Edéatechnopôle : 1000 emplois en fumée
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Le 16 mars 1981, une date pleine de mémoire. Ahmadou Ahidjo, premier Président du Cameroun procède à l’inauguration de la société Cellucam à Edéa. Mais quelques heures avant cette cérémonie, il inaugure la Maison du parti de l’Union nationale camerounaise (UNC, le parti unique qui deviendra plus tard le Rassemblement démocratique du peuple camerounais) dans la ville-lumière. Les nostalgiques du bon vieux temps à Edéa s’en souviennent encore comme si c’était hier. Dans son allocution, il rappelle combien il attache d’importance au développement industriel et agricole du département de la Sanaga-Maritime et plus généralement à celui du  Cameroun tout entier. 

Les communautés nationale et internationale voient dans la consécration de la Cellucam l’aboutissement d’un défi et la preuve que les unités industrielles d’une technicité grandeur nature sont susceptibles de s’implanter avec succès en Afrique. Avec un coût d’investissement de 120 milliards de F CFA et 1200 emplois directs, la cellulose camerounaise figure au nombre des projets les plus ambitieux et innovants montés au Cameroun. 

100.000 hectares sont mis à disposition par le Gouvernement de la République. Les dernières trouvailles de l’ingénierie industrielle sont mises en oeuvre par Voest Alpina, une société autrichienne dont la maîtrise technique est mondialement reconnue. Un appareillage de dernière génération est visible. Ce sont des engins Clark 668 et Brimont, des fendeuses, deux chaudières à bois Fama/ATF de 30t/h chacune, une chaudière d’appoint, des tambours écorceurs à sec, deux coupeuses 104-8 KN de 1000 kw chacune, quatre lessiveuses de 225 m3 (construction Voëst) chacune, des trieurs de noeuds, trois filtres laveurs, une batterie d’épuration de buchettes, un presse pâte Fampa (Pologne), des séchoirs Flörkt, des coupeuses, un évaporateur à 5 effets. Dans l’atelier d’électrolyse, il y a des cuves de mercure, de la soude caustique, du chlorate de sodium, du dioxyde de chlore. Le parc automobile est à perte de vue. La liste du matériel est loin d’être exhaustive. 

Mais quelques temps après le lancement de ses activités, la Cellucam montre déjà des signes d’essoufflement à cause entre  autres, dit-on, du contexte économique mondial n’étant pas favorable à la pâte à papier et à la grande explosion de mars 1982 ayant détruit une partie de l’usine. L’entreprise met la clé sous le paillasson pendant le printemps de 1984. Horst Melzer, le Directeur Général expatrié succombe d’un cancer le 9 juin 1984 à Linz en Autriche. Juillet 1986 l’entreprise est liquidée. Le processus de liquidation est clôturé le 28 février 2008. 

Le site est confié pour sécurisation à l’entreprise Matrix Engineering en juillet 2008. Toutefois, l’État du Cameroun tente de ressusciter le site en mettant sur pied la société Edeatech. La mission de cette nouvelle société est de construire un technopôle devant abriter les PME oeuvrant dans des secteurs aussi variés que la production de la biomasse, le traitement des eaux, la transformation du bois, la maintenance automobile, la location des engins ou dans la formation aux métiers du bois. Le DG est l’Italien Franco Mastrantonio et le PCA est Dieudonné Nzoke, l’actuel Délégué du Gouvernement auprès de la communauté urbaine d’Edéa. 

Cependant, depuis le transfert effectif du site de 36 hectares et des équipements de la défunte Cellucam à la société Edéatech le 29 juin 2010, le projet est à l’arrêt. En janvier 2014, une mission conduite par le ministre de l’Industrie, Emmanuel Bondé, effectue une descente sur le site. Un audit de la société Edéatech est prescrit. On envisage de relancer le projet mais la montagne accouche d’une souris. Les pilleurs sont passés par là. À cause de l’anomie à laquelle est en proie la société camerounaise et de l’inertie des pouvoirs publics, tout le matériel énuméré supra s’est volatilisé. 

Les présumés auteurs de ces actes de pillage ont été dénoncés par Adalbert Hiol, directeur de publication du journal Ades Infos. Ce dernier souligne dans son propre journal qu’à cause de ses articles il a été arrêté, torturé et jeté en prison à Edéa le 17 novembre 2016. Le 22 novembre 2016, il est élargi. Au-delà du cliché, force est de constater que l’abus d’autorité dont se rendent coupables certains fonctionnaires de la République est une doxa irréfragable communément admise au Cameroun. Sinon, comment comprendre la pertinence de l’arrestation et de l’embastillement dudit journaliste ! 

Dans son édition N° 91 du 1er décembre 2016, le même journal revient à la charge et accuse nommément les principales autorités de la ville comme étant les pilleurs de l’Ex-Cellucam. Cette affaire emballe actuellement toute la chronique et anime toutes sortes de commentaires dans les chaumières de la villelumière. 11 militaires sont actuellement incarcérés à la prison principale d’Edéa pour du menu fretin, nous a-t-on fait savoir. La procédure suit son cours au Tribunal de Grande Instance de la Sanaga Maritime. Votre journal va désormais s’intéresser à cette sulfureuse affaire qui sonne le glas des 1000 emplois naguère promis aux populations locales par le Chef de l’Etat Paul Biya.   

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