PATRICK NDUNGIDI : “Je comprends pourquoi ils fuient leur pays”
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Journaliste congolais, Patrick Ndungidi a travaillé à Kinshasa avant de devenir correspondant à Bruxelles pour Les Dépêches de Brazzaville et de collaborer avec Forbes Afrique et le Huffington Post. Il est le premier journaliste africain à s’être rendu à Lampedusa pour le compte de médias subsahariens.

Avez-vous rencontré des difficultés à Lampedusa ?
On ne m’a pas pris pour un migrant (rires). Non, je n’ai pas eu de difficultés. Comme je réside en Belgique, je n’ai même pas eu besoin de visa pour m’y rendre. Et j’ai été frappé par l’accueil bienveillant de la population.

Quelle est la spécificité votre regard de journaliste africain ?
C’est difficile pour moi d’en juger… Je peux juste dire que je ne suis pas parti pour faire du militantisme ni avec un projet de dénonciation. Je suis avant tout journaliste, donc ma préoccupation était d’abord de recueillir des histoires et des témoignages, pour comprendre ce qui se passe. Cela dit, je crois que les migrants m’ont parlé plus librement parce que je suis africain comme eux. J’ai été touché par les histoires de ces jeunes hommes.

Je sais d’où ils viennent, parce que moi-même je viens de là-bas. Je comprends pourquoi ils fuient leur pays. Je ne soutiens pas toujours cette démarche, je la comprends. J’ai de l’empathie, j’ai eu envie de les aider. Une cigarette, un café… même si je n’ai pas, à vrai dire, les moyens de les aider vraiment.

Que pensez-vous de la façon dont vos confrères européens traitent la question à Lampedusa ?
Franchement, je m’attendais à voir quelque chose de chaotique. Des camps comme dans la “jungle” de Calais. Il n’en est rien. Lampedusa, ce n’est pas ce que je voyais à la télévision. D’ailleurs, les habitants dénoncent ce qu’ils appellent un “problème médiatique”.

Qu’attendez-vous de la publication de votre reportage ?
En Afrique, il y a une méfiance vis-à-vis des médias occidentaux. On leur reproche de donner une vision misérabiliste du continent. Donc ce que je dis sur Lampedusa est plus écouté et mieux perçu parce c’est un journaliste et un média africains qui le disent. Cela évite aussi cette impression de l’Occident toujours donneur de leçons, et peut apaiser le débat. J’espère aussi participer à la prise de conscience par les jeunes des illusions de l’immigration. Mais s’ils avaient de bonnes conditions de vie, ils ne risqueraient pas leur vie dans cette aventure.

Comment se fait-il qu’aucun journaliste africain ne soit venu avant vous à Lampedusa ?
Bonne question. Mais je ne saurais répondre. Peut-être un problème de moyens.

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