collégiale n’a fonctionné que pendant quelques semaines pour ensuite baisser pavillon sans  raison valable.

Dans le même temps, les terroristes et leurs familles chassées du Nigeria ont, selon lui, couru dans ces pays frontaliers sans être importunés par aucune force de sécurité. Ils s’y regrouperaient donc pour lancer de nouvelles attaques contre le Nigeria. Ameh Ebute affirme aussi que les  terroristes se serviraient probablement de ces bases comme chemins d'approvisionnement en munitions, en stupéfiants et commerces de tous genres.

«  Par conséquent, je demande à la communauté internationale, en particulier aux Nations Unies et à la Cour pénale internationale, d'appliquer les  instruments appropriés pour enquêter sur les opérations des terroristes de Boko Haram au Nigéria, les liens et les rôles apparents que la France et ses anciennes colonies du Niger, du Tchad et du Cameroun ont joué dans l'éclosion du terrorisme au Nigéria. Cela est devenu impératif compte tenu des circonstances », conclut le sénateur Ebute.

Ces accusations graves arrivent au moment où le Conseil de sécurité des Nations-Unies entame une visite au Cameroun dès ce vendredi 03 mars 2017. Pendant cette visite, une descente sur le terrain est prévue à Maroua.

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