Bilinguisme et du multiculturalisme - Olivier Bilé : La Commission mise sur pied est source de distraction
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Considérant l’extrême gravité de la situation de l’Etat depuis le déclenchement de la crise en zone anglophone à partir du 21 novembre 2016 ; Considérant l’impasse critique vers laquelle ont mené les tentatives de dialogue entre le gouvernement et les organisations représentant les syndicats anglophones ; Considérant les conséquences incalculables de cette crise sans précédent pour l’éducation de nos enfants, de même que pour la marche de l’Etat ; Considérant la brutale répression ainsi que la logique de violation galopante des libertés qui apparaît désormais comme la seule réponse du gouvernement à la crise actuelle ; Faisant suite à notre première et importante tribune sur ce sujet publiée dès le 6 décembre 2016 ; Faisant suite au récent décret présidentiel portant création d’une commission de promotion du bilinguisme et du multiculturalisme ;

Nous portons à la connaissance de l’opinion publique nationale et internationale, la déclaration ci-après :

- Nous regrettons et condamnons la rupture du dialogue traduite par les dernières arrestations des leaders de syndicats anglophones considérés comme interlocuteurs incontournables des négociations. Nous condamnons de la même manière l’arrestation inadmissible de notre confrère, le président Ayah Paul Abine, tout en exigeant la libération rapide et sans condition de l’ensemble de tous ces acteurs dont les préoccupations de nature politique, ne sauraient en aucune manière, être abusivement et grossièrement inscrites dans le champ de la loi contre le terrorisme. Nous exigeons en même temps, la restauration des conditions d’un dialogue sans exclusive, aucun sujet ne devant être considéré comme tabou en démocratie.

- Nous appelons le régime à sortir globalement de sa fébrilité traduite par une dérive incroyablement et inutilement répressive. La coupure d’internet en zone anglophone, l’interdiction brutale des syndicats interlocuteurs, l’intimidation des médias à travers l’étonnante interdiction du débat sur le fédéralisme, les menaces proférées aux citoyens et internautes, l’arrestation aveugle des leaders anglophones procèdent de logiques totalement surannées. La démocratie pratiquée en  2016 ne saurait admettre de telles pratiques.

- Nous saisissons cette occasion pour exprimer notre solidarité vis-à-vis des revendications des populations anglophones qui manifestent, en réalité, les aspirations libératrices et émancipatrices du peuple camerounais tout entier. Un peuple véritablement épuisé par l’oppression d’une gouvernance appauvrissante, prédatrice, colonialiste et autoritaire de plusieurs décennies. Nous attirons l’attention du régime sur les risques considérables d’approfondissement de la fracture sentimentale entre nos deux communautés, et particulièrement l’accroissement d’un ressentiment plus aigu chez nos concitoyens anglophones. Il convient de le  rappeler, la véritable paix est celle des coeurs et non celle qu’on pense pouvoir imposer par la ruse et la force.

- Nous affirmons par la même occasion notre option claire en faveur d’un fédéralisme contextualisé, en tant que modalité d’organisation de la forme de l’Etat.
- Nous considérons que la commission créée par le président de la République est une fuite en avant. Elle n’apporte rien de nouveau et ne répond en aucune manière à la problématique actuelle. Elle ne risque par conséquent qu’être une source supplémentaire de distraction aussi bien de l’opinion que du budget de l’Etat. Pour être minimalement cohérents maintenant qu’ils ont créé leur Commission, nous demandons aux barons du régime dont le Chef de l’Etat, de prêcher par l’exemple en faisant valoir leur bilinguisme dans l’espace public.

- En ce qui concerne l’UFP, nous appelons à la création d’une commission mixte (politiques, universitaires, société civile) de réflexion profonde et sérieuse sur la forme de l’Etat compatible avec le bilinguisme et le multiculturalisme camerounais d’abord déniés par l’establishment mais finalement reconnus comme posant un  problème au sein de notre pays par le président de la république.

- Nous saisissons enfin l’occasion de la présente crise pour interpeller d’abord les autorités religieuses, toutes chapelles confondues ; ensuite toutes les populations de la partie francophone ; et enfin, les forces de sécurité et de défense nationales. Face au blocage radical du problème anglophone et face aux autres  périls de toute nature qui pèsent déjà et qui, demain, hypothèqueront davantage le destin de notre pays, nous demandons à tous et à chacun, de sortir de l’indifférence et de prendre toutes leurs responsabilités en s’impliquant, d’une manière ou d’une autre, dans la recherche des solutions les plus satisfaisantes aux
crises actuelles et futures.

Que Dieu bénisse le Cameroun !
Fait à Yaoundé, le 22 janvier 2017

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