Jean-Michel Nintcheu : “ Nous organisons sereinement notre meeting ”
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Le président régional du Sdf Littoral explique se stratégie, après l’interdiction de sa manifestation prévue le 04 mars prochain.

Pourquoi la raison invoquée par le sous-préfet de Douala 5ème pour justifier l’interdiction de votre manifestation ne vous convainc-t-elle pas?
Ça ne me convainc pas, parce que c’est un abus du pouvoir. Le sous-préfet se comporte comme un militant du Rdpc. Vous savez, la particularité du Cameroun est que nous avons une administration carriériste, complètement à la dévotion du pouvoir en place, et qui agit par procuration. Donc la décision du sous-préfet ne m’étonne pas, surtout qu’elle intervient avec une diligence inédite, deux jours après la déclaration de notre manifestation et à plus d’une semaine de la manifestation.

Donc le sous-préfet fait preuve d’une diligence inhabituelle. Tout ceci montre que l’autorité administrative, qui encore une fois est à la solde de l’exécutif, n’est pas prête à laisser les partis politiques se mouvoir sur le terrain. On nous dit que notre manifestation est susceptible de troubler l’ordre public. Pourquoi les manifestations du Rdpc qui, quelquefois, ne sont même pas déclarées – je sais de quoi je parle –, pourquoi ces manifestations ne troublent-elles pas l’ordre public ?

Donc vous voyez qu’il y a là un véritable apartheid, une gestion deux poids deux mesures qui fait que l’opposition est muselée. C’est pourquoi nous avons décidé de passer outre ces décisions et nous continuerons, de manière serein et avec beaucoup de détermination, à préparer notre meeting. J’ajouterai que nous avons également décidé de saisir le tribunal administratif ; nous espérons qu’il y a encore une justice digne de ce nom dans ce pays, et que ce tribunal dira le droit.

Doit-on comprendre que la décision du sous-préfet vous paraît sans objet, nulle et de nul effet ?
Oui, nous prenons l’opinion internationale et l’opinion nationale à témoin, pour qu’elle comprenne bien que nous n’avons rien à attendre d’une administration complètement partisane. Concernant la justice, nous sommes des républicains, nous pensons que la justice devrait faire son travail, dire le droit, appliquer les lois ; et c’est pourquoi nous nous tournons vers elle.

Nous aviserons l’opinion quand la décision de ce tribunal-là va tomber, parce que nous allons le saisir en procédure d’urgence, en référé d’heure à heure, pour que très rapidement il dise le droit et que nous puissions évidemment bien organiser notre manifestation. Je suis convaincu que le tribunal administratif nous donnera raison.

La mémoire collective est loin d’avoir oublié que c’est à la suite du grand meeting que vous aviez organisé le 23 février 2008, et de la répression qui s’en suivit, que déclenchèrent les émeutes dès le 25 février. Ne comprenez-vous pas, de ce point de vue, les raisons de l’interdiction de votre marche, en cette période sensible ?
Vous avez la réponse dans votre question. Vous parlez de répression. Non, je n’ai jamais demandé aux forces de défense et de sécurité, qui avaient été déployées ce jour-là, de commettre des exactions sur les populations. Les émeutes ont été la conséquence directe de cette répression aveugle et injustifiée.

Quand nous organisons une manifestation, je dois vous dire que nous avons notre propre service d’ordre, notre milice qui assure la sécurité de nos meetings. Mais quand les forces de l’ordre instrumentalisées viennent se livrer à toutes sortes de provocation, nous ne pouvons que constater les dégâts et les conséquences. Voilà ce qui s’est passé en 2008 et qui, encore une fois est à mettre au passif du régime qui est essentiellement répressif.

Le choix de la date du 04 mars est-il hasardeux ou correspond-il à un agenda prémédité ?
C’est une date qui ne revêt aucun caractère particulier. Ce sera le dernier week-end, certainement, avant le début de la session parlementaire. Et, étant président régional [du Sdf Littoral], il était indiqué que ces manifestations se tiennent au moment où je suis encore à Douala, pour que j’aie la possibilité de m’occuper pleinement de leur organisation. Car, dois-je le rappeler, le problème anglophone est prioritaire pour nous aujourd’hui.

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