Cameroun, Crise anglophone: Bamenda et Buea, villes mortes
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Cameroun, Crise anglophone: Bamenda et Buea, villes mortes :: CAMEROON

La levée annoncée du mot d’ordre de grève des  enseignants n’a pas été suivie.Buéa. L’opération « villes mortes » se poursuit, tandis que les élèves sont restés à la maison en dépit
de la levée du mot d’ordre de grève.

Pas l’ombre d’un élève à l’école publique d’application de Muea à Buéa, ce lundi 06 février 2017. Dans un coin de la grande cour déserte, treize enseignants assis sur des chaises ont formé une ronde et
discutent à voix basse. Ici, les cours n’ont pas toujours repris, en dépit de la levée du mot d’ordre de grève par des syndicats d’enseignants anglophones, et abondamment relayée à travers les antennes de quelques radios et télévisions camerounaises le week-end dernier. 

En l’absence du directeur du Groupe 2, les instituteurs ne souhaitent pas s’exprimer sur le sujet. Ils invitent le reporter à observer la cour pour constater par lui-même. 

remière observation, toutes les portes sont fermées à clé, à l’aide de grosses chaines ou de cadenas. A travers les grilles des fenêtres métalliques, on peut apercevoir d’épaisses couches de poussière qui embaument les table-bancs. Le sol semble n’avoir pas reçu un coup de balaie depuis des lustres.

C’est le même constat au niveau des bâtiments du Groupe 1 de cette école qui n’a pas accueilli d’élèves depuis le début du second trimestre, le 09 janvier 2017. Les derniers communiqués affichés sur le babillard datent du 27 octobre 2016. Les six enseignantes regroupées devant le grand bâtiment se tournent les pouces. « Nous ne sommes pas contentes. Nous sommes là parce que nous sommes intimidées. Si nous ne venons pas,notre matricule sera relevé et nous aurons des problèmes.Nous ne sommes pas contentes parce que revenir à l’école,c’est comme trahir ceux qui luttent pour notre bien-être et qui sont incarcérées», a confié sous anonymat, une enseignante.

Le lycée de Muea, situé tout près, est désert. 

A l’école catholique St André, des enfants jouent au ballon dans la cour. Les salles sont closes. Les reporters sont interdits de prise de vue au lycée de Bokwango et au lycée de Buéa Town. 

A Parents Mountain School, l’école a ouvert ses portes à 7h30, mais seuls trois élèves ont répondu présents. 

A Kingston Memorial Bilingual Primary School, toutes les portes sont fermées. 

C’est la même situation qui prévaut au Presbytérian Comprehensive Secondary School (PCSS) de Buéa, à l’université catholique et à la Cameroon Baptist Convention Primary School de Mile 16-Bolifamba.

La situation est un peu différente au lycée bilingue de Molyko, où des élèves de la section francophone ont repris le chemin de l’école il y a deux semaines.

Mais jusque-là encore, les effectifs sont minces. A peine 84 élèves sur près de 260 répondent présents, selon des statistiques puisées à bonne source. Quelques élèves de la section anglophone ont aussi repris le chemin des classes, assure le proviseur, Mbu Hannah Etonde. Elle a reçu la visite du gouverneur de la région du Sud-ouest, Bernard Okalia Bilai, autour de 12h, lundi. Le proviseur déplore le fait que des parents n’envoient pas leurs enfants à l’école, et que des enseignants de la sous section anglophone ne se présentent pas à l’établissement. « Deux de mes collègues sont allés donner cours dans la section francophone. Trois heures après leur passage, elles ont reçu des appels de menaces. Nous avons le désir de venir enseigner, mais nous ne pouvons pas risque nos vies. Il n’y a pas de paix. Certains d’entre nous se rendent au lycée en cachette »,confie un enseignant de la sous section anglophone du lycée bilingue de Molyko.

Les « villes mortes » se poursuivent

Pour rappeler à l’ordre les enseignants absents à leur poste, Mbu Hannah Etonde a affiché sur le babillard, le document récapitulant les 25 points de réclamations des enseignants anglophones. Elle y a joint à côté, le document de levée du mot d’ordre de grève signé par des syndicats d’enseignants, et appelant à la reprise effective des cours dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest lundi 06 février 2017. 

Une levée du mot d’ordre de grève qui n’a pas été respectée dans les deux régions concernées. Pour le proviseur, les parents doivent cesser d’avoir peur, et envoyer leurs enfants à l’école. « Avec toutes ces semaines perdues, le travail à accomplir est énormes. Les enseignants ne pourront pas rectifier le tir», se plaint-elle. Mbu Hannah Etonde pense cependant que les
 « villes mortes » qui se poursuivent dans le Sud-ouest seraient peut-être à l’origine de la non reprise effective des cours ce lundi.

Hier encore, les boutiques, les banques, les marchés de Great Soppo, de Muea, de Buea Town et autres centres commerciaux sont restés fermés durant toute la journée. La gare routière de Mile 17 qui dessert les régions du Sud-ouest, du Littoral et du Nord-Ouest est restée paralysée. Quelques rares taxis et mototaxis circulaient à l’intérieur de la ville. Des éléments des forces du maintien de l’ordre ont été aperçus à l’entrée de la ville, à Mile 17, devant le stade de Molyko et à d’autres points stratégiques du chef-lieu de la région du Sud- ouest.

Une région privée d’Internet depuis plusieurs semaines déjà, et où la vie n’a toujours pas repris son cours normal. Les fruits des multiples réunions, émissions de radio et descentes sur le terrain des autorités de la ville et des membres du gouvernement restent encore attendus.

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