Cameroun: Comment la délinquance fait ses classes
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Indiscipline. A ciel ouvert, les élèves des établissements scolaires se dopent à l’aide du chanvre indien, de la Chicha, agressent leurs camarades et enseignants. Enquête sur un phénomène inquiétant.

Lundi 6 février 2017. Il est 10 heures 45 minutes. La pause vient de s’achever au lycée de Ngaoundéré Mardock. Par petit groupe, les élèves rejoignent leurs salles de classes sous la pression des surveillants et censeurs du lycée. 

À quelques mètres du lycée, un verger constitué d’arbres fruitiers surplombe les salles de classes. Ici, une dizaine d’élèves majoritairement des garçons forment un cercle. Au milieu sont posés, deux bouteilles de coca-cola, une bouteille d’eau minérale et un matériel de consommation de chicha constitué de de deux braises de charbon et de tiges du narguilé (ndlr du chicha en arabe). A l’aide des feuilles des cahiers, certains apprenants emballent des feuilles sèches de chanvre indien. 

Filles et garçons se passent à tour de rôle le tuyau qui sert à aspirer le cocktail qui constitue la chicha et d’autres fument du chanvre indien. Ce groupe est constitué d’élèves du lycée de Mardock,
du lycée Bilingue, du collège de Mazenod et du collège de la Vina. « On tue le temps avec la chicha parce qu’il y a pas cours.

Ce n’est pas interdit et ça ne tue pas » confie Samiratou, une élève du lycée Bilingue de Ngaoundéré. Elle dit être là pour passer le temps avec ses amis et camarades de lycée autour d’une chicha et des clubs de chanvre indien. Le regard vif, le visage froissé, Bassorro tient entre ses mains un « mégot ». C’est le « maître », confie sous cape Nicolas qui s’empresse de lâcher une épaisse fumée. « C’est Bassoro qui ravitaille le groupe. Il vient toujours avec le bon chanvre indien et la chicha », explique le jeune, élève en classe de 2nde. Yahya Ahmadou, le teint clair et la mine soignée dans un uniforme propre et bien repassé est un membre de ce groupe. À chaque regroupement, il est présent. Pour agrémenter la séance de dopage, des plats de viande grillée meuble le temps de ce groupe d’élèves. Sans peur ni crainte, ils ont transformé cet endroit en un lieu de grande consommation de la chicha et du chanvre indien. Selon nos informations, les élèves de divers lycées et collèges de la ville de Ngaoundéré fréquenteraient le lieu. 

Un autre groupe d’élèves du lycée bilingue de Ngaoundéré s’est constitué à coter de l’immeuble de la délégation régionale du Mintp. Ici, ce sont les élèves de ce lycée ainsi que ceux du collège les Pintadeaux de Ngaoundéré qui sont les plus nombreux. À tour de rôle, ils emballent et fument. Ce jour, les commentaires portent sur la victoire de l’équipe du Cameroun sur l’Egypte lors de la finale de
la Can. « Il faut toujours osé. J’ai été chassé parce que je suis arrivé en retard au lycée. J’ai retrouvé mes potes ici et on se partage les informations et on lit nos cahiers. Ça n’empêche qu’on fume un peu », justifie Temwa Jean. « Grand, lance-t-il, l’affaire que tu vois là inspire beaucoup », fait savoir le jeune. L’air confiant, Temwa crache une épaisse fumée, puis remue sa tête.

Réseaux

Dans le groupe, Stéphane, élève au collège les Pintadeaux dit être un dealer et sert d’intermédiaire entre ses camarades et les vendeurs. Aux heures de sorties, la présence des élèves d’autres établissements est forte devant ce collège, « J’attends une amie. Elle m’a dit de venir l’attendre ici » lance un élève du collège de la Vina approché par le Jour. Il confie toute fois qu’il connait un vendeur de chanvre dans cet établissement scolaire. 

Les responsables du collège les Pintadeaux contestent l’information selon laquelle un possible réseau de vente de chanvre indien exerce dans le collège. « Aucun n’élève n’a été arrêté en train de consommer de la drogue dans la cours du collège », se défend un surveillant général. 

Pourtant dans les commissariats de sécurité publique de la ville de Ngaoundéré, des élèves de différents établissements sont interpellés à chaque fois entrain de consommer du chanvre indien. Un responsable de la police a confié avoir arrêté trois lycéens avec du chanvre indien. Ceux-ci ont été libérés après convocation des parents.

Argument soutenu par des enseignants du lycée de Mardock et du lycée bilingue de Ngaoundéré.

Joint au téléphone par le Jour, le proviseur du lycée de Mardock a démenti les faits. « Dans mon lycée c’est interdit. Je ne sais pas ce que les élèves font hors du lycée. C’est pas de ma responsabilité mais des parents » a-t-il affirmé. Idem pour le proviseur du lycée bilingue de Ngaoundéré. Il confie avoir déjà mis en garde ceux des élèves fumeurs de chanvre et consommateurs d’alcool ou d’autres drogue.

Autre lieu de consommation de drogues choisi par les élèves des établissements secondaires de la ville de Ngaoundéré, l’espace public de la communauté urbaine de Ngaoundéré. En uniforme scolaire, et par petit groupe, ils se donnent rendez vous au bois de Mardock de la communauté urbaine de Ngaoundéré. L’entrée étant payante, ils consomment à volonté et publiquement de la chicha et du chanvre indien, sans s’attirer « d’ennui ». « Le bois de Mardock est une catastrophe dans le ville de Ngaoundéré. Car, cet endroit des débauches va nuire à toute une génération si des mesures énergétiques ne sont pas prises. La ville de Ngaoundéré a besoin des écoles, des hôpitaux et non ce genre d’endroit où les jeunes dont l’essentiel sont des élèves viennent apprendre tout ce que la morale et le bons sens interdisent», s’emporte un parent.

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