7 puissantes citations de Walter Rodney sur l’exploitation de l’Afrique
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7 puissantes citations de Walter Rodney sur l’exploitation de l’Afrique :: AFRICA

Panafricaniste éminent et figure importante du « Black Power Movement » dans les Caraïbes, Walter Rodney était un historien et un militant politique dont l’œuvre gagne à être connue. Voici un florilège de citations extraites de son ouvrage phare « Et l’Europe sous-développa l’Afrique : analyse historique et politique du sous-développement ».

Le livre le plus influent de Walter Rodney fut, sans conteste, son ouvrage majeur, Et l’Europe sous-développa l’Afrique, publié en 1972. Il y décrit une Afrique consciemment exploitée par les impérialistes européens, conduisant directement au sous-développement de la majeure partie du continent. A travers son livre, influent et controversé, Walter Rodney  fut l’un des premiers à apporter une nouvelle perspective à la question du sous-développement en Afrique.

Voici quelques citations emblématiques de cet ouvrage :

page 35 :

    « D’une certaine manière, le sous-développement est paradoxal. Beaucoup de parties du monde naturellement riches sont en fait pauvres et les parties qui ne sont pas si bien loties en richesse de sol et de sous-sol bénéficient des plus hauts niveaux de vie. Lorsque les capitalistes des parties développées du monde tentent d’expliquer ce paradoxe, ils sous-entendent souvent, à propos de cette situation, que c’est un don de Dieu. »

page 37 :

    « Quand les «experts» des pays capitalistes ne donnent pas d’explications racistes, ils embrouillent néanmoins la question en donnant comme causes du sous-développement les choses qui sont, en fait des conséquences. Par exemple, ils soutiendront que l’Afrique est dans un état de retard par suite du manque de personnel qualifié pour la développer. Il est vrai qu’en raison du manque d’ingénieurs, l’Afrique ne peut pas construire elle-même plus de routes, de ponts et de centrales hydroélectriques. Mais ce n’est pas une cause de sous-développement, sauf dans le sens où les causes et les effets se rassemblent et se renforcent mutuellement. Le fait est que les raisons les plus profondes du retard économique d’une nation africaine donnée ne se trouvent pas à l’intérieur de cette nation. Tout ce que nous pouvons y trouver à l’intérieur sont les symptômes du sous-développement et les facteurs secondaires qui contribuent à la pauvreté. Les interprétations erronées des causes du sous-développement découlent généralement de la pensée préconçue ou de l’erreur de croire que l’on peut trouver les réponses en regardant à l’intérieur de l’économie sous-développée. La vraie explication réside dans la recherche de la relation entre l’Afrique et certains pays développés et en reconnaissant qu’il s’agit d’une relation d’exploitation. »

page 38 :

    « L’un des moyens communs par lesquels une nation exploite une autre et qui est pertinente pour les relations extérieures de l’Afrique est l’exploitation par le commerce. Lorsque les termes de l’échange sont fixés par un pays d’une manière entièrement avantageuse pour lui-même, alors le commerce est généralement préjudiciable pour le partenaire commercial. Pour être précis, on peut prendre l’exportation des produits agricoles depuis l’Afrique et l’importation de produits manufacturés en Afrique depuis l’Europe, l’Amérique du Nord et le Japon. Les grandes nations établissent le prix des produits agricoles et les soumettent à des réductions fréquentes. Dans le même temps, le prix des produits manufacturés est également fixé par eux, ainsi que les tarifs de fret nécessaires pour le commerce des navires de ces nations. Les minéraux d’Afrique entrent également dans la même catégorie que les produits agricoles en ce qui concerne les prix. L’ensemble des relations entre l’Afrique et ses partenaires commerciaux dans le domaine des importations et des exportations est une question d’échange inégal et d’exploitation. »

page 119 :

    « Les dirigeants africains trouvaient les marchandises européennes suffisamment désirables pour livrer les prisonniers qu’ils avaient capturé à la guerre. Bientôt, la guerre entre communauté commença dans le seul but d’obtenir des prisonniers destinés à la vente aux Européens, et même dans une communauté donnée un dirigeant pouvait être tenté d’exploiter ses propres sujets et les capturer pour la vente. Une réaction en chaîne fut déclenchée par la demande européenne d’esclaves (et seulement d’esclaves) et par leur offre de biens de consommation – ce processus étant lié aux divisions au sein de la société africaine. »

page 366 :

    « Au lieu d’accélérer la croissance, les activités coloniales telles que l’exploitation minière et la culture de rente ont accéléré la décadence de la vie africaine «traditionnelle». Dans de nombreuses parties du continent, les aspects vitaux de la culture furent affectés négativement, rien de mieux ne la remplaça, et seule une coquille sans vie fut laissée. »
   

page 376 :

    « Le colonialisme a créé des conditions qui ont conduit non seulement à la famine périodique mais à la sous-alimentation chronique, à la malnutrition et à la détérioration du physique du peuple africain. Si une telle déclaration paraît extraordinairement extravagante, c’est seulement parce que la propagande bourgeoise a conditionné même les Africains à croire que la malnutrition et la famine étaient le lot naturel des Africains depuis des temps immémoriaux. Un enfant noir avec une cage thoracique apparente, une tête énorme, un ventre gonflé, des yeux saillants et  des bras et des jambes comme des brindilles était l’image préférée de la grande opération caritative britannique connue sous le nom d’Oxfam. L’affiche représentait un cas de kwashiorkor – malnutrition maligne extrême. L’Oxfam a appelé les peuples d’Europe à sauver les enfants africains et asiatiques affamés par le kwashiorkor et de tels maux. L’Oxfam n’a jamais dérangé leur conscience en leur disant que le capitalisme et le colonialisme créèrent la famine, la souffrance et la misère de l’enfant en premier lieu. Il y a une excellente étude du phénomène de la faim à l’échelle mondiale faite par un scientifique brésilien, Josue de Castro. Il intègre des données considérables sur les conditions sanitaires et alimentaires chez les Africains dans leur état pré-colonial indépendant ou dans des sociétés non touchées par les pressions capitalistes; Et il fait ensuite des comparaisons avec les conditions coloniales. L’étude montre de façon convaincante que le régime alimentaire africain était autrefois plus varié, étant basé sur une agriculture plus diversifiée que ce qui était possible sous le colonialisme. En ce qui concerne les carences nutritionnelles spécifiques, les Africains qui ont souffert le plus du colonialisme sont ceux qui furent les plus intégrés à l’économie coloniale: les travailleurs urbains. »

page 327 :

    « Il n’y avait pas de routes reliant les différentes colonies et les différentes parties de la même colonie d’une manière qui fasse sens en ce qui concerne les besoins et le développement de l’Afrique. Toutes les routes et les chemins de fer menaient à la mer. Elles furent construites pour extraire l’or, le manganèse, le café ou le coton. Elles furent construites pour rendre les affaires possibles pour les entreprises forestières, les sociétés commerciales et les concessionnaires agricoles, ainsi que pour les colons blancs. Tout approvisionnement des africains était purement fortuit.

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